Voici les impacts de l’IA sur le monde du travail, selon l’OCDE : amélioration du bien-être et licenciements limités
Dans son rapport annuel sur les perspectives de l’emploi, l’OCDE se penche sur l’incidence de l’IA sur le travail. Il y a de nombreux constats positifs : les travailleurs voient de nombreuses améliorations et une minorité d’entreprises seulement supprime des postes, balayant certaines craintes. Mais d’autres constats sont moins réjouissants.
Depuis l’avènement de ChatGPT à la fin de l’année dernière, l’impact de l’intelligence artificielle sur le monde du travail fait débat. Tel ou tel métier devient-il obsolète ? Combien de métiers seront supprimés ? Combien seront créés ? Les avis vont dans tous les sens, des plus catastrophistes (notamment par des pionniers de l’IA) à des estimations plutôt positives.
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) vient mettre une pièce dans la machine ce mardi, avec son Employment Outlook 2023, rapport annuel sur les perspectives de l’emploi. Il est même fortement dédié à l’IA : le sous-titre du document de 275 pages est Intelligence artificielle et marché du travail. Mais il couvre aussi d’autres sujets, comme l’évolution des salaires réels, du chômage.
Stratégies des entreprises : les licenciements sont la dernière option
L’organisation s’est penchée sur l’impact de l’IA sur deux secteurs, la finance et la manufacture, dans sept pays différents. Force est de constater que les entreprises s’adaptent bel et bien à l’IA et que des simples licenciements, comme souvent craints, sont loin d’être la première option.
“Face à l’évolution des besoins induite par l’IA”, les entreprises veulent surtout améliorer les compétences ou faire une reconversion de leur personnel, acheter des services auprès de sociétés extérieures et recruter de nouveaux travailleurs. Une minorité compte supprimer des postes et diminuer les effectifs.
Plus largement, l’OCDE souligne que “si l’on tient compte de l’ensemble des technologies d’automatisation, IA comprise, 27 % des emplois correspondent à des professions fortement exposées au risque d’automatisation.” Plus d’un quart des emplois pourraient donc être menacés par l’IA, à terme. Le rapport n’indique pas combien d’emplois pourraient être créés, mais indique qu’il faut “recueillir des données nouvelles et de meilleure qualité” pour évaluer le phénomène plus largement.
Ressenti des travailleurs : bien-être et meilleurs résultats
Les travailleurs de ces deux secteurs ont également répondu à l’enquête. 63% des travailleurs qui utilisent l’IA se disent “plus épanouis” à leur niveau professionnel. 80% (pour la manufacture, 79% pour la finance) estiment que leurs résultats se sont améliorés. Pour 55% (pour la manufacture, finance : 54%) leur santé mentale s’est améliorée. 65% des travailleurs du secteur manufacturier voient leur santé s’améliorer (49% pour la finance). Pour 45% d’entre eux (43% pour la manufacture), le management est devenu plus équitable. 50% des travailleurs (pour la manufacture, finance : 46%) pensent que l’IA peut aider les travailleurs en situation de handicap. Le rapport n’indique pas combien de personnes ne voient pas de changement ou une évolution négative pour tous ces critères.
Pour de nombreux critères, la majorité des travailleurs voit une évolution positive. Mais pour un dernier critère, la majorité se dit inquiète. Il s’agit du risque de perdre son emploi à cause de l’IA, dans les dix ans à venir. 63% des travailleurs de la finance et 57% des travailleurs manufacturiers ont répondu avoir cette crainte. L’OCDE note d’ailleurs d’autres aspects négatifs pour les travailleurs : l’IA “entraîne aussi des risques liés à la protection de la vie privée, à l’intensité de travail et aux biais.”
L’organisation profite de ce point pour appeler à une action “urgente” des services publics. Ils devraient ainsi aider les personnes avec des revenus faibles, veiller à ce que personne ne soit exclu du marché du travail et mettre en avant la formation à l’IA.
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