Les prix des panneaux solaires sont en chute libre : faut-il en profiter ?
Après une année 2023 record en Wallonie, l’année 2024 s’annonce plus compliquée pour les panneaux photovoltaïques. Le secteur s’attend à un ralentissement du nombre de commandes. Pourtant, l’inflation de ces dernières années est derrière nous.
Une année record pour le sud du pays. En 2023, 50.000 Wallons ont décidé d’installer des panneaux photovoltaïques sur leur toit. Un record absolu. La fin annoncée du compteur qui tourne à l’envers au 1er janvier 2024 a servi d’appel d’air. En tout, 300.000 foyers wallons disposent de panneaux photovoltaïques contre seulement 8.000 foyers bruxellois.
En plus de ce couperet, la hausse des prix de l’énergie en 2022 aura fait le reste. L’année 2023 a été un véritable embouteillage : trouver un installateur de panneaux solaires dans un délai raisonnable était un réel défi. En ce début 2024, la demande a diminué. Le secteur craint même un fort ralentissement et appelle à de nouvelles mesures pour stimuler le marché.
Des objectifs pas atteints
Edora, la fédération des entreprises liées à la transition énergétique, estime que des incitants (voire des obligations) sont nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par nos gouvernements. C’est urgent à Bruxelles, mais aussi en Wallonie, qui, malgré le record de l’année 2023, “n’a pas encore rattrapé son retard au regard des objectifs fixés dans le cadre du Plan National Energie Climat (PNEC)”, à savoir 14,8 GWc (Gigawatt-crête) pour 2030. Pour les atteindre, il faudrait une installation annuelle de l’ordre de 500 MWc en moyenne. Au sud du pays, on était à 426 MWc en 2023 et seulement 245 MWc en 2022.
Selon la fédération, les principaux efforts devraient être fournis par le secteur non-résidentiel. On pense aux toitures des centres commerciaux, aux zones industrielles et aux parkings bien orientés. Actuellement, le cadre d’investissement n’est pas très favorable, voire brouillon, estime Edora.
L’autre grand chantier, surtout du côté wallon, c’est le déploiement d’un réseau suffisamment solide pour éviter les décrochages des onduleurs.
Chute des prix des panneaux solaires
Le marché pourrait être stimulé par la forte baisse des prix des panneaux solaires. Selon, Luc Demeyere, PDG du courtier en énergie et spécialiste des panneaux solaires Enbro/Earth, interrogé par De Tijd, les prix n’ont jamais été aussi bas. Les prix ont baissé de 20 à 25% par rapport à l’été dernier.
Cela concerne essentiellement les panneaux solaires chinois. En effet, la Chine a stimulé la construction de panneaux solaires ces dernières années, mais en raison de la faiblesse de l’économie, les producteurs de photovoltaïque n’ont pu écouler leurs stocks sur le marché local. Ce qui fait que leur production inonde actuellement le marché européen. En plus de l’effet mécanique de l’offre et de la demande, le prix du transport maritime explique aussi la chute des prix. « Le coût du transport d’un conteneur de 40 pieds représente un tiers de son prix en 2022 », indique Demeyere.
Concrètement, le coût du Wc s’élève pour le moment à 1,20 euro. Pour une installation de 16 panneaux d’une capacité de 430 Wc chacun, cela représente un prix d’achat total de 8.256 euros, contre 10.664 euros. Soit une différence de plus de 2.000 euros pour une installation complète. De quoi compenser la perte de rentabilité liée à la baisse des prix de l’énergie et la fin du compteur qui tourne à l’envers.
Une bonne nouvelle pour les consommateurs, donc. Une moins bonne pour les constructeurs de panneaux solaires européens. Le fabricant wallon Belga Solar, situé à Baillonville, près de Marche-en-Famenne, voit ses panneaux être fortement concurrencés. En novembre dernier, ses patrons, Sébastien Mahieu et Frédéric Conrads, appelaient l’Europe à se réveiller pour soutenir le secteur. Pour rivaliser, ils misent sur la qualité de leurs panneaux solaires.
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