Prévention du burn-out: une demande accrue pour du coaching

Maladie de notre époque, le burn-out nécessite aujourd’hui des actions de prévention de la part des entreprises, plutôt que de lutter contre ses effets. Une étude conduite par l’International Coaching Federation auprès de top managers belges indique, sans surprise, un intérêt croissant pour le coaching qui, pour certains, devrait même devenir obligatoire.
Dans un livre cinglant appelé Développement (im)personnel, la philosophe Julia de Funès, à raison, s’en prenait à l’imposture des coaches. Selon elle, le coaching est à la psychanalyse ce que l’homéopathie est à la médecine. Elle ne visait pas les coachs certifiés par des institutions reconnues mais par tous ces gens qui s’improvisent coaches sans en avoir ni l’expérience ni la formation. C’est tout le souci d’une profession non régulée et tout l’intérêt de l’International Coaching Federation (ICF), dont les standards sont extrêmement élevés. Forte de 60.000 membres répartis dans 160 pays, elle est la plus grande organisation mondiale qui certifie des coachs expérimentés.
“L’ICF, qui fête ses 30 ans cette année, est un label de qualité, souligne Isabelle Maes, virtual community manager de l’ICF. Nous ne cessons, comme vous le dites, d’augmenter les standards de notre profession. Son but est, entre autres, d’expliquer au public et aux entreprises ce qu’est le coaching et ce qu’il n’est pas. Nous organisons tous les mois près de 1.500 événements dans le monde entier : workshops, démonstrations, etc. Choisir un coach affilié à l’ICF permet de garantir l’expertise et le respect d’un code éthique. Notre procédure de validation est très stricte et, d’ailleurs, nous ne certifions pas à vie. Cette certification se renouvelle tous les trois ans avec la nécessité d’une formation continue. La fédération accrédite aussi un certain nombre de formations aux standards très élevés et pour tous les niveaux. Les suivre est une garantie de pouvoir plus facilement s’affilier par la suite à l’ICF.”
Une enquête ciblée
Le bien-être au travail n’est pas un phénomène de mode. Il répond à des besoins accrus de prévention vu la prévalence sans cesse croissante au travail des problèmes de santé mentale dont le burn-out. Pour prévenir plutôt que lutter contre les effets, les entreprises mettent, de plus en plus, en place des programmes d’accompagnement et de développement de leurs collaborateurs. Le coaching, qui n’est pas une psychothérapie, a certainement un rôle à jouer notamment pour analyser objectivement des situations personnelles devenues compliquées et trouver des solutions comportementales.
Mais justement, quelle est la place, aujourd’hui en Belgique, de ce coaching dans la prévention du burn-out ? C’est ce qu’a voulu savoir l’ICF au travers d’une enquête très ciblée menée par iVox auprès de 250 cadres supérieurs belges, soit des CEO et des membres de ce qu’on appelle la C-Suite. On y apprend que 57 % de ces managers de haut niveau considèrent la prévention du burn-out comme une priorité et 62 % des personnes qui reconnaissent le burn-out estiment même que le coaching devrait devenir obligatoire.
“Le burn-out est en hausse en Belgique et dans le monde, poursuit Isabelle Maes. Les données de l’étude prouvent que celui-ci – le plus souvent causé par une pression constante pour obtenir des résultats (42 % des personnes interrogées, ndlr), une charge de travail écrasante (41 %) et un manque d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée (35 %) – est un défi important que les managers et les dirigeants cherchent à surmonter. Le coaching est un moyen avéré de prévenir le burn-out avant qu’il n’interrompe la qualité et la productivité du travail.”
“Le coaching est un moyen avéré de prévenir le burn-out avant qu’il n’interrompe la qualité et la productivité du travail.” – Isabelle Maes (ICF)
Sans surprise, 69 % des managers considèrent le burn-out comme une combinaison de facteurs personnels et professionnels. Plus intéressant, l’étude se penche aussi sur les conséquences (outre celles liées aux employés) opérationnelles pour les entreprises. Le plus grand danger, selon 53 % des managers, est une perte de productivité et de ressources. En outre, 43 % considèrent le burn-out comme un défi pour le leadership, tandis que 28 % le voient également comme un potentiel risque réputationnel. Ces chiffres confirment, s’il le fallait encore, toute l’importance des stratégies préventives au sein des organisations, pour protéger à la fois les employés et la continuité des activités.
“Les effets d’entraînement du burn-out, en particulier parmi les dirigeants d’entreprise, peuvent être considérables, confirme Florent Schaeffer, regional manager pour l’Europe et l’Afrique chez ICF. Lorsque le burnout n’est pas traité de manière proactive, il peut rapidement nuire à l’engagement, au bien-être et à la rétention des dirigeants et des employés. Malheureusement, seuls 18 % des managers interrogés déclarent disposer d’outils de prévention pour faire face aux risques potentiels.”
Les armes pour agir
La faiblesse de ce dernier chiffre inquiète tout de même, compte tenu de la prévalence belge du burn-out. En outre, dans l’étude, sept managers sur 10 conscients du burn-out n’ont pas encore engagé de coaching spécifique pour prévenir ou traiter ses impacts. Mais il y a une volonté claire de changement, puisque plus de moitié des personnes interrogées se disent intéressées par le coaching comme arme supplémentaire pour agir. Enfin, l’étude démontre aussi que les managers de la génération X et les plus jeunes sont mieux formés à la prévention du burn-out et sont plus sensibilisés à l’apport du coaching. Ce dernier n’est efficace que s’il est proposé et pas imposé. C’est l’aboutissement d’une démarche personnelle et du choix d’un coach avec lequel il y a une adéquation culturelle et émotionnelle. Il est donc crucial de s’informer avant de se lancer. Il faut du courage et de l’humilité pour entamer une telle démarche, se remettre en question et tenter d’exploiter son potentiel au maximum.
Mais parler de ses problèmes n’est pas chose aisée comme viennent encore de le démontrer les résultats de la première année du programme “J’entreprends mon bien-être” mis en place par l’UCM, qui vise à sensibiliser les indépendants et dirigeants sur des enjeux de santé mentale tels que la gestion du stress et la prévention des situations de burn-out. Une récente table ronde de l’UCM sur le sujet a clairement mis en évidence des situations de déni et de difficultés à dire que quelque chose ne va pas. Les intervenants ont aussi clairement évoqué le besoin de parler et de communiquer et de ne surtout pas recevoir de leçon.
Quelle que soit la solution choisie (psychiatres, psychologues, coachs, etc.), il est important de prendre soin de sa santé mentale au travail. Là aussi, comme dans l’évolution de sa carrière, chacun doit jouer le rôle principal.
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