Vin européen: rouge, blanc ou rosé, son mode de production est « rarement vert »

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La politique vitivinicole de l’UE ne répond pas aux objectifs environnementaux et ses mesures ne ciblent pas directement la compétitivité du secteur, pointe la Cour des comptes européenne dans un rapport publié lundi.

Avec 2,2 millions d’exploitations viticoles et des vignobles couvrant 2% de sa superficie agricole utilisée, l’Union européenne est le premier producteur, consommateur et exportateur de vin au monde. Mais la culture de la vigne est aussi l’une des plus concernées par l’utilisation des pesticides (fongicides contre le mildiou, par exemple) et par le réchauffement climatique, qui a sur elle un impact majeur (surmaturation des raisins, grêles et gelées plus intenses, etc).

De la fin des années 70 à 2010, le secteur vitivinicole de l’UE a souffert d’excédents de production. Pendant des décennies, donc, la politique de l’UE a cherché à assurer un équilibre entre l’offre et la demande (distillation des excédents, restrictions de plantations, subventions à l’arrachage, restructuration des vignobles).

500 millions d’euros aux viticulteurs

Désormais, l’Europe verse chaque année quelque 500 millions d’euros aux viticulteurs pour leur permettre de restructurer leurs vignobles. Et depuis 2016, ceux-ci ont également la possibilité de demander l’autorisation de planter des vignes supplémentaires, l’idée étant de maîtriser la croissance du potentiel de production (1% par an au maximum) tout en évitant une offre excédentaire.

Or, « le vin peut être rouge, blanc ou rosé, son mode de production est rarement ‘vert’ dans l’UE », constatent les auditeurs européens. La politique de restructuration, en particulier, tient peu compte des objectifs environnementaux. Dans la pratique, l’aide européenne n’est pas allée à des projets permettant de réduire l’impact de la viticulture sur le climat et/ou l’environnement. Il se peut même qu’elle produise l’effet inverse, favorisant par exemple des cépages plus gourmands en eau, selon la Cour. L’institution note aussi que l’augmentation annuelle de 1% maximum des surfaces de vignobles n’a jamais été évaluée d’un point de vue environnemental. Quant à la nouvelle Politique agricole commune (PAC), « son ambition environnementale reste limitée pour le secteur vitivinicole ».

La politique de l’UE n’est pas non plus parvenue à renforcer la compétitivité des viticulteurs. Dans les cinq pays audités (l’Italie, la France, l’Espagne, la Grèce et la Tchéquie), les projets sont financés indépendamment de leur contenu ou de leur degré d’ambition, et sans qu’il soit tenu compte des critères visant à favoriser la compétitivité.  

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