Vacances scolaires décalées : « Le secteur touristique est dans l’expectative »

Durbuy. | Durbuy. 19/06/2021

Les vacances de printemps se profilent pour les francophones. Quel est l’impact de ces premières vacances décalées pour le secteur touristique au sud et au nord du pays ? Coup de sonde avec Pierre Coenegrachts, directeur général adjoint de Wallonie Belgique Tourisme et Dirk Marteel, porte-parole de l’office du tourisme du littoral Westtoer.

Le secteur belge du tourisme expérimente cette année ses premières vacances en décalé. Alors que pour la partie nord du pays, les vacances de Pâques sont déjà un lointain souvenir, les écoliers francophones voient arriver les vacances de printemps qui débuteront avec le week-end prolongé du 1er mai.

En Wallonie, de grosses tendances se dessinent au premier trimestre. Pierre Coenegrachts, le directeur général adjoint et porte-parole de Wallonie Belgique Tourisme, commente pour Trends Tendances: « C’est en réalité une toute nouvelle saison touristique qui commence. On part de zéro. On n’a rien de comparable par rapport aux autres années. C’est une grande période test pour le secteur. Globalement, on avait prévu une certaine ventilation des touristes sur les deux périodes de vacances de printemps. Sur l’ensemble, on remarque logiquement moins de fréquentations, mais c’est difficile de comparer avec l’année dernière. A la fin mai, on y verra déjà plus clair. La véritable comparaison viendra l’année prochaine. On aura des références et des tendances sur lesquelles s’appuyer. »

Il poursuit : « Depuis le Covid, le Wallon redécouvre la Wallonie. Les confinements ont créé des habitudes de redécouverte des sites wallons. La clientèle wallonne est redevenue importante derrière celle venant de Flandre. A la Toussaint et pendant les vacances de Carnaval, les francophones belges étaient nombreux à rester en Wallonie. »

« Il reste de la disponibilité partout »

Pour la première semaine des vacances de mai, les réservations sont bonnes, nous annonce le directeur général adjoint de Wallonie Belgique Tourisme, sans toutefois atteindre des plafonds. « Il reste de la disponibilité partout. Uniquement sur les tendances de réservation des associations rurales, on est entre 50 et 64% de réservations des gîtes pour la première semaine et entre 25-40% pour la deuxième semaine. On tourne donc autour des 50% malgré tout sans compter les last minute si la météo s’annonce plus clémente.»

Le week-end prolongé du 1er mai s’annonce très bien, notamment grâce aux Hollandais férus de nos Ardennes, qui seront également en congé. « Cela compensera l’absence des touristes néerlandophones qui sont, eux, venus pendant les vacances de Pâques », note Pierre Coenegrachts.

« C’est en réalité une toute nouvelle saison touristique qui commence. On part de zéro. On n’a rien de comparable par rapport aux autres années. C’est une grande période test pour le secteur.

Pierre Coenegrachts, directeur général adjoint de Wallonie Belgique Tourisme

Les sites pour motorhomes vite complets

Dans les hôtels, qui comptent davantage sur le last minute, les prévisions semblent aussi optimistes, ainsi que pour les city trips à Mons, Liège ou encore Namur. « Du côté de Spa, la demande n’est pas encore très forte. On a, par contre, toujours beaucoup de demandes pour les thermes. Du côté des Cantons de l’Est, de nombreuses personnes se renseignent pour des excursions d’une journée. Cela se répercute sur l’offre horeca de la région, c’est une bonne chose », explique Pierre Coenegrachts. 

Les prévisions sont aussi positives dans les campings pour la première semaine des vacances. Cela ne concerne pas seulement les tentes, mais aussi les caravanes ainsi que les aires spécialement dédiées aux motor-homes qui sont vite complètes. « On espère quand même que la période sera meilleure que les vacances flamandes où la météo n’avait pas été clémente », émet le spécialiste du tourisme.

Pénurie de personnel dans l’horeca

Les vacances de printemps s’intercalent désormais dans un mois de mai traditionnellement fort chargé dans le sud du pays, avec les longs week-ends de l’Ascension et de la Pentecôte où les hébergements sont souvent complets. « On va voir si les comportements des touristes seront les mêmes que les années précédentes dans cette nouvelle configuration de congé », avance Pierre Coenegrachts.

