Ryanair vient concurrencer Brussels Airlines à Zaventem

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Michael O’Leary a annoncé l’ouverture d’une deuxième base en Belgique, à Brussels Airport en février 2014, avec 4 avions et 10 lignes. Cette annonce n’est pas une très bonne nouvelle pour Brussels Airlines, qui sera concurrencée sur ses lignes les plus importantes en Europe, Rome et Malaga.

Michael O’Leary s’est montré un peu cavalier avec la direction de l’aéroport de Zaventem (Brussels Airport). Il l’a prévenue ce mercredi matin seulement, une ou deux heures avant l’annonce officielle à la presse, de son intention de baser 4 Boeings 737 à Zaventem pour ouvrir 10 routes à partir de février prochain (les destinations sont Alicante, Barcelone, Ibiza, Lisbonne, Malaga, Palma, Porto, Rome, Valencia et Venise).

“Elle était ravie” a commenté Michael O’Leary, CEO de Ryanair, qui a présenté son “débarquement” à Zaventem lors de la conférence de presse organisée à Bruxelles. “Brussels Airport est à moitié vide” L’aéroport de Bruxelles ne pourra refuser ce nouveau client, qui promet 1,5 million de passagers par an, soit plus de 10% du trafic actuel. Et qui annonce d’autres liaisons ultérieures. “Lorsque nous aurons de nouveaux avions, en septembre 2014, nous pourrons aussi voler vers Londres et Dublin” a déclaré le dirigeant de la compagnie irlandaise. Les règles européennes ne permettent pas de refuser des compagnies, sauf si la capacité de l’aéroport ne le permet pas. “Cela ne devrait pas poser de problème, car Brussels Airport est à moitié vide” a dit Michael O’Leary. “Charleroi continuera à se développer” Cette offensive n’est pas un déménagement de la base de Charleroi vers Bruxelles. “Charleroi continuera à se développer.” Mais une évolution de la stratégie de la compagnie, qui installe également des bases dans les grands aéroports, alors qu’auparavant elle avait focalisé son développement sur des aéroports régionaux, bon marché (et subsidiés). La compagnie Ryanair a ainsi récemment annoncé l’ouverture d’une base à Rome Fiumicino, alors qu’elle a toujours volé vers Rome Ciampino.

Ryanair avait refusé jusqu’ici d’aller dans les grands aéroports, car ces derniers coûtent plus cher que les petits. Charleroi demande 2 euros de redevance par passager, alors que le coût monte à 28 euros à Brussels Airport. A présent la compagnie estime qu’elle peut toucher une clientèle supplémentaire prête à payer un peu plus cher les tickets, notamment pour les voyages d’affaires. Car Brussels Airport ne fera pas de tarif spécial pour Ryanair. “Nous payerons le même tarif élevé que les autres compagnies” a confirmé Michael O’Leary, qui estime que les passagers payeront “les tickets les moins chers des compagnies actives à Zaventem”.

Pression sur Brussels Airlines Cette offensive va faire souffrir Brussels Airlines, qui poursuit un plan d’économie pour revenir aux bénéfices en 2014. Un de ses soucis est son réseau européen déficitaire, où les pertes devraient être plus modérées pour 2013, grâce aux mesures déjà prises (plan Beyond 2012-2013 : gel des salaires, augmentation de la productivité du personnel,…). Mesures qui ont provoqué récemment une grève des pilotes…

Parmi les lignes lancées, Ryanair va desservir Rome 3 fois par jour et Malaga 2 fois, deux lignes très importantes pour Brussels Airlines.

Attaque frontale contre Vueling Ryanair vient aussi attaquer frontalement Vueiling, un low cost espagnol, filiale du groupe British Airways-Iberia, qui a récemment annoncé 7 nouvelles destinations au départ de Bruxelles (Rome-Fiumicino, Venise, Lisbonne, Porto, Saint-Jacques-de-Compostelle, Ibiza, Palma de Majorque) pour avril prochain.

La compagnie irlandaise parie sans doute sur la faiblesse de certaines compagnies. La ligne de Rome Fiumicino va passer de 6 à 10 vols quotidiens d’ici cinq mois. Il n’est pas certain qu’ils pourront tous se maintenir. Ryanair mise certainement sur la situation très faible d’Alitalia (et de Vueling également, du reste).

Le dilemme de Brussels Airport Brussels Airport est pris entre deux feux. Il soutient explicitement la stratégie de son premier client, Brussels Airlines, qui développe des longs courriers et adapte l’aéroport à la stratégie de cette compagnie. Mais l’aéroport doit aussi réanimer une croissance qui stagne depuis la faillite de la Sabena en 2001, et il n’a jamais récupéré les 21,6 millions de passagers qui passaient à Zaventem en 2000.

En 2012, l’aéroport a accueilli 18,9 millions de passagers, et la hausse ne devrait pas atteindre 1% cette année. Ryanair pourrait donner sérieux coup de pouce. Mais à quel prix ? Brussels Airport avait tenté de développer un terminal low cost, avec des redevances plus modérées, mais a remisé le plan dans un tiroir face à l’opposition de Brussels Airlines et d’autres compagnies.

Robert van Apeldoorn

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