Rénover en Flandre: des conseils techniques gratuits

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En matière de rénovation, comment choisir la bonne technique à mettre en œuvre ? Un dédale dans lequel la Flandre propose de guider gratuitement les propriétaires de logements.

Novice en politique, Melissa Depraetere, ministre nouvellement en charge de l’Habitat, se débrouille déjà comme une chevronnée en matière de communication. Son annonce d’un accompagnement gratuit pour des rénovations personnalisées de logements fait actuellement la une des journaux…

Alors qu’il s’agit en réalité de la poursuite d’un projet lancé sous le gouvernement précédent et que la gratuité annoncée reste – sur le site officiel en tout cas – soumise à un plafond de revenus (par exemple, 79.680 euros pour un couple sans enfant ou un isolé avec une personne à charge). Pour en bénéficier, il suffit d’être propriétaire et domicilié en Flandre. Les associations de copropriétaires pourront également y faire appel pour les parties communes de leur immeuble.

En 2023, la Flandre avait rendu obligatoire, en cas de transfert de propriété, la rénovation endéans les cinq ans de tout logement détenteur d’un label énergétique E ou F. Un tantinet irréaliste, cette exigence vient d’être revue à la baisse. Depuis le 1er janvier de cette année, le label D est la norme unique à atteindre et le délai pour y parvenir a été porté de cinq à six ans. Les exigences plus sévères pour les années futures ont également été adoucies. Rénover étant techniquement loin d’être simple, le gouvernement flamand avait imaginé, en 2023 déjà, un système d’accompagnement baptisé Mijn Verbouwbegeleiding (MVB).

Plus-value ou “gifle” ?

Les retards s’accumulant, la ministre Zuhal Demir obtenait en mai dernier un budget de 16,8 millions d’euros pour financer jusqu’à fin 2026 quelque 14.000 MVB. Dans un souci de rationalisation, toute question relative aux économies d’énergie, travaux de rénovation ou énergies renouvelables sont depuis un moment déjà centralisées au sein des Maisons de l’énergie (Energiehuizen). S’adresser directement à un entrepreneur coûte souvent fort cher, explique la ministre à l’appui de sa mesure.

La Flandre ne compte que 20 Energiehuizen inégalement réparties sur son territoire. De sérieux embouteillages sont dès lors à prévoir.

Une assertion que les indépendants et PME de la construction regroupés au sein de Bouwunie ont ressenti comme “une gifle”. Plutôt que d’investir dans le conseil, la Flandre ferait mieux d’augmenter son intervention financière dans le coût des travaux, estime cette association. Embuild Vlaanderen, l’ancienne Confédération, y voit au contraire une plus-value pour les entrepreneurs face à des particuliers qui sauront désormais exactement quels travaux effectuer. Ils économiseront ainsi, analyse-t-elle, “du temps et du travail qu’ils ne pourront quand même pas facturer”.

Se sentant tenus à l’écart, les architectes demandent à être davantage impliqués, et cela d’autant plus que la plupart des travaux projetés nécessiteront un permis, et donc l’intervention d’un architecte. Reste la question des moyens humains. Les accompagnateurs, c’est promis, se rendront sur place. Mais la Flandre ne compte que 20 Energiehuizen inégalement réparties sur son territoire. La province de Limbourg, par exemple, n’en abrite qu’une seule. De sérieux embouteillages sont dès lors à prévoir.

Guillaume Capron

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