Namur veut favoriser l’économie collaborative et “Trakk” les créatifs de demain

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L’écosystème numérique namurois comptera un nouvel élément le 1er décembre. Trakk, le hub créatif local, prendra son véritable départ en s’installant dans un nouveau bâtiment qui doit faire office de lieu de rassemblement pour une communauté avide d’innovations. Start-up, “fablab” et coworking sont au programme. Un espace qui se veut novateur à l’échelle wallonne.

Les basketteurs qui y alignaient il y a encore quelques années les paniers à trois points et autres lay-up en seraient tombés du banc de touche. Difficile de reconnaître aujourd’hui l’ancien hall omnisport de l’Université de Namur construit par l’architecte Roger Bastin quand on se balade sur le chantier du futur hub créatif namurois Trakk. Seules les quelques coursives qui ont été maintenues permettent de se rappeler qu’il fut un temps où les supporters locaux haranguaient leurs protégés du haut de la salle. ” Pour le clin d’oeil et le souvenir, j’aurais souhaité garder le tableau d’affichage mais il a été jeté par les ouvriers “, regrette Elisabeth Bois d’Enghien, l’une des pilotes du projet Trakk.

Trakk doit permettre de retenir les entrepreneurs namurois et éviter qu’ils partent à Louvain-la-Neuve, Bruxelles ou Liège.

D’ici la mi-novembre, elle investira – en compagnie des 13 autres membres de l’équipe – ce nouveau bâtiment qui aura pour mission de bousculer la vie locale et d’en faire le moteur de l’entrepreneuriat créatif de la région. Un lieu qui se veut un modèle collaboratif d’innovation. Et dont le déménagement, après cinq ans de préparatifs, de tests et d’incubation, doit lui permettre de prendre une nouvelle dimension. ” Dès son ouverture le 1er décembre, Trakk aura pour ambition de favoriser l’émergence créative namuroise, explique le directeur du BEP, Renaud Degueldre, l’un des partenaires du projet. Il s’inscrit dans une vision plus large de dynamisation de l’écosystème numérique local auquel on peut associer l’Espace Confluence, le Kikk Festival, le Delta ou encore le Pavillon urbain. Nous avons aujourd’hui à Namur une concentration suffisante d’entrepreneurs et de start-up que nous voulons accompagner dans leur développement. Et d’autres surtout que nous voulons voir émerger. Nos études démontrent que la demande est bien présente. Il est temps de passer à l’action. ”

Annick Castiaux, rectrice de l'université de Namur:
Annick Castiaux, rectrice de l’université de Namur: “Trakk doit clairement avoir un impact sur le tissu entrepreneurial de la région.”© PHOTOS : PG

Faire émerger l’intelligence créative

Trakk est en fait le fruit d’un partenariat lancé en 2014 entre le BEP (Bureau économique de la province), le KIKK Festival (ASBL qui promeut les cultures numériques et créatives) et l’Université de Namur. L’idée de trouver un bâtiment en centre-ville qui puisse faire office de phare dans le paysage namurois s’est tout de suite dégagée. Elle s’est concrétisée par le biais d’un subside du Fonds européen de développement régional qui lui a permis de boucler le budget de 5,6 millions. Sur les 2.600 m2 répartis sur trois niveaux, on retrouvera 16 bureaux pour start-up, un espace de coworking de 80 places, un fablab de 300 m2, des studios, une estrade destinée aux conférences et différentes salles de réunion ou d’animation. ” Nous avons souhaité en faire un lieu ouvert et non un simple espace de bureaux, lance la vice-rectrice de l’Université de Namur, Annick Castiaux, qui espère y favoriser les passerelles entre étudiants et le monde entrepreneurial. On y retrouvera donc différentes fonctions qui devront permettre de faire émerger l’intelligence créative. Un lieu physique dans lequel des énergies différentes vont se connecter. ”

