Comment la religion pourrait devenir un critère important dans l’investissement du futur

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Maxime Defays Journaliste

Investir dans des entreprises qui respectent les normes sociales, environnementales et de gouvernance n’est pas nouveau. Mais une autre tendance commence à émerger de plus en plus : celle de placer ses billes dans des sociétés en accord avec ses croyances religieuses. Les détails.

Samim Abedi a travaillé pendant un an et demi chez Google, dans le service investissement, et adorait manifestement ce qu’il y faisait, explique Bloomberg. Cependant, il ne parvenait pas à séparer son travail de sa foi religieuse. En tant que musulman, il s’inquiétait du fait d’investir dans des entreprises qui tiraient leurs revenus, par exemple, de la vente d’alcool, de tabac ou des jeux de hasard, contraires à ses convictions.

Il décide de quitter le géant américain pour se rendre dans la société de conseil américain Wahed Invest, qui a lancé depuis un an maintenant le premier ETF des Etats-Unis en accord avec les principes de la religion musulmane. La société explique qu’elle souhaite proposer aux investisseurs musulmans une “manière d’investir ses richesses en restant en accord avec son éthique”.

Des fonds de plus en plus nombreux

Alors qu’investir dans des entreprises qui respectent les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) est une pratique qui n’est pas nouvelle (on estime que les fonds totaux ESG ont doublé l’année dernière pour atteindre les 110 milliards de dollars), celle de placer son argent dans des sociétés en accord avec les principes de sa foi reste plutôt récente, et est en pleine expansion. Aux USA, 8 nouveaux fonds sont venus s’ajouter l’année dernière aux 3 déjà existants auparavant.

Au total, Bloomberg estime que ces fonds gèrent environ 2 milliards de dollars. En comparaison, l’ensemble des ETF s’élève à environ 6 billions de dollars. Pourtant, les fonds qui respectent l’éthique religieuse pourraient vraiment s’envoler les prochaines années car les spécialistes pensent que cette branche est encore aujourd’hui sous-exploitée. Plus de 3 millions de musulmans résident aux Etats-Unis, par exemple.

Comme le montre l’exemple de Samim Abedi, des fonds musulmans vont par exemple éviter d’investir dans entreprises qui tirent leur profit de la vente de tabac, de porc ou encore de jeux d’argent. De plus, comme le démontre korii, l’Islam aura tendance à réprouver les intérêts bancaires, considérés quelques fois comme une manière de faire fructifier son argent en désaccord avec les principes religieux.

Comment la religion pourrait devenir un critère important dans l'investissement du futur
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“Principes d’investissement socialement responsables”

Mais ces nouvelles pratiques ne sont pas uniquement l’apanage de l’Islam. Les fonds chrétiens eux aussi existent. Par exemple, la société d’investissement Global X, qui gère 11 milliards de dollars, va agrandir son fonds appelé Catholic Values. On explique que celui-ci suit en fait les principes de la Conférence des évêques catholiques américains nommés “Principes d’investissement socialement responsables”. Le fonds s’est vu renforcer en quatre années à peine de plus de 330 millions de dollars.

Par exemple, ce fonds rejette les investissements dans des entreprises liées de près ou de loin, par exemple, à l’avortement, aux armes chimiques, aux expériences sur les cellules souches ou encore à la pornographie. Par contre, Catholic Values n’a aucun problème avec le secteur de l’armement et signe des contrats avec l’armée, justement (jusqu’à 50%).

Mais comment définir des critères communs selon les religions ? Le débat est bien là. Ce qui est social et éthique pour les uns ne le sont pas obligatoirement pour les autres et les principes religieux sont encore plus complexes. Au sein-même des religions, notamment musulmane, tout le monde n’arrive pas à se mettre d’accord. Par exemple, il est totalement proscrit pour certains fonds religieux d’investir dans les armes, alors que d’autres n’y voient aucun inconvénient. D’autres investissement quand même dans Tesla, qui une importante dette qui produit des intérêts, contraires aux principes de l’Islam, comme énoncé précédemment.

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