Le secteur de la construction, bientôt en contraction ?
Le secteur de la construction est sous le feu des projecteurs ces derniers temps en raison de conditions économiques qui lui sont défavorables. Où en est la situation, et à quoi faut-il s’attendre pour les mois à venir ? Une légère contraction serait possible, l’année prochaine.
La construction est dans la tourmente. Elle est prise dans une tempête de hausse des taux d’intérêts et de hausse des prix des matières premières depuis la pandémie et la guerre en Ukraine. De l’autre côté du marché immobilier, le prix des maisons plus anciennes baisse. Résultat : la demande est en chute, et l’activité des entreprises européennes de la construction est menacée.
La casse est limitée, pour l’instant
Jusqu’ici, tout va encore bien. “Les projets en cours et l’importance accrue accordée à la durabilité ont empêché les volumes de construction de diminuer”, remarquent les analystes d’ING dans une étude. Mais cela ne devrait pas durer : “nous nous attendons à ce qu’une baisse commence à se manifester en 2024”, ajoutent-ils.
Début juillet, les entreprises avaient en moyenne encore pour 9 mois de projets de construction inscrits dans leurs carnets. En juin, le volume des constructions était inchangé par rapport à l’année dernière. Ainsi, 2023 devrait être une année plate (avec un taux de croissance de 0%), contrairement à la chute que les spécialistes avaient prévue avant. Cela grâce à un bon premier semestre.
Vers la contraction ?
Mais par la suite, sur l’année 2024, le secteur européen de la construction devrait connaître une légère chute : -1%, en termes de volumes de construction. “Des signes clairs indiquent que les volumes commenceront bientôt à diminuer, car la nature cyclique tardive du secteur commence à faire sentir ses effets. Les acheteurs de logements et les entreprises hésitent à investir dans de nouveaux locaux en raison de la faiblesse de l’économie, des taux d’intérêt élevés et de l’augmentation des coûts de construction. En raison des longs délais d’exécution, il faudra probablement un certain temps avant que ces effets ne se reflètent dans les volumes de production du secteur de la construction”, écrivent les experts.
Ces signes avant-coureurs sont notamment la contraction qui a déjà lieu dans le secteur des producteurs de matériaux comme le béton ou les briques. En juin, les volumes de production étaient en baisse de 13% en moyenne, par rapport à un an auparavant. Aux Pays-Bas, ce chiffre atteint presque même -20%.
La baisse de demandes de permis de bâtir est un autre signe : au premier trimestre, elle a baissé de 8% en Europe, par rapport à il y a deux ans. “La Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas et la France ont tous enregistré une baisse des permis délivrés comprise entre 20 et 50% au cours de la même période”, selon ING.
Mais ces baisses ne devraient pas entièrement se reporter sur la construction : les entreprises peuvent compter sur les projets de rénovation (plus de 50% des projets) pour contrebalancer le ralentissement du côté des nouvelles constructions. Ce serait encore plus vrai durant des crises : la demande augmente, par exemple pour avoir un bâtiment moins énergivore, ou pour pouvoir le revendre plus cher (ou tout court).
Mais au final, un autre problème auquel le secteur doit faire face est la pénurie de main d’oeuvre. Avec moins de bras, les entreprises peuvent faire moins de chantiers. 30% des entreprises européennes indiquent que la pénurie est “problématique”.
Pas tous logés à la même enseigne : la Belgique s’en sortirait plutôt bien
Cette baisse de l’activité de 1% en Europe en 2024 est une moyenne. Certains pays se débrouilleraient ainsi mieux que d’autres. La plus forte baisse serait à constater aux Pays-Bas : -2,5%. Suivent l’Allemagne et l’Autriche, avec -1,5%. Mais d’autres pays seraient dans le vert. La Belgique, où la chute de la demande serait parmi les plus limitées, pourrait se trouver sur la troisième marche du podium, avec une croissance de 1%, derrière l’Espagne (2%) et la Turquie (3%).
“La production belge dans le secteur de la construction a augmenté de 0,3% au premier semestre 2023. L’indice belge de confiance dans la construction oscille autour d’un niveau neutre depuis des mois, mais a atteint son point le plus bas de -5,0 en plus de deux ans en juillet, malgré une augmentation des volumes de production de bâtiments en 2022. La délivrance de permis de construire pour les bâtiments résidentiels et non résidentiels a diminué au cours de la même période, mais plus modérément que dans d’autres pays. Les plans de relance du gouvernement comprennent des fonds pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments existants et des fonds pour reconstruire 38.000 maisons endommagées par les inondations en 2021. Dans l’ensemble, nous prévoyons que le secteur belge de la construction connaîtra encore un faible taux de croissance d’environ 0,5% en 2023 et 1% en 2024”, décrivent les spécialistes.
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