Ce sont les bureaux L’Atelier de l’Arbre d’Or, RM Architecte et Level Studio qui ont dessiné ce bâtiment. Si l’enveloppe a été maintenue, la hauteur des plafonds (huit mètres) de cet ancien hall sportif a été divisée en deux niveaux et un troisième a été ajouté. Il en ressort un ensemble particulièrement lumineux, où les ouvertures sont nombreuses et où trois terrasses donnent directement sur la Sambre. ” Je n’ai pas peur de le dire, ce lieu est véritablement unique en Belgique, fait remarquer Gilles Bazelaire, directeur du KIKK. C’est le seul endroit où autant de fonctions sont rassemblées. Pour imaginer cet espace, nous nous sommes beaucoup inspirés de ce qui est mis en place en France. Trakk doit challenger, accélérer la créativité et rendre possible ce qui ne l’est pas au départ. Il doit aussi, et surtout, permettre de retenir les entrepreneurs namurois et éviter qu’ils partent à Louvain-la-Neuve, Bruxelles ou Liège, comme c’est le cas jusqu’à présent. Les trois quarts partent en effet voir ailleurs. Ce défi est en tout cas très excitant. ”

Renaud Degueldre, partenaire du projet Trakk:
Renaud Degueldre, partenaire du projet Trakk: “Nous voulons vraiment avoir un impact sociétal. Nous serons bien plus qu’un centre d’entreprises.”© PHOTOS : PG

L’envol du mini-Trakk

Ce hub créatif sera centré sur les entreprises issues des industries culturelles et créatives. Elles seront théoriquement actives dans la communication digitale, l’architecture, les objets connectés, le Web ou encore les installations interactives. L’idée est également de créer une dynamique entrepreneuriale pour les étudiants. Un incubateur leur sera dédié. ” Trakk doit clairement avoir un impact sur le tissu entrepreneurial de la région, fait remarquer Annick Castiaux. Cela doit être un lieu de croisement. L’université pourra en profiter en lançant également des études sur les différentes dynamiques qui vont apparaître, de même que sur les motivations entrepreneuriales, le leadership ou encore l’économie collaborative. ”

Ce nouveau bâtiment fait office de grand départ pour une structure qui est déjà en phase de réflexion et de préparation depuis quelque temps. ” Depuis cinq ans, nous animons déjà un mini-Trakk dans une maison de maître de l’avenue Reine Astrid, à 100 mètres du futur bâtiment, explique Laura Latour, chargée de projet au Trakk. Cela nous a permis de constituer une communauté de membres, de tester de nombreuses choses, comme l’organisation de conférences ou la tenue d’événements en tous genres. L’engouement est vraiment présent. Cinq start-up travaillent déjà en nos bureaux : Kingsize (agence de communication digitale), Spade (agence web), Level Studio (studio d’architecture), Skalup (logiciels d’aide à la décision via AI) et Technobel (centre de compétences en TIC). Le fablab, qui est une sorte de laboratoire de fabrication où toute personne peut venir expérimenter, apprendre ou fabriquer par elle-même tous types d’objets, a déjà accueilli près de 200 utilisateurs. Bref, une dynamique est déjà en cours. Ce sera un vrai laboratoire des possibles où l’idée de faire naître des synergies gagnantes ne sera pas un vain mot. ”

Ce projet s’inscrit en tout cas dans le long terme. Si les comptes doivent bien évidemment viser l’équilibre, la rentabilité des lieux ne sera toutefois pas la priorité principale. ” Nous avons une capacité d’attente raisonnable, le temps que ce projet se mette en place, confie Renaud Degueldre. Il ne s’agit pas d’une idée en l’air. Nous voulons vraiment avoir un impact sociétal. Nous serons bien plus qu’un centre d’entreprises. D’ailleurs, pour obtenir un bureau, une start-up devra rentrer un dossier et nous analyserons ensuite si elle s’insère dans notre projet et si elle peut amener une plus-value à notre communauté. Pas question de remplir cet espace n’importe comment. La qualité primera. ”

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