Soignies, un potentiel immobilier enfin exploité
Les projets d’envergure se multiplient à Soignies. L’entité possède de nombreux atouts qui attirent les Bruxellois et Brabançons en quête de logements spacieux et abordables. L’ambition locale est désormais de réhabiliter ses chancres et d’éviter l’urbanisation dans les villages.
D’un revers de la main, Donato Fascella balaye le vaste terrain qui verra se construire d’ici quelques mois un ensemble de quatre immeubles comprenant 14 appartements. Un projet parmi tant d’autres dans la longue liste de développements immobiliers que compte désormais Soignies. Une entité au riche passé qui tente plus que jamais de s’inscrire en lettres grasses sur la carte immobilière du Hainaut.
Parmi les projets, il y a notamment celui-ci, situé sur la gauche de la chaussée d’Enghien. Avec des champs à perte de vue et, au loin, la nouvelle route de contournement de Soignies de même que l’un de ses deux zonings. “Nous sommes situés ici dans une des nouvelles entrées de ville de Soignies, pointe l’administrateur délégué du promoteur STD, qui commercialise 70 à 80 appartements par an dans toute la Wallonie. Le contournement a offert de nouvelles possibilités en termes de développement immobilier. Nous en profitons pour y proposer des appartements spacieux à des habitants qui souhaitent vivre dans un cadre de vie agréable et aéré. Et ils sont de plus en plus nombreux dans la commune.”
La chaussée d’Enghien, devenue propriété communale, sera entièrement retravaillée pour diminuer l’intensité du trafic. De quoi permettre à ses nouveaux habitants de profiter d’un cadre de vie plus apaisé. Le promoteur envisage également un second projet immobilier juste en face, toujours le long de la chaussée. De quoi démontrer sa confiance dans le marché local.
Soignies est une ville bourgeoise qui a vécu pendant de nombreuses années sur les rentrées économiques liées à la pierre bleue.” – Mathieu Malvaux (Redium)
Il faut dire que la dynamique immobilière est particulièrement importante à Soignies ces dernières années. “C’est une ville bourgeoise qui a vécu pendant de nombreuses années sur les rentrées économiques liées à la pierre bleue, explique Mathieu Malvaux, directeur général du consultant en immobilier Redium et qui connaît très bien le marché local. Elle dispose aujourd’hui de nombreux atouts qui doivent contribuer à son développement immobilier: des équipements de qualité, un accès aisé en transports en commun, une volonté politique de développer l’entité de même qu’une demande élevée de nouveaux acquéreurs. Ce qui explique notamment la multitude de projets immobiliers que l’on retrouve aux quatre coins de l’entité.”
Près de 1.000 habitants en plus d’ici cinq ans
Si le prix des maisons a particulièrement grimpé ces dernières années, c’est principalement lié à une attractivité élevée, avec une gare qui déverse ses habitants en 26 minutes à Bruxelles-Midi, à un centre-ville rénové (arrosé de pierre bleue locale), un hôpital et une multitude de services et d’équipements. Ce qui n’est pas négligeable pour une ville de plus de 28.000 habitants.
“Notre grand combat est de ne pas devenir une ville-dortoir, confie la bourgmestre Fabienne Winckel. Soignies connaît un développement important mais il doit être encadré. Nous souhaitons que les nouveaux habitants s’intègrent à la vie communale. Si on parle régulièrement de nos projets immobiliers, il faut toutefois relativiser. La population a augmenté de 1.000 habitants entre 2008 et 2018. La croissance sera similaire d’ici 2028. Le développement immobilier est bien cadré, avec des charges d’urbanisme (60 euros TVAC/m2, Ndlr) qui permettent de financer les besoins de la population, que ce soit des crèches, espaces de jeu, espaces verts ou autres.”
La Nivelles du Hainaut
Quand on jette un œil sur les projets immobiliers en cours de développement, deux sortent du lot: Les Aulnées (Delzelle) et Arborescence (Aboreal). Le premier est situé le long de la ligne de chemin de fer, dans le prolongement du centre commercial Les Archers. Il comprendra, à terme, 564 logements, dont une soixantaine de maisons, et plus de 567 places de stationnement. La construction est déjà bien entamée avec trois immeubles sortis de terre. La commercialisation est en cours. Pour ce qui est du projet Arborescence, il s’agit de la transformation de l’ancien site industriel Technigum. Le projet, situé à proximité du centre de Soignies, comprendra 160 appartements répartis dans sept immeubles. Une place piétonne et des espaces verts sont prévus. Quatre immeubles sont déjà terminés. On y retrouve une architecture relativement intéressante, plus recherchée en tout cas que l’ensemble de maisons neuves du quartier Héris qui jouxte le site et qui sont développées par K&W.
