Salaire, accès à la terre, statut, héritage : des inégalités de genre criantes dans l’agriculture wallonne, selon Oxfam

Un rapport d’Oxfam Belgique met en lumière les profondes inégalités de genre persistantes dans l’agriculture wallonne. 

Intitulé “Défricher le genre dans l’agriculture wallonne“, ce rapport d’Oxfam révèle que malgré certaines avancées, l’agriculture demeure largement dominée par une division sexuelle du travail, engendrant des disparités flagrantes entre hommes et femmes. 

Les inégalités touchent plusieurs aspects cruciaux dont des statuts précaires. Les agricultrices sont souvent associées à des statuts offrant des droits limités, tels que le statut de conjoint.e-aidant.e, ce qui les prive de droits à la sécurité sociale et de propriété sur les terres. En cas de divorce, les agricultrices sont souvent désavantagées car leur contribution économique dans les exploitations n’est souvent pas reconnue à sa juste valeur. 

Une inégalité de revenus est aussi observée. Parmi la main-d’œuvre familiale (hors chef d’exploitation), 9 personnes sur 10 sont non-salariées; soit 95 % des femmes.

Moins de prêts hypothécaires 

Les femmes ont également moins facilement accès à la propriété, recevant moins de prêts bancaires que les hommes pour des projets similaires, et héritent moins fréquemment des exploitations. 

Toujours selon le rapport, les agricultrices sont peu représentées dans les instances de décision, ce qui entraîne une absence de prise en compte de leurs besoins et spécificités dans les politiques agricoles. Leur travail, principalement administratif et à l’intérieur de l’exploitation, est invisibilisé et sous-évalué tandisque leur charge mentale est alourdie par des inégalités dans la répartition des tâches domestiques. 

Grande précarité

Les inégalités intersectionnelles affectant les agricultrices saisonnières, migrantes et racisées, souvent en situation de grande précarité et de manque de droits sont aussi soulignées. Oxfam note à ce propos que la moitié des travailleur.euses saisonnier.es travaillent dans l’horticulture, où le salaire minimum est l’un des plus bas de Belgique, s’élevant seulement à 9,35 euros brut de l’heure. Enfin, au niveau européen, on observe que les agricultrices sont plus enclines à être victimes de violences sexistes et sexuelles, à la traite des personnes et à l’emprise psychologique.

Des recommandations sont formulées par l’ONG pour réduire ces inégalités, allant de la déconstruction des normes de genre à la collecte de données précises, en passant par le renforcement des droits des travailleurs saisonniers, l’amélioration de l’accès aux statuts attractifs pour les agricultrices, et l’augmentation de la représentativité des femmes dans les instances décisionnelles agricoles. 

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