Wouter Thierie (ING) : “C’est le moment d’acheter une maison”

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Hans Brockmans redacteur chez Trends

Le gel du marché immobilier va se poursuivre au cours des prochaines années, selon une étude d’ING Belgique. La banque s’attend à ce que les prix des logements baissent de 11 % (après inflation) en deux ans. Selon l’économiste Wouter Thierie, c’est le moment idéal pour acheter.

“Selon nos calculs, il y aura un gel des prix sur le marché du logement cette année”, prédit Wouter Thierie, économiste chez ING Belgique, sur la base d’une étude publiée par la banque. “D’après nos projections, les prix immobiliers belges resteront inférieurs à l’inflation pendant encore trois années consécutives et la correction réelle des prix immobiliers pourrait donc atteindre 11% entre 2022 et 2024”, prédit l’économiste Wouter Thierie. Il faudra probablement attendre 2025 pour que les prix des logements, en Belgique, augmentent à nouveau plus vite que l’inflation, prédit encore la banque (avec une baisse de 2,5 pour cent, l’inflation étant prévue par la Banque centrale européenne à 2 pour cent).

“Le facteur de la baisse des prix attendue est la forte hausse des taux d’intérêt l’année dernière, de 1,4 ils sont remontés à 3,4 pour cent”, a déclaré Thierie. “Cette hausse réduit de 15 à 20 % la capacité d’emprunt d’un ménage”. Cela pèse lourdement sur la demande de prêts hypothécaires, qui est actuellement à son plus bas niveau depuis plus de 16 ans. En fait, selon les chiffres de la Banque nationale de Belgique, le nombre de prêts hypothécaires accordés en janvier a chuté de 45% par rapport à l’année dernière.

Outre la hausse des taux d’intérêt, l’augmentation de la facture énergétique pèse également sur le budget des ménages. Thierie : “L’incertitude, due à la guerre en Ukraine, conduit également les familles à reporter l’achat d’un logement. Cela s’explique aussi par ce que les banques sont un peu plus prudentes et exigent une part plus importante de fonds propres lorsqu’elles autorisent un prêt hypothécaire.”

Toutefois, M. Thierie conseille de ne pas reporter cet achat trop longtemps. Après tout, il s’attend à ce que les taux d’intérêt augmentent encore cette année, rendant les emprunts encore plus chers. “Pour ceux qui ont de l’argent sur le compte d’épargne, c’est le moment idéal pour acheter un bien immobilier”, raisonne-t-il. “Après tout, sur le compte d’épargne, l’argent s’évapore à cause de l’inflation. De plus, les locataires louent doivent payer l’inflation par le biais de l’indexation.”

Un marché immobilier en ébullition

Dans l’ensemble, Thierie se dit satisfait de l’état du marché immobilier belge. “Il varie calmement et c’est une bonne chose, car les chocs et l’immobilier ne font jamais bon ménage”, note-t-il.

La baisse des prix attendue en Belgique reste cependant relativement modeste par rapport à certains pays voisins, analyse-t-elle. Aux Pays-Bas et en Allemagne, une baisse de 6 à 7% est attendue cette année, alors que les prix y avaient également baissé au cours du second semestre de 2022.

À la traine concernant la neutralité

La Belgique est par ailleurs à la traîne dans l’objectif de l’Union européenne d’atteindre la neutralité climatique. Le rythme des rénovations en Belgique devra en effet s’accélérer fortement pour atteindre un bilan neutre d’émissions d’ici 2050. Avec des émissions carbones presque deux fois plus élevées que la moyenne européenne, la Belgique est l’un des pays les moins performants en termes d’émissions de gaz à effet de serre du secteur résidentiel par personne.

   73% de la consommation d’énergie en Belgique est consacrée au chauffage des bâtiments, ce qui est nettement supérieur aux pays voisins et à la moyenne européenne. Pourtant, bien que les prix élevés de l’énergie aient considérablement réduit le temps de retour sur investissement des rénovations énergétiques et que des réglementations plus strictes soient en cours d’élaboration, de nombreux Belges semblent hésiter à s’attaquer à la rénovation énergétique de leur bien, constate ING. Une tendance confirmée par le rythme des éco-rénovations, qui a ralenti au cours de l’année écoulée après s’être accéléré pendant la pandémie.

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