Le ciel s’obscurcit au-dessus du marché immobilier

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Le marché de l’immobilier est à un moment charnière. Le prix des biens se stabilise, les taux augmentent et les avantages fiscaux sont peu à peu réduits. Des conditions qui pourraient provoquer un effondrement des prix.

Avec une augmentation de 3%, les prix de l’immobilier sont toujours dans une phase ascendante. C’est ce qui ressort des derniers chiffres de la Direction générale Statistique et Information économique (DGSIE).

Pour Julien Manceaux, spécialiste immobilier de service étude d’ING, “la tendance du marché immobilier reste néanmoins dans la courbe attendue. Nous sommes depuis 2007 face à une augmentation des prix qui suit celle de l’inflation. C’est encore le cas aujourd’hui.”

Un moment charnière

ING a déterminé qu’un remboursement de prêt hypothécaire tournait en moyenne autour 800 euros. Pourtant, le prix de l’immobilier lui ne cesse de croître. “Deux facteurs expliquent cela” , nous dit Manceaux. “Les taux qui baissent et l’augmentation d’un apport personnel. Comme les taux peuvent difficilement baisser davantage, le marché en cette année 2013 se trouve devant un moment charnière. La limite de ce qui est payable est atteinte”

Selon John Romain d’Immotheker, le marché immobilier ne sent les effets de la crise que maintenant .”Avec un chômage grandissant et un sentiment d’insécurité face à l’avenir, les candidats acquéreurs se trouvent dans une situation précaire. Les prix vont presque certainement baisser dans les années à venir.”

Des taux plus élevés

Les notaires sentent déjà les premiers soubresauts du marché. Lors du premier trimestre, le prix des maisons est resté stable, mais celui des appartements a baissé. Selon ING le marché immobilier ne va réellement se trouver dans les problèmes qu’à partir de 2015. “Lorsque les marchés financiers seront stabilisés, la Banque centrale européenne va faire augmenter les taux” dit Manceaux. “Il existe aussi une raison structurelle à cette hausse. À partir de 2014 les Accords de Bâle III vont rentrer en application, ce qui va pousser les banques à augmenter leur fonds propre. Ce qui va du même coup obliger les banques à augmenter leur tarif hypothécaire. Une augmentation de ces derniers a un impact énorme sur le budget des acheteurs puisqu’une augmentation de 1% des taux ( jusqu’à 4.7%) va faire augmenter le remboursement mensuel de 794 euros à 865 euros (+9%).

Avantages fiscaux

Manceaux a encore d’autres mauvaises nouvelles. Au-delà de l’effet des Accords de Bâle III, les possibilités de remboursement des Belges vont encore être affectées par le fait que les mesures de soutien du gouvernement fédéral seront régionalisées. Or, pour l’économiste, les régions n’ont pas les moyens d’offrir les mêmes avantages fiscaux. “La combinaison du choc financier et fiscal peut avoir trois conséquences. La première c’est que le prix des biens peut baisser de 15 % . La seconde : si les propriétaires ou les promoteurs ne veulent plus vendre à cause de la baisse des prix, le nombre de transactions va baisser. Tertio : les acheteurs peuvent réagir en mettant plus de cash sur la table, ce qui veut dire que beaucoup d’acheteurs potentiels ne pourront plus suivre. Le ciel s’obscurcit au-dessus du marché immobilier.”

Hans Brockmans / Trad ML

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