Un Belge sur cinq n’alimente plus sa tirelire

Depuis la crise, la plupart des Belges privilégient les placements sans risque, livret d’épargne en tête, thésaurisent moins et dépensent autrement. Ils attendent de leurs banques – oui, beaucoup ont compris qu’il vaut mieux répartir ses avoirs entre plusieurs banques – qu’elles soient proactives et plus transparentes. Tels sont les principaux constats issus de l’enquête de Roularta, menée en collaboration avec Centea/Crédit Agricole le mois dernier auprès de 3500 internautes. Analyse.

L’enquête a notamment permis d’expliquer pourquoi le Belge, pourtant mécontent du rendement chiche qu’offrent la grande majorité des livrets d’épargne, continue d’y recourir massivement (selon la Banque nationale, pas moins de 230 milliards d’euros y étaient stockés en septembre !).

Pourquoi cet engouement pour le compte d’épargne ?

Tout d’abord, la crise bancaire incite désormais les épargnants à la plus grande prudence. Nombre d’entre eux ont perdu énormément d’argent ces dernières années après avoir effectué des placements à risque (actions, fonds d’actions, produits structurés…). En quête de sécurité, ils optent pour des placements sans risque : 78% des personnes interrogées ont choisi le compte d’épargne.

Le manque de choix est un deuxième motif avancé. Le raisonnement partagé par de nombreux épargnants est qu’il n’existe rien d’autre qui combine rendement et liquidité ; le compte d’épargne présente malgré tout l’avantage de ne rien coûter, l’argent est toujours disponible et dans le pire des cas, l’épargnant qui retire des fonds dans l’année perd une partie de sa prime de fidélité.

Enfin, le compte d’épargne est fiscalement plus avantageux que les autres produits de placement. La première tranche de 1830 euros d’intérêts y est exonérée de précompte mobilier – exonération que le gouvernement envisage toutefois de supprimer. De même, les assurances de la branche 21 et les fonds de capitalisation ont attiré davantage d’argent frais cette année parce qu’ils échappent à l’augmentation du précompte mobilier.

L’investissement dans la brique n’est pas écarté. Il reste envisagé dans le cas où une opportunité se présenterait. Car s’ils disposaient demain de 100.000 euros, c’est pour cette forme de placement que 39% des participants opteraient.

Dépenses et épargne en temps de crise

Depuis la crise économique, le Belge économise moins. L’enquête révèle qu’une personne sur cinq ne parvient plus à épargner. Parmi les autres, 32% épargnent mensuellement de 100 à 300 euros. Enfin, 60% des épargnants thésaurisent moins aujourd’hui qu’il y a un an.

Quant au bas de laine, il est destiné, pour 57% des épargnants, à faire face à un éventuel coup dur. Ce sont principalement les 45-55 ans qui économisent en vue de conserver leur niveau de vie après le départ à la retraite.

Et comment le Belge dépense-t-il à présent ? Sans grande surprise, il met moins la main au portefeuille. C’est en tout cas le comportement qu’ont adopté depuis quelques mois 60% des personnes interrogées. Pour elles, l’achat de vêtements moins onéreux devient légion, les sorties au restaurant se raréfient, le budget vacances a diminué. Les dépenses en faveur de l’énergie, des hobbies et des cadeaux ont elles aussi baissé de manière générale.

La relation du Belge avec sa banque

Deux tiers des participants à l’enquête ont indiqué avoir éparpillé leurs avoirs entre plusieurs enseignes. Précaution indispensable car en cas de faillite d’une banque, le Fonds de protection des dépôts et instruments financiers interviendrait jusqu’à concurrence de 100.000 euros par épargnant et par banque.

Pour ce qui concerne les qualités que doit avoir une banque, une majorité de Belges ont évoqué la proactivité et la transparence. A leur estime, il est grand temps que la banque fasse preuve de clarté à propos des rendements et des frais. En outre, disent-ils, c’est le rôle du banquier d’informer spontanément le client sur tous les moyens de faire fructifier son argent.

Mais en parallèle, l’épargnant ne devrait-il pas, lui aussi, fournir quelques efforts ? Dans son article “L’argent des Belges”, J. STEENACKERS pointe du doigt le problème de l’illettrisme financier du Belge. Pour des conseils et autres informations utiles sur la protection de l’épargne, lire Trends-Tendances n°46 de ce 15 novembre, rubrique MoneyTalk.

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