Tout le monde connaîtra bientôt le salaire de tout le monde

D’ici à 2026, les entreprises seront tenues de communiquer de manière transparente sur les salaires. L’avis des travailleurs belges est plutôt mitigé quant à cette grande divulgation.

Combien gagne votre voisin dans l’open space ? Combien gagne le nouvel arrivant ? Et combien gagne votre supérieur ? Des questions qui aujourd’hui sont encore un peu taboues, mais qui pourraient bientôt trouver réponse.

Une directive européenne invite les pays à réformer leur législation des salaires, d’ici à 2026. Les entreprises notamment doivent devenir plus transparentes sur les salaires et afficher les différentes rémunérations, avantages extralégaux inclus, de leurs employés. Une mesure qui vise notamment à lutter contre les inégalités salariales entre hommes et femmes.

Mitigé

Mais que pensent les Belges de cette possibilité ? L’avis du marché du travail est assez mitigé, explique Maaike De Prins, consultante du prestataire de services en ressources humaines SD Worx dans les pages de la VRT. Près de la moitié des travailleurs ne voit pas d’inconvénient à communiquer de manière transparente sur leur rémunération. Mais un quart est catégoriquement contre et préfère garder ces informations pour soi.

L’experte y voit surtout un fossé générationnel. Les jeunes travailleurs seraient beaucoup plus ouverts sur leur rémunération, ce qui fait “qu’ils osent également être un peu plus tranchants lors des négociations salariales”, selon Maaike De Prins. La génération plus âgée estime de son côté que le salaire tient de la vie privée.

Pour bon nombre des travailleurs belges, la transparence des salaires sera donc vécue comme une violation de leur vie privée et un inconfort. Tandis que pour d’autres, ce serait loin d’être la fin du monde.

Salaires inégaux ?

Autre crainte que peuvent avoir les employés, c’est qu’une fois que les salaires sont publics, il y ait un grand alignement pour effacer les différences. C’est-à-dire une baisse pour certains, si une hausse n’est pas possible pour les autres. Mais l’experte souligne que c’est impossible en Belgique et que des accords pour que quelqu’un fasse une dégradation de poste pour être moins payé sont très rares.

Dans le cas où travailleur constate qu’il gagne moins que son collègue, De Prins conseille deux choses. “Tout d’abord, prenez du recul et vérifiez si ce collègue ne fait pas plus de contenu ou s’il n’a pas plus d’expertise ou de responsabilités. Si ce n’est pas le cas, vous devez dialoguer avec votre supérieur hiérarchique de manière non offensante”.

Gestion des salaires

Même si les salaires peuvent aujourd’hui encore être opaques, la communication reste importante. L’experte déconseille par exemple aux entreprises de donner des augmentations ou un salaire plus élevé (pour un nouvel arrivant) et de dire aux employés concernés de ne rien dire. Cela créerait un climat de méfiance. Il faudrait plutôt être transparent et dire la raison, comme le fait de vouloir attirer un talent ou pour les bonnes performances.

Elle estime aussi que les salaires sont toujours liés à des postes et à des rôles fixes, et qu’il faudrait casser ce carcan et proposer des rémunérations plus personnelles, en fonction des prestations et performances. Mais elle reconnaît que ce n’est pas évident. Elle note en tout cas quelques éléments positifs découlant de cette transparence : de la compétitivité sur le marché du travail et des perspectives plus claires pour les travailleurs qui veulent évoluer au sein d’une entreprise (ou pas).

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