L’impact (positif) du réchauffement climatique sur la construction
Avec des hivers moins rigoureux, les entreprises du secteur de la construction doivent moins souvent arrêter leurs activités. Et les étés plus chauds n’ont qu’un impact marginal sur les activités. C’est surtout perceptible dans des pays comme la Belgique.
Une “bonne” nouvelle pour ceux qui veulent construire : avec le réchauffement climatique, les chantiers vont prendre de moins en moins de temps,car il y a moins d’interruptions pour cause de froid, neige, gel et autres intempéries. C’est ce qu’a calculé la banque ING dans un rapport.
“Au cours des 25 dernières années, les entrepreneurs ont été moins nombreux à mentionner que leurs activités hivernales étaient limitées par les conditions météorologiques. En 1991, près de 50% des entrepreneurs de l’UE ont déclaré que leurs activités étaient limitées en raison du mauvais temps en janvier et février. Cette proportion a progressivement diminué pour atteindre moins de 20 % au cours de ces mois d’hiver en 2024”, écrivent les analystes.
Et d’en déduire : “Nous constatons donc une nette diminution des problèmes liés aux conditions météorologiques hivernales dans le secteur de la construction, qui pourrait être attribuée à la hausse des températures.”
Et en été ?
Les températures augmentent donc en hiver… mais aussi en été. Or, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’y aurait pas de hausse importante des interruptions pour cause de températures caniculaires, par exemple. Il y a certes une hausse, mais elle est très légère.
“Les conditions estivales deviennent à peine plus problématiques. En 1991, moins de 2 % des entrepreneurs de l’UE se sont plaints des conditions météorologiques. Ces chiffres ont lentement augmenté pour atteindre 4,6 % en 2023. Ainsi, même si cela reste marginal, les entrepreneurs sont plus nombreux à rencontrer des problèmes liés aux conditions météorologiques en été”, poursuit la banque.
La sécheresse contribue à l’interruptions des activités. Les matériaux sont souvent transportés par bateaux, mais le niveau des fleuves baisse et les approvisionnements sont ralentis ou carrément suspendus. La circulation sur le Rhin, artère commerciale de l’Europe, était par exemple fortement réduite ces deux derniers étés.
Belgique : parmi les pays les plus impactés
Il y a des différences parmi les pays, notent aussi les analystes. On pourrait imaginer que les pays nordiques sont les plus impactés par des interruptions pour cause de froid, mais ce n’est pas le cas. Les entreprises sont généralement mieux équipées, avec du matériel spécifique, car les hivers sont plus longs et rigoureux. Elles planifient aussi leur calendrier différemment, et font une partie des travaux, comme des assemblages, en intérieur.
Curieusement, c’est l’Europe occidentale qui est le plus impactée par la météo. “Les entrepreneurs allemands, belges et néerlandais indiquent que leurs activités sont le plus souvent entravées par les conditions météorologiques hivernales. Ils se préparent probablement moins bien au gel que leurs homologues d’Europe du Nord”, décrit la banque. C’est donc logiquement dans ces pays-là que l’impact d’hivers plus doux est le plus important. En Belgique par exemple, dans les années 90, environ 35% des entreprises devaient limiter leurs activités en hiver. Dans les années 2014 à 2024, elles ne sont plus que 15% environ.
Pour le temps chaud, les pays chauds (comme l’Espagne) sont aussi ceux où il y a le moins d’interruptions, car elles sont le mieux adaptées. C’est encore les entreprises de construction belges et allemandes qui doivent le plus souvent mettre leurs activités sur pause. Les interruptions en Allemagne augmentent le plus rapidement. En Belgique, elles sont moins élevées dans les années 2014 à 2024 que dans les années 90, mais plus élevées qu’en 2003-2013.
La hausse des températures a un impact positif donc, sur le secteur de la construction. Dans d’autres secteurs aussi, on peut parler d’impact positif : la viticulture belge, qui prospèrerait sous un climat plus doux, par exemple. Mais ces éléments sont assez isolés parmi la myriade d’impacts négatifs causés par le dérèglement climatique : extinction de masse des espèces, montée des niveaux de la mer, catastrophes climatiques de plus en plus extrêmes…
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