SNCB : le trou financier plus profond que prévu

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La SNCB devrait trouver plus de 40 millions d’euros de gain supplémentaire pour espérer stabiliser sa dette. Et seulement l’espérer… car son objectif initial est loin d’être atteint.

Le groupe SNCB doit réaliser un gain supplémentaire de 43 millions d’euros, rapporte vendredi L’Echo sur base d’un rapport d’experts du bureau Boston Consulting Group (BCG). D’après eux, l’Ebitda de 150 millions d’euros risque d’être insuffisant pour stabiliser la dette. Ces conclusions ont été exposées au conseil d’administration de la SNCB Holding fin septembre.

“La SNCB Holding et ses experts ont probablement tenu compte des objections des uns et des autres, notamment du gestionnaire d’infrastructure, Infrabel, confie une source proche du dossier. Celui-ci a déjà fait comprendre qu’il n’est plus disposé à faire des efforts supplémentaires.”

BCG a précisé dans son rapport que l’objectif d’un Ebitda consolidé de 150 millions d’euros à l’horizon 2012, tel qu’arrêté initialement pour le groupe ferroviaire (SNCB Holding, SNCB et Infrabel) voici plusieurs mois, “n’est pas une garantie pour la stabilisation”.

Jannie Haek, administrateur délégué de la SNCB Holding, avait déjà reconnu en mai que le trajet vers les 150 millions d’euros d’Ebitda en 2012 serait difficile. Il était néanmoins confiant dans la volonté de l’atteindre pour stabiliser la dette, rappelle le journal.

Le nouveau plan fait une analyse du free cash-flow pouvant être généré en 2012 par chacune des sociétés du groupe. Résultat : l’adaptation entraînera la réalisation d’un free cash-flow positif de 55 millions d’euros à l’horizon 2012. Problème : la nouvelle situation laisse entrevoir un manque à gagner de 43 millions d’euros de cash, à trouver pour permettre au groupe SNCB de stabiliser sa dette.

Quand la SNCB veut revenir à l’équilibre, ce sont les trains qui risquent de trinquer

Le conseil d’administration de la SNCB devrait se prononcer aujourd’hui vendredi sur le plan d’entreprise censé permettre à la société ferroviaire de revenir à l’équilibre financier à l’horizon 2015. Celui-ci comporte un certain nombre de mesures d’économies, dont, affirment plusieurs sources, la suppression de 200 à 300 trains par jour, en heures creuses.

“Inadmissible !”, clament en choeur syndicats et association de navetteurs. Ensemble, ils organisent, dès 7 h 30, une action “symbolique” devant les bâtiments de la SNCB où se réuniront les membres du conseil d’administration. Une bonne centaine de militants y sont attendus.

“Nous n’avons pas lancé de mot d’ordre de grève et nous ne voulons pas pénaliser les voyageurs, mais nous souhaitons tout de même faire entendre notre voix, a indiqué jeudi Michel Abdissi, secrétaire général de la CGSP-Cheminots. Nous craignons effectivement la suppression de plus de 300 trains mais aussi la disparition d’arrêts et, par conséquent, la diminution du nombre de travailleurs au sein de l’entreprise.”

Pour étayer leurs craintes, les syndicats pointent la proposition du comité de direction de la SNCB qui, en mai, avait suggéré la suppression de 267 trains, ce qui aurait permis une économie de 16 millions d’euros. “A l’époque, le conseil d’administration avait refusé cette mesure, mais cette fois…”, a poursuivi Michel Abdissi.

Mêmes inquiétudes du côté de l’association Navetteurs.be. Pour la première fois, quelques-uns de ses représentants – et de son pendant flamand Trein Tram Bus – seront aux côtés des syndicats pour exiger une “amélioration des services publics”. “De nombreux usagers risquent de voir leur premier train supprimé, a déclaré Gianni Tabbone, responsable de l’association Navetteurs.be. Maintenant, nous devons attendre de voir quels trains seront touchés et quelles solutions seront proposées.”

Enfin, du côté de la CSC, on fourbit ses armes et on appelle à “sortir des archaïsmes du passé”. “Au lieu de supprimer des trains, il faut saisir des opportunités et proposer une offre beaucoup plus fine afin de redynamiser le transport public”, a estimé Dominique Dalne (CSC-Transcom). En d’autres mots, le syndicat chrétien plaide pour la création de plateformes multimodales permettant de développer des synergies avec d’autres modes de transport public ou des parkings. “Il faut désormais réfléchir autrement. Nous espérons que les membres du conseil d’administration ne compromettront pas l’avenir du secteur.”

SNCB : les mesures d’économies vont à contre-sens du projet de mobilité durable (IEW)

La fédération Inter-Environnement Wallonie considère que les mesures d’économie qui devraient être adoptées aujourd’hui vendredi par le conseil d’administration de la SNCB, telles que la suppression de 200 à 300 trains par jour, la fermeture de guichets et l’imposition d’une surtaxe de 7 euros sur les tickets achetés dans les trains, “iraient à contre-sens du projet de mobilité durable que notre pays doit mettre en place et dans lequel le rail est appelé à occuper une place centrale”, indique l’association dans un communiqué.

“Si des économies sont à réaliser, elles ne peuvent en aucun cas être préjudiciables aux voyageurs, défend la fédération. L’abandon de projets pharaoniques, tel celui de la gare de Mons, et une rationalisation de la structure éclatée de notre groupe ferroviaire constituent des options plus conformes à l’intérêt général. Les enjeux de mobilité durable que la pression sur les ressources énergétiques exigent une offre élargie et diversifiée.”

Il importe également de se pencher sur la structure actuelle du groupe, “génératrice de coûts excessifs”, estime IEW, qui appelle donc les administrateurs de la SNCB “à ne pas succomber à la facilité de pseudo-solutions immédiates qui, loin de résoudre les problèmes du rail belge, compromettraient la place essentielle qu’il est appelé à occuper dans la mobilité de demain”.

Trends.be, avec Belga

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