Volkswagen ressuscite une marque du passé… pour la rendre électrique

Rassemblement d'anciens modèles de Scout lors du premier coup de pelle du chantier de la nouvelle usine, en Caroline du Sud. © Scout Motors

Pour s’imposer sur le marché américain des pickups et SUV électriques, Volkswagen relance la marque historique Scout. La production avait été arrêtée il y a plus de 40 ans.

Scout, un nom qui ne vous dit peut-être rien. Mais ce sont les pick-ups et 4×4 classiques, à la calandre rectangulaire et aux feux ronds, que l’on peut voir dans de nombreux films américains. De la poussière légèrement orangée se lève lorsque le conducteur, chemise à carreaux, veste en jean, chapeau de cowboy, se gare énergiquement devant son ranch, avant de claquer la porte de son truck. Voilà le décor. Aux États-Unis, c’est un véhicule cultissime. Qui aurait même lancé la tendance des utilitaires conduits comme véhicules de tous les jours.

Un Scout de 1976, participant à un rallye au Mexique en 2023. Image : Scout Motors.

International Harvester (constructeur entre autres de machines agricoles) a produit le Scout de 1960 à 1980. Deux modèles ont vu le jour : le Scout 80 et le Scout II (plus leurs variantes). Plus de 500.000 exemplaires sont sortis d’usine. Au début des années 80, les affaires ne tournent plus et le groupe vend ses différentes activités. Il ne reste plus que le segment “camions et moteurs”, qui devient Navistar International en 1985 (et qui ne vend plus que des camions et des bus).

Seconde vie… électrique

Mais le Scout s’apprête à être ressuscité des livres d’histoire. En 2021, Traton, la branche camions de Volkswagen (MAN et Scania en font par exemple partie), rachète entièrement Navistar et cette dernière devient une entreprise de la galaxie VW.

Un an plus tard, en mai 2022, VW a annoncé vouloir ramener le Scout à la vie (en créant une marque à part entière, qui n’est plus liée à Navistar). Et la semaine passée, lors de l’annonce des résultats, le groupe allemand a donné plus de détails sur l’avenir du Scout : ce sera un véhicule électrique.

Il est attendu pour début 2026, au prix de 45.000 dollars. Le design n’est pas encore connu, mais il fort à parier que les véhicules imitent l’allure des ancêtres. Car des nostalgiques, il y en a nombreux.

Ces silhouettes sont tout ce qui est connu des modèles. Image : Scout Motors.

Conquérir un marché

Avec cette marque, VW veut s’imposer sur le marché américain, en pleine croissance, des gros pickups et SUV électriques. On y compte notamment le Ford F-150 Lightning. La start-up Rivian a été créée rien que pour ce segment. Le Dodge Ram électrique est attendu pour 2025.

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La recette de VW est donc simple : relancer une marque défunte, mais respectée, pour pénétrer ce marché. Ce qui pourrait bien mieux marcher qu’avec un gros pickup portant le logo VW – les Américains étant très attachés à leurs produits et au made in America. “Nous comprenons vraiment l’esprit américain, mais nous y contribuons aussi activement”, explique Oliver Blume, CEO de VW, lors de cette annonce de résultats.

“Ce qui est plutôt prometteur, c’est la renaissance de la marque culte Scout. C’est ainsi que nous posons les bases d’une marque de SUV et de pick-up électriques dans le segment américain le plus important et le plus rentable”, continue-t-il.

Volkswagen pourra en tout cas compter sur son usine de batteries, située au Canada, et son centre de recherches en matière de batteries situé aux Etats-Unis pour faire des économies d’échelle. Le groupe possède aussi un exploitant de bornes de recharges outre-Atlantique, appelé Electrify America.

Start-up

Même si Scout fait partie de l’empire VW, l’entreprise se considère comme une start-up. C’est ce qu’explique Scott Keogh, directeur de la marque (et ancien directeur de VW aux Etats-Unis), à CNN. Ce statut lui confère beaucoup de flexibilité, ce qui permet d’aller plus vite pour bâtir l’entreprise.

La marque a d’ailleurs investi deux milliards de dollars dans une usine. Elle est en train d’être constuite, en Caroline du Sud.

Reste donc à voir si Volkswagen arrivera à faire renaître le phénix de ses cendres, comme le groupe l’avait fait avec la prestigieuse marque française Bugatti. Reste aussi à voir si ces véhicules pourront rouler en Europe. Les gros Dodges et Ford trouvent en tout cas preneur, en version thermique aujourd’hui, du moins. Mais les villes commencent à vouloir chasser ces engins volumineux et lourds.

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