Sans panneaux solaires, une pompe à chaleur n’est pas du tout rentable
Interpellant. Alors que l’on se dirige vers la fin des chaudières au mazout et au gaz pour les nouvelles installations, les pompes à chaleur sont loin d’être rentables, a calculé la Creg.
Cette étude de la Creg est pour le moins exhaustive. Elle compare le coût du chauffage issu d’une pompe à chaleur air-eau à celui d’une chaudière fossile au gaz ou au mazout. Les prix étudiés couvrent la période qui va de 2018 à 2024, soit avant, pendant et après les fortes variations de la crise énergétique.
Cette étude tient compte de l’investissement de départ, du coût de maintenance, de la TVA, et bien sûr, du coût de l’énergie. À titre d’exemple, une pompe à chaleur coûte entre 7.500 et 15.000 euros, pour les plus imposantes, alors qu’une chaudière au gaz vaut entre 500 et 6.000 euros. La Creg a également pris en considération la Région (Wallonie, Bruxelles et Flandre), le type de bien et les tranches de revenus. Trois éléments qui déterminent d’éventuelles primes.
Seul bémol, l’étude ne prend pas en compte la production de panneaux solaires, qui fera l’objet d’une prochaine étude. Mais la conclusion n’en reste pas moins édifiante : pour être rentable, une pompe à chaleur devrait bénéficier d’une électricité maximum 2,06 fois plus chère que le gaz et 2,58 fois plus chère que le mazout. Or, sur la période étudiée, l’électricité a été entre 3,6 et 6 fois plus chère que le gaz et le mazout. L’électricité a donc été deux à trois fois trop chère pour rentabiliser une pompe à chaleur. Par ailleurs, il ressort qu’un poêle à pellets ne fait pas le poids non plus.
Le 12 juillet, la Creg publiera ses recommandations.
Crédit : Creg.
Perte de vitesse
Les ventes des pompes à chaleur sont en perte de vitesse. Selon Christophe Leroy, CEO de Viessmann Belgique, interrogé par La Libre la semaine dernière, les Belges n’ont installé que 11.000 pompes à chaleur sur les 5 premiers mois de l’année, c‘est 50% de moins que l’année dernière. La crise du gaz était encore dans toutes les têtes. Depuis janvier, le prix du TTF néerlandais, l’indice de référence en Europe, oscille autour de 30 euros. En août 2022, il était monté à 300 euros/MWh. Le prix du baril de Brent est lui à son plus haut niveau depuis le mois d’avril, à 86 dollars, mais il reste loin des 120 dollars de 2022.
Le patron de Viessmann plaide pour que les prochains gouvernements baissent les accises sur l’électricité. Le problème est que cela créerait un nouveau trou pour les finances publiques, déjà fortement plombées. La hausse des accises sur le mazout et le gaz, pour compenser, serait aussi efficace qu’impopulaire. On voit mal les nouvelles majorités se lancer avec une telle mesure.
Vers une interdiction
En Région wallonne, pour les bâtiments neufs, l’installation d’une chaudière à mazout (et au charbon) sera interdite au 1ᵉʳ mars 2025. Pour les bâtiments existants faisant l’objet d’une rénovation, les chaudières au mazout seront également interdites, mais à une date qui reste encore indéterminée. “Au plus tard au 1er janvier 2026”, a précisé le gouvernement sortant. Le SPW estime qu’il y a environ 687 500 chaudières au mazout en Wallonie (environ 1 ménage sur 2).
À Bruxelles, l’installation d’une chaudière à mazout sera bannie à partir du 1er juin 2025, dans du neuf ou du rénové. Et on se dirige vers une interdiction de l’usage dès 2030 pour le secteur public et 2035 pour les autres. Pour les chaudières au gaz, elles seront bannies dans les nouvelles constructions à partir du 1er janvier 2025. Pour les rénovations, elles pourront perdurer jusqu’au 1er janvier 2030.
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