Congés ­parentaux : un coparentage équilibré

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© Getty Images/iStockphoto

Kellanova, le groupe issu de la scission des activités de Kellogg, propose en Europe, et plus spécifiquement dans le Benelux, des congés ­parentaux payés qui vont bien au-delà des prescrits légaux. Ils concernent aussi les couples de lesbiennes et les couples homosexuels qui adoptent.

Depuis le 2 octobre dernier, la Kellogg Company a fait place à deux entités distinctes: Kellanova et WK Kellogg Co. La première est dédiée à l’activité céréales du petit-­déjeuner (Special K, Coco Pops, Frosties, Corn Flakes, etc.) hors Amérique du Nord ainsi qu’aux snacks (Pringles, etc.) et autres produits d’origine végétale et surgelés. WK Kellogg Co, la seconde, se concentre sur les céréales pour le marché nord-américain. A l’époque de son annonce, cette scission avait pour but de booster les parties dynamiques du groupe puisque les céréales et le petit-déjeuner familial classique n’avaient plus trop la cote outre-Atlantique. Pour la Belgique, les marques, ­toujours bien présentes, dépendent de Kellanova Benelux (un siège à Zaventem et un autre aux Pays-Bas), elle-même tributaire de Kellanova Europe basée à Dublin.

10 semaines de congés payés

Si nous vous parlons de Kellanova Benelux aujourd’hui, c’est que l’entreprise fait montre d’une politique de ressources humaines très progressiste et très inclusive. Ainsi, depuis le 1er janvier 2024, elle a mis en place pour tous les salariés dès le premier jour d’emploi, 10 semaines de congés payés pour soutenir le “coparentage”. Pour bien comprendre, sachez que les psychologues font la distinction nette entre coparentage et coparentalité. Le coparentage est l’exercice de l’éducation des enfants par deux parents en soutien mutuel et vivant sous le même toit, la coparentalité est l’exercice de l’autorité parentale partagée par deux personnes séparées. Cette distinction prend ici tout son sens.


“Chez Kellanova, nous jugeons crucial de créer un environnement de travail inclusif, explique Freya Van Grinderbeek, HR Lead chez Kellanova Benelux. Chacun a sa place chez nous quel que soit son genre, son orientation sexuelle, ses convictions philosophiques ou religieuses, etc. Nous promouvons aussi l’égalité des sexes sur le lieu de travail. Une récente étude de Rand Europe en partenariat avec la Plateforme européenne pour l’investissement dans l’enfance démontre que l’une des principales raisons pour lesquelles les coparents ne prennent pas de congé de naissance est la rémunération faible ou inexistante pendant ce congé. La société évolue et remet en question le rôle traditionnel des hommes et des femmes. Chez Kellanova, on suit cette évolution et permettons au papa mais aussi à la partenaire lesbienne de disposer d’un maximum de 10 semaines de congés payés. Nous trouvons normal que tout le monde puisse avoir du temps de qualité en famille quand celle-ci s’agrandit.”

Freya Van Grinderbeek, “HR Lead” Chez Kellanova Benelux. © D.R.


En pratique, le nombre de semaines prises est laissé à la libre appréciation du salarié avec un maximum de 10. Le dispositif légal (lire l’encadré “Quid du congé de naissance ?”) reste en place mais Kellanova paie la différence pour les 17 jours sous mutuelle et rajoute six semaines supplémentaires de congés payés. Pour une lesbienne, si elle ne rentre pas dans le prescrit légal, un congé complet de dix semaines peut être accordé. Le même principe s’applique en cas d’adoption (lire l’encadré “Les congés en cas d’adoption”) quelle que soit la composition des couples. Kellanova va prolonger le prescrit légal jusqu’à 10 semaines et compenser les jours sous mutuelle. A notre connaissance, il s’agit d’une première en Belgique.


“C’est une politique décidée par notre siège à Dublin et nous y adhérons pleinement !, souligne Freya Van Grinderbeek. Simplement, elle n’est pas implémentée partout en Europe parce que certaines législations nationales sont bien plus généreuses que la nôtre. Je voudrais encore ajouter que depuis 2022, nous soutenons aussi les femmes dont la grossesse échoue. En Belgique, elles n’ont droit à un congé de maternité que si la grossesse a au moins duré 180 jours et il n’y a pas de congé de naissance pour le papa ou la compagne. Chez nous oui et c’est aussi 10 semaines. Si l’échec de la grossesse est antérieur à 180 jours, nous octroyons deux semaines de congés payés aux deux parents.”

Quid du congé 
de naissance ?
Pour répondre à l’évolution de la société, le congé de paternité est devenu le congé de naissance. Depuis le 1er janvier 2023, le papa, pour autant que la filiation soit établie, a droit à 20 jours de congé à prendre dans les quatre mois de la naissance. Les trois premiers jours émargent au salaire garanti, les jours suivants, le jeune père passe sur la mutuelle et touche 82 % du salaire brut perdu (précompte professionnel de 11,11 % non inclus). La loi octroie désormais aussi ce congé de naissance à la partenaire lesbienne de la mère biologique. Ce droit est accordé si la partenaire a reconnu elle-même l’enfant. A défaut, elle doit prouver son partenariat avec la maman soit via une déclaration de cohabitation légale, soit démontrer, via une extrait du registre de population, une cohabitation officielle de minimum trois ans avant la naissance. Il va de soi que le père biologique ne peut pas avoir reconnu ­l’enfant.

Ménopause et violence familiale

La ménopause et son cortège de symptômes plus ou moins intenses (bouffées de chaleur, insomnies, anxiété, problèmes de concentration, etc.) demeurent un sujet tabou en Belgique. Securex, le prestataire de services RH, l’avait amplement démontré dans une remarque étude inédite parue l’an dernier. On y découvrait qu’un quart des femmes ménopausées n’osaient pas aborder leurs soucis avec leur employeur. Depuis 2022, Kellanova a pris des mesures pour soulager la quotidien au travail des femmes ménopausées: flexibilité accrue, adaptations du poste de travail (ventilateur, etc.) et accueil personnalisé (et anonymisé si nécessaire) auprès d’une ligne ouverte 24 h sur 24, sept jours sur sept, avec des psychologues, des coachs, etc.


L’entreprise s’inscrit aussi pleinement dans la lutte contre les violences domestiques. “Nous avons instauré un climat de confiance, conclut Freya Van Grinderbeek. Nos managers sont formés à l’écoute et à l’empathie. Dans ces cas parfois très compliqués, nous offrons une flexibilité accrue au travail, 10 jours de congés payés et un support légal avec une première heure payée chez un avocat. Nos employés sont au courant de ces dispositions à leur arrivée chez nous et de tout ce que nous initions pour leur bien-être.” Depuis sa mise en place en 2023, cette dernière disposition n’a heureusement pas encore dû être activée…

Les congés en cas d’adoption
Si deux hommes ou deux femmes en couple adoptent légalement un enfant mineur, ils tombent simplement dans le cadre du congé d’adoption. Ils ont droit, comme les couples “traditionnels”, chacun à six semaines de congé maximum. Là aussi les trois premiers jours sont à charge de l’employeur, le reste à celle des mutuelles avec une allocation correspondant à 82 % du salaire brut perdu (précompte professionnel de 11,11 % non inclus). Il est possible de prolonger, sous conditions, ce congé de trois semaines mais ce rajout est à partager entre les deux parents.

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