Comment le Covid a changé nos villes
Le Covid n’a pas eu que des répercussions sur la santé et la vie des gens. Il a aussi eu des répercussions sur la ville.
Il a trois ans, l’Organisation mondiale de la santé déclarait une pandémie mondiale. Elle et les confinements qu’elle va entraîner auront un impact planétaire à divers niveaux et notamment sur les villes. Chamboulement du secteur du tourisme, du secteur de l’immobilier ou encore boom des pistes cyclables. Que reste-t-il de tout cela alors que le monde semble revenir à une situation presque normale ?
Un boom des pistes cyclables
Plusieurs villes en Europe, comme Milan ou Paris, se sont lancées dans une véritable révolution cycliste. Des dizaines de kilomètres d’asphalte seront dédiés au vélo. Au départ temporaires, ces modifications du tissu de circulation urbaine sont devenues pérennes. La pandémie aura permis un incroyable coup de fouet à l’infrastructure cycliste, y compris à Bruxelles dit Politico.
Selon le rapport du SPF mobilité et transports, à Bruxelles 7% des salariés utilisent désormais le vélo pour se rendre au travail. Un changement de moyen de transport aussi aidé par le fait que 95% des employeurs proposent désormais une indemnité kilométrique. Une indemnité qui peut rapidement être intéressante lorsqu’on sait qu’elle s’élève, en moyenne, à 25 centimes d’euro le kilomètre. Le nombre de salariés à bénéficier de ces aides a par ailleurs augmenté de 55% en cinq ans pour un coût total de plus de 100 millions d’euros.
Mais cela n’a pas empêché le trafic routier de reprendre, même s’il reste actuellement 10% en dessous de son niveau pré-covid. Aujourd’hui, de nombreuses villes sont toujours aussi embouteillées. En Belgique 60% des personnes utilisent toujours leur voiture pour se rendre à leur travail, contre un tiers seulement des travailleurs de la région Bruxelles-Capitale. Le changement modal est donc surtout marquant pour ceux qui travaillent dans le centre-ville. Ils y sont désormais 60% d’entre eux à se rendre au travail en métro, en tram, en bus ou en train.
À Bruxelles, et en Belgique de façon générale, les transports en commun ne sont pourtant toujours pas revenus à leur niveau pré-covid. Ainsi Stib, Tec ou encore SNCB affichent aujourd’hui avec une fréquentation de 10 à 15 % moindre qu’en janvier 2020. Mais cette baisse à la fois du trafic et de transport en commun serait essentiellement due au télétravail.
Les immeubles de bureaux et centres d’affaires obligés de se réinventer
Si on observe un retour à la normale, le télétravail est par contre définitivement entré dans les mœurs. Même si une partie des employés retourne tout de même au bureau (aussi pour faire des économies d’énergie), on n’est pas, encore revenu au niveau pré-pandémie. En Belgique, 40% des salariés font désormais du télétravail au moins un jour par semaine. À Bruxelles c’est même désormais 97 % des entreprises qui proposent désormais la possibilité de faire du télétravail.
Pas de grand exode
Par contre, si les mois qui ont suivi les confinements ont vu le prix des logements en ville diminuer, l’effet n’aura été que temporaire et limité aux grandes villes. Ainsi des milliers d’Européens ont quitté les villes surpeuplées. L’exode sera particulièrement visible dans des villes comme Londres et Paris, mais il ne va durer qu’un temps précise Atlantico. À partir de 2021, la population londonienne va par exemple recommencer à croître, bien que plus lentement. A Bruxelles aussi. En 2021, quelque 45.000 Bruxellois ont ainsi décidé de quitter la capitale. Un record depuis 1992. 28.000 ont opté pour la Flandre et près de 17.000 pour la Wallonie. En partie à cause d’un report des déménagements, mais aussi par une envie de verdure. Or un jardin, même petit, est une denrée rare et prisée à Bruxelles. Mais on ne doit pas oublier non plus que 24.000 personnes ont fait le chemin inverse en 2021. A Bruxelles aussi il ne semble pas y avoir eu de grand exode. Juste un exode classique. «Les grandes tendances immobilières d’avant-pandémie ont très peu évolué », relève ainsi Yves Hanin, directeur du CREAT, le centre de recherche en aménagement du territoire de l’UCLouvain.
Retour des touristes
Les touristes sont revenus en masse. Ainsi, au cours des six premiers mois de l’année 2022, le nombre de nuitées en Europe a atteint 86 % du niveau d’avant la pandémie. Le tourisme local ne s’est, par contre, pas confirmé dans la durée en Belgique. En 2022, les voyages à l’étranger sont revenus à des niveaux d’avant crise. Aidé en cela par un sentiment de devoir rattraper le temps perdu ( le fameux “tourisme de revanche”), mais aussi le nouveau calendrier scolaire qui permet de partir plus longtemps et plus loin à la Toussaint ou au carnaval. Mais aussi à Pâques puisque désormais hors-saison et offrant de belles opportunités tarifaires.
L’importance accrue de la ventilation
L’importance de la ventilation, encore ignorée par beaucoup avant la pandémie, s’est mutée en préoccupation majeure de santé publique. Une bonne qualité de l’air est désormais un facteur important dans la salubrité des bâtiments.
Depuis le 30 avril 2021, l’Organisation mondiale de la santé a en effet admis que le virus se propage aussi par le biais d'”aérosols”, soit des microgouttelette qui restent en suspension dans l’air pendant un long moment. Un peu comme un nuage de fumée qui peut infecter par simple respiration. Ce constat va mener à une révolution de l’air. Pour vivre sainement, un air propre est devenu aussi important que l’eau potable. Et ce dans les lieux publics, mais aussi les lieux où l’on vit. Un peu à la manière où l’on a peu à peu interdit de fumer presque partout, on va peu à peu imposer l’air pur.
La bonne nouvelle c’est que la Belgique est à l’avant-garde dans ce domaine, voire un exemple à l’international. Ainsi dans une opinion publiée dans Nature, la journaliste Dyani Lewis précise que “la Belgique, ainsi que quelques États australiens et américains, a jeté les bases d’une politique tournée vers l’avenir”.
Selon De Morgen, on peut remercier deux citoyens activistes pour cela : Carl Van Keirsbilck, informaticien, et Maarten De Cock, biologiste. Mais aussi l’ingénieur Bert Blocken et le virologue Marc Van Ranst. En laçant l’alarme très tôt, ils ont permis l’installation de compteurs de CO2 dans les salles de classe par exemple.
La distanciation sociale a permis de repenser l’espace public
Lorsqu’on a dû instaurer bulle et distance sociale, les terrasses se sont étendues où elles pouvaient. Certaines de ces terrasses temporaires se sont étendues de façon permanente. Au point que certains ont craint une privatisation de l’espace public. Mais il n’y a pas eu que les terrasses. Des rues entières ont été rendues aux piétons et pas moins de trois forêts urbaines seraient sur le point de voir le jour. À Bruxelles aussi 10 à 15 % des routes seront désormais destinées à verdir la ville.
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