Ce dernier pointe aussi le fait que le personnel dit « de renfort », à savoir les étudiants, ne seront pas disponibles pendant les vacances de printemps, car ils seront en blocus. Une pénurie de personnel dans l’horeca pour cette période plus chargée est donc à craindre.

Vers un calendrier commun des congés en Europe

Une autre « menace » cette année pour le tourisme wallon est l’éventuelle fuite des touristes belges vers l’étranger – notamment les pays limitrophes comme la France – où les prix des locations sont encore au tarif basse saison en ce début mai. « On essaie d’être réactif et que les hôteliers ne gonflent pas leur prix pour cette période », explique le porte-parole de Wallonie Belgique Tourisme.

« Ce n’est pas parce que c’est la première année qu’il faut directement appliquer des prix de haute saison. Un calendrier européen des périodes de congé est d’ailleurs en cours d’élaboration pour harmoniser les vacances avec les différentes régions d’Europe », annonce-t-il. « Si cela se confirme, il est possible que la première semaine de mai devienne chez nous une semaine ‘haute saison’ l’année prochaine. C’est difficile à appréhender maintenant. Il faudra voir comment les différents opérateurs réagissent à cette nouvelle donne. »

Il est possible que la première semaine de mai devienne chez nous une semaine ‘haute saison’ l’année prochaine

« Tout le secteur est dans l’expectative. Il y a encore beaucoup d’interrogations et d’inconnues pour cette nouvelle mouture des vacances scolaires. On devra tirer des conclusions sur les comportements des touristes à la fin du mois de mai », conclut Pierre Coenegrachts.

Plage d’Ostende

Une fréquentation en baisse à la Côte

Un premier bilan des vacances de Pâques a déjà été établi à la Côte, en attendant les prochains congés. « En raison principalement du nouveau régime des vacances en Belgique francophone, le secteur du tourisme a enregistré des vacances de Pâques moins bonnes que l’année dernière », explique à Trends Tendances, chiffres à l’appui, Dirk Marteel porte-parole de Westtoer, l’Office du tourisme de Flandre-Occidentale,

Au total, environ 1 million de touristes d’un jour et 1,5 million de touristes avec nuitées ont été enregistrés au cours des deux semaines de Pâques, soit une baisse d’environ 20 % par rapport à 2022, où les vacances avaient duré un jour de plus, selon les estimations de Westtoer.

Le temps doux a pu sauver le week-end prolongé de Pâques en dernière minute, même si les réservations ont été inférieures d’environ 10 % à 2022. Ce sont par ailleurs davantage les francophones qui se sont rendus à la mer ce week-end-là. Le jour de Pâques a été le jour avec le plus d’affluence. Environ 120 000 touristes d’un jour ont fait le déplacement (autant qu’en 2022). Westtoer fait aussi remarquer que les conditions météorologiques pendant ces dernières vacances de Pâques ont été plus variables que l’année dernière.

Les Belges francophones constituent un public important pour la Côte, explique Dirk Marteel. Pendant les vacances de Pâques, les Wallons et les Bruxellois ont représenté 20 % des nuitées, contre 34 % pendant les vacances de Pâques de l’année dernière.

La Côte, destination prisée des francophones

La Cote s’attend à de l’affluence pour les vacances de printemps. « Pour de nombreux Belges, la Côte reste une destination de prédilection au printemps. Westtoer et le secteur touristique de la Côte se consultent pour gérer les différents aspects de la nouvelle période de vacances. Le secteur du tourisme se réjouit déjà des week-ends prolongés plus tard au printemps et des vacances de printemps des Belges francophones”, déclare Sabien Lahaye-Battheu, député et président de Westtoer.

L’Office du Tourisme flamand voit donc l’arrivée de cette seconde salve de vacances de printemps avec optimisme. « Ce que l’on peut déjà remarquer, c‘est le nombre plus élevé de réservations pour le mois de mai de la part des Belges francophones », laisse entendre Dirk Marteel.

Juste avant le début de la période de vacances de mai, il y a déjà 54% de chambres d’hôtel réservées en ligne en plus par rapport au nombre de réservations pour la même période en mai 2022. « On s’attend également à ce que les Belges qui ont une seconde résidence à la Côte se rendent à la mer pendant les vacances de printemps », complète le porte-parole.

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