Votre entreprise dans le métavers
Bon nombre de technologies ont laborieusement ramé avant d’atteindre leur potentiel commercial. Les fameuses disruptions surviennent là où convergent les avancées techniques, la demande des utilisateurs et les cycles d’expérimentation. Voyons dès lors à quoi bon plonger les mains dans le cambouis des métavers.
Un potentiel illimité? Les promesses autour du métavers sont supposées énormes car ces univers virtuels forment un savant mélange technologique, à base de réalités immersives, d’intelligence artificielle, de blockchain, de NFT. Bref, la recette de tout ce qui suscite régulièrement du buzz.
On sait que le scepticisme envers des technologies immatures ne doit jamais constituer la seule boussole dans une stratégie entrepreneuriale ou des projets d’affaires (la transformation numérique globale de nos sociétés est seulement en cours). Mais il convient de distinguer la fiction de la réalité et de vérifier quelles utilisations, tant pour les consommateurs que les entreprises, peuvent soutenir, voire doper, la création de valeur.
La disruption du métavers s’est déjà annoncée dans le retail, les services professionnels, les télécoms, la banque et le manufacturing. S’il devient un endroit de prédilection où les clients ou prospects passent leur temps (et dépensent leur argent), cela semble assez logique d’y déployer son entreprise. Ou à tout le moins de l’exposer à ces nouveaux marchés virtuels d’une manière ou d’une autre.
Toute patronne et tout patron dirigeant une société établie ou une start-up devrait donc s’interroger sur l’apport (ou non) de ces univers virtuels. Ne serait-ce qu’en répondant à trois interrogations simples et néanmoins efficaces: le métavers dans mon entreprise, pour quoi faire? Est-ce pertinent? Et comment?
“Les possibilités sont réelles et, en même temps, vos prochaines étapes peuvent sembler abstraites. La bonne nouvelle, c’est que le métavers récompense l’expérimentation”, assure Woody Driggs, consultant digital chez EY.
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Le multivers publicitaire
L’ambition, c’est évidemment que les expériences virtuelles montent en gamme, élargissant et enrichissant les possibilités pour les entreprises et les marques d’atteindre leurs publics au travers des métavers, espèces de billboards digitaux si grands que les consommateurs évolueront à l’intérieur. Dans ces univers publicitaires parallèles, les utilisateurs partageront leurs expériences, les curieux en entendront parler et les commenteront à leur tour. Même les concurrents discuteront l’approche, la copieront ou la surpasseront. Résultat: les entreprises gagneront en visibilité grâce au métavers, et le métavers gagnera en masse critique.
Des groupes industriels tels que Siemens ou BMW ont construit des usines d’abord dans le métavers afin d’optimaliser les chantiers et s’épargner de coûteuses erreurs.
Une stratégie de branding en “réalités mixtes” apparaît tout aussi pertinente si le public ciblé est celui des plus jeunes générations, natives du digital. Avec la possibilité de “gamifier” l’expérience ou d’ “événementialiser” votre marque dans tous ces écosystèmes virtuels hautement interactifs. Sans oublier les fonctionnalités des métavers (personnalisation d’avatars, d’espaces, d’animations) qui intègrent les utilisateurs dans de la création avec la marque. Ce qui permet de mieux engager son audience et d’établir de nouvelles relations ou de les pérenniser. Gucci, Adidas, Walmart n’ont pas attendu avant de s’y essayer.
Activités “phygitales”
Dans le métavers, tout ce que l’on fait dans le monde physique peut se retrouver répliqué, voire interconnecté. Pas question ici de bambocher dans des festivals en 3D mais de tester des systèmes réels dans un environnement virtuel avant de les mettre physiquement en œuvre. Cette dimension “phygitale” se construit notamment sur base de jumeaux numériques, des objets, des actifs, des processus et même des personnes dont les paramètres physiques ont été transposés à des doubles digitaux. Ces extensions peuvent générer davantage de données en temps réel et aider à affiner les analyses dont dépendent des décisions. Prenons des exemples concrets pour mieux appréhender le sujet: les groupes industriels tels que Siemens ou BMW ont construit des usines d’abord dans le métavers afin d’optimaliser les chantiers et s’épargner de coûteuses erreurs. Mieux encore, cette approche par le métavers a permis de booster la capacité de fabrication et la productivité. Tout en contribuant au monitoring et à la maintenance à distance des systèmes physiques.
Redimensionner la collaboration
Si une entreprise doit aller à la rencontre de(s besoins de) ses clients, elle doit tout autant soigner ses collaborateurs. Or, avec le métavers, “la collaboration sur le lieu de travail ne sera plus jamais la même”, prophétise Nathalie Vancluysen, global XR leader chez DXC Technology. Dans ces univers, les collègues peuvent participer à des réunions plus ludiques, s’évader dans la virtualité le temps d’un break et même se promener avec leur patron dans un monde alternatif. Mais au-delà de ce qui peut ressembler à des détails, demeure l’enjeu de l’impact positif du métavers sur les niveaux d’implication et de créativité. L’entreprise Virbela, qui conçoit des espaces immersifs tridimensionnels depuis plus de 10 ans, indique d’ailleurs que les métavers favorisent la diversité et l’inclusion en aidant des personnes se sentant possiblement mal à l’aise dans un environnement de travail standard. “Les employés introvertis se sentent davantage à même de partager leurs connaissances, leurs idées et les résultats de leur travail avec un plus grand nombre de personnes.”
Echanger de la valeur
Puisque le métavers relie les mondes numérique et physique, opérateurs de paiement et autres institutions financières ont l’opportunité de façonner de nouvelles formes de propriété numérique d’économies. Il est désormais possible de “tokeniser” des actifs, de générer sa propre monnaie numérique. Ce qui ouvre l’horizon à de nouveaux modèles commerciaux et autres places de marchés. “Partout où il y a commerce, il y a besoin d’intermédiaires de confiance, même dans un environnement web 3.0 visant à réduire la dépendance à l’égard des plateformes centralisées”, nuançait dernièrement David Kadio-Morokro, consultant en services financiers chez EY Echanger de la valeur est devenu plus fluide. Il est donc plus facile de trouver de nouvelles sources de revenus adjacentes aux lignes de produits existant mais aussi en élargissant numériquement la gamme. Les outils tels que les portefeuilles numériques, les fameux wallets, destinés à faciliter ces transactions ; ne sont pas toujours parfaitement ergonomiques ou conviviaux, ni bien intégrés à l’infrastructure financière traditionnelle. Malgré tout, les fashionistas désireux d’habiller leur avatar à la mode ou les accros du shopping numérique de produits réels peuvent aujourd’hui dépenser assez librement leur argent dans le métavers.
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