L’Open VLD veut libéraliser totalement le travail étudiant
Pour lutter contre les pénuries de main d’œuvre, l’Open VLD propose aux entreprises d’engager massivement des étudiants.
Les députés Vincent Van Quickenborne et Tania De Jonge ont déposé
une proposition de loi visant à supprimer le plafond d’heures de travail autorisées pour les étudiants
(600 heures par an). “Les pénuries sur le marché du travail sont telles qu’on ne parle plus de
goulet d’étranglement pour certaines professions mais pour toute l’économie, explique
l’ancien vice-Premier ministre au Nieuwsblad. Notre proposition aidera donc à la fois
l’économie et les étudiants qui souhaitent gagner un peu d’argent.”
Bénéfique pour les jeunes
“Le travail étudiant ne résoudra pas tous les problèmes mais il peu assurément faire partie de
la solution, commente Sébastien Delfosse, managing director chez ManpowezGroup BeLux. Les
pénuries de main d’œuvre touchent aujourd’hui tous les secteurs et de nombreux niveaux de
fonction. Cela handicape la croissance de nos entreprises, il est urgent d’y remédier. » Il
ajoute que la stimulation du travail étudiant est bénéfique pour les jeunes car cela leur
apporte une première expérience avec le monde du travail, avec la vie dans une entreprise.
Les statistiques de l’ONSS nous indiquent que 626.000 étudiants (dont 53% de filles) ont
travaillé en 2022, soit une croissance de 50% en dix ans. Les étudiantes prestent en moyenne
211 heures sur l’année et les étudiants 200, ce qui est loin du plafond légal de 600 heures (il
a été relevé l’an dernier, avant c’était 475 heures). Leurs gains se situent, toujours en
moyenne, un peu en-dessous des 3.000 euros sur l’année.
En soi, il n’existe aucune limitation au travail des étudiants. Ce qui est limité, c’est le nombre
d’heures exonérées de cotisations sociales ainsi que le niveau de revenus en-dessous duquel
l’étudiant reste fiscalement à charge des parents. La proposition de loi de l’Open VLD
supprimerait ces plafonds, pour éviter que la hausse des revenus d’un étudiant n’entraîne
une hausse des impôts de ses parents. Dans le même esprit, Vincent Van Quickenborne
suggère une discussion avec les Régions, pour éviter tout impact sur le droit aux allocations
familiales pour l’étudiant qui travaillerait plus de 600 heures sur l’année.
“Ne créons pas un marché du travail à deux vitesses “
« Si l’intention de stimuler le travail étudiant est bonne, il ne faudrait pas non plus aller trop
loin, nuance Sébastien Delfosse. Cela peut générer un effet d’aubaine pour les entreprises,
tentées de privilégier cette main d’œuvre à moindre coût. Ne créons pas un marché du
travail à deux vitesses et veillons aussi au financement de la sécurité sociale. Si ce
financement est déstabilisé, on crée un problème à long terme qui, d’une manière ou d’une
autre, finira par être à la charge des entreprises. » Il invite à ne pas oublier les problèmes
structurels de notre marché du travail, et par ricochet de notre sécurité sociale, à savoir
l’explosion de l’inactivité due à des maladies de longue durée.
Enfin, n’oublions pas que la tâche prioritaire des étudiants reste… d’étudier. Ils ne sont a
priori disponibles qu’en dehors des heures scolaires et ne peuvent donc répondre que
partiellement aux besoins structurels des entreprises. « L’ONSS contrôle cela de manière
assez stricte, assure Sébastien Delfosse. L’entreprise qui emploierait un étudiant pendant ses
heures de cours pourrait recevoir un avis de rectification des cotisations sociales dues. »
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