“Soignies est une commune intéressante car il est possible d’y développer des projets d’une certaine ampleur qui peuvent avoir un véritable impact sur la ville, confie Bernard Jacquet, CEO du promoteur immobilier Aboreal. Nous développons ici un mini-quartier qui s’inscrit dans une logique de revitalisation urbaine. Je considère que Soignies est en quelque sorte la Nivelles du Hainaut. Soit une ville au caractère historique fort, avec de nombreux commerces, et qui dispose d’un important potentiel. Pour le reste, parmi les particularités locales, notons que les acquéreurs achètent très peu sur plan mais préfèrent attendre que la construction du bâtiment soit bien avancée voire terminée. C’est un changement par rapport à d’autres villes ou provinces. Cela ne change rien, sauf en ce qui concerne nos risques financiers…”
Parmi les autres projets en cours, citons le Moulin de Beaurepaire, La Meunerie (Feeling Green sur le site de l’ancien Delhaize) ou encore le quartier du Tour (Matexi). “La Meunerie est un projet que nous saluons car il incarne bien notre politique qui est désormais de favoriser les réhabilitations de chancres situés dans le centre-ville et de ne plus favoriser l’urbanisation dans les villages, précise Fabienne Winckel. Nous disposons d’une population vieillissante qui émet le souhait de venir vivre en ville, à proximité des services et des commerces. Il faut donc leur offrir la possibilité de déménager dans des logements de qualité et relativement abordables. Cela concerne également les jeunes, qui veulent vivre en ville et à proximité de la gare. On constate un vrai changement des mentalités sur ce point. Nous souhaitons aussi que des projets à taille humaine se développent, de manière à garder les Sonégiens et leurs enfants dans la commune.”
L’attractivité de Soignies repose sur une gare qui déverse ses habitants en 26 minutes à Bruxelles-Midi, un centre-ville rénové, un hôpital et une multitude de services et d’équipements.
Les maisons attirent toujours
Si l’offre d’appartements neufs semble suivre un rythme élevé, les acquéreurs lèvent toutefois quelque peu le pied ces derniers mois, le temps de digérer le nouveau contexte économique. “On observe en effet un net ralentissement des transactions ces derniers mois, pointe le notaire Bruno Pirard. Mais il faut préciser que nous comparons l’activité de cette année à celles de 2021 et 2022 qui ont été très dynamiques. Les prix sont toutefois restés stables. Les habitants restent attachés à l’idée d’acheter ou de faire construire leur maison mais ils ne veulent plus s’occuper de parcelles de 20 ares et lorgnent des terrains de 5 à 6 ares parce qu’ils n’ont plus l’envie de consacrer beaucoup au jardin qui est souvent une contrainte. Les appartements ont moins la cote. Les neufs sont surtout l’apanage des investisseurs. Il y a désormais une offre conséquente qui n’existait pas auparavant. Même si je me demande quand même comment le marché va pouvoir digérer tout cela. Le schéma classique des personnes âgées qui quittent leur maison pour déménager vers un appartement est également très en vogue. Nous avons aussi beaucoup de Bruxellois qui ne peuvent plus se loger dans la capitale et migrent vers Soignies où ils peuvent disposer d’une maison bien plus spacieuse, tout en étant à moins de 30 minutes de la gare du Midi. Pour le reste, il y a encore des possibilités de développement dans la commune, notamment quelques ZACC (zone d’aménagement communal concerté, Ndlr). Par exemple le long de la chaussée de Lessines, même s’il n’y a pas de volonté de la commune de la mettre en œuvre.” Un constat en effet partagé par la bourgmestre: “Près de 80% de notre territoire est en zone rurale. Nous disposons encore de nombreuses ZACC mais notre volonté n’est vraiment pas de les activer. Nous les avons priorisés en ordre d’importance”.
Reste enfin le dernier gros dossier: la réhabilitation du site de Durobor, le gobeleterie tombée en faillite en 2019. L’idée est de garder la vocation économique de ce site de 10 ha. Un master plan va être élaboré. Une dépollution sera nécessaire, avant de voir émerger un projet qui permettra d’être créateur d’emplois. “Sa transformation sera un élément important pour notre commune, fait remarquer Fabienne Winckel. Nous serons attentifs à y développer un projet cohérent avec nos ambitions.”
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