La ‘taxe sur la spéculation’ va-t-elle finir par coûter de l’argent à l’État ?

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Niels Saelens Rédacteur Moneytalk.be

La taxe sur la spéculation doit rapporter 34 millions d’euros au gouvernement. Cependant, il apparaît que la taxe a également un effet pervers: les revenus boursiers baissent.

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Depuis le 1er janvier, une taxe sur la spéculation est en vigueur dans notre pays. Les investisseurs qui vendent leurs actions dans les six mois après leur achat doivent payer 33% de taxes sur la plus-value de leurs placements. En outre, ils ne peuvent pas comptabiliser les moins-values. À la requête du ministre des Finances Johan Van Overtveldt, un accord a été ratifié qui détermine que le fisc tiendra compte des pertes lors des transactions dans une seule action. Cela n’apaise cependant pas l’esprit des investisseurs, apprend-on des chiffres du courtier en ligne Lynx.

Ces chiffres montrent que la taxe sur la spéculation grignote les rendements d’une autre taxe, la taxe boursière. En janvier, la somme retirée de la taxe boursière a chuté de 32% en comparaison avec la même période il y a un an, déclare Lynx.

Les CFDs deviennent plus populaires

Les produits non soumis à la taxe sur la spéculation fonctionnent très bien

“La raison de ce rendement plus faible est la chute du nombre d’ordres en actions”, explique Lynx. Le courtier a vu le nombre de transactions en actions diminuer de 43% le mois dernier. La taxe sur la spéculation pousse les investisseurs vers d’autres horizons pour éviter la taxe.

Les CFDs ont notamment de plus en plus la cote – ce sont des instruments de placement qui ne sont pas cotés en bourse et qui ne sont donc pas soumis à la taxe sur la spéculation. “Alors que les ordres en CFDs ne représentaient qu’une partie dérisoire de l’ensemble des transactions, nous avons vu plus de transactions en CFD qu’en actions au cours de la dernière semaine de janvier”, explique Lynx. Il n’y avait alors que 40% des transactions qui concernaient des actions.

“Trop tôt pour tirer des conclusions”

Selon Steven Van Gaever, responsable en communication chez Keytrade Banque, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. “Pour nos clients, la taxe sur la spéculation ne s’appliquait qu’à 1% des transactions”, dit Van Gaever. Il remarque cependant que les produits qui ne sont pas soumis à la taxe sur la spéculation fonctionnent très bien. Les transactions en CFDs ont ainsi doublé chez Keytrade Banque.

“Mais le mouvement vers les fonds et les ETFs (trackers ou fonds indiciels, NDLR) est encore plus important”, continue Van Gaever. Le plan d’épargne en fonds Keyplan a connu son mois record en janvier et le courtier a noté un doublement des transactions en ETFs.

Mesure pour rien

Pour Lynx, il ne fait aucun doute que la taxe sur la spéculation est une mesure pour rien. Le courtier prévoit que le revenu de la taxe boursière continuera encore à diminuer au cours des prochains mois. “Une part substantielle des ventes en actions était liée à des positions ouvertes en 2015, qui sont par conséquent encore exemptées de taxe sur la spéculation. Seule une petite minorité a réinvesti l’argent libéré dans des actions”, explique le courtier.

Selon Lynx, il est maintenant déjà évident que la perte de rendements en taxes boursières sera particulièrement grande et qu’elle dépassera même très probablement le rendement estimé de la taxe sur la spéculation.

Nous avons également pris contact avec KBC Bolero, mais aucun chiffre n’a pu nous être fourni par ce courtier.

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