En Belgique, 7 entreprises sur 10 rejettent la semaine de quatre jours
La semaine des quatre jours prévue dans le Deal pour l’emploi séduit les travailleurs belges. Leurs entreprises ne veulent cependant pas de cette organisation, mais envisagent une autre forme de flexibilité horaire.
Le deal pour l’emploi change la donne sur le marché du travail belge et se veut une avancée importante pour l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des salariés. Une enquête du cabinet d’avocats Claeys & Engels montre que les travailleurs belges sont demandeurs de la semaine de travail de quatre jours.
Un tiers des entreprises (31%) a ainsi déjà reçu une demande dans ce sens de la part de leurs travailleurs. Ce chiffre atteint même plus de la moitié dans les grandes entreprises (54%). Pourtant, 7 entreprises sur 10 (70 %) refusent cette organisation du travail hebdomadaire invoquant des considérations pratiques et une absence de directives claires.
D’autre part, près de 4 entreprises sur 10 (40%) envisagent une autre forme de flexibilité: un horaire hebdomadaire flexible. Dans ce cas, le travail effectué au cours d’une semaine est compensé par un rythme de travail différent la semaine suivante.
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Droit à la déconnexion
Par ailleurs, à partir du mois d’avril, dans les entreprises de plus de 20 salariés, le droit à la déconnexion sera obligatoire. Selon l’enquête de Claeys & Engels, chez 3 employeurs sur 10 (28%), les travailleurs ont sollicité l’introduction du droit à la déconnexion. Toutefois, ce chiffre varie entre les petites et les grandes entreprises, puisque seulement 14% des petites entreprises et près de 40% des grandes déclarent avoir reçu de telles demandes. Cette différence s’explique en partie par le fait que la loi n’oblige que les entreprises de 20 salariés ou plus à offrir ce droit. Près de la moitié des entreprises interrogées (47 %) ayant déjà introduit le droit à la déconnexion l’a fait par le biais d’une modification de leur règlement de travail.
Plus de 8 professionnels RH sur 10 peinent à pourvoir les postes vacants
Par ailleurs, les entreprises ont encore beaucoup de mal à faire face à la pénurie qui règne sur le marché du travail, révèle l’enquête du cabinet d’avocats. Plus de 8 professionnels RH sur 10 (84 %) ont du mal à pourvoir les postes vacants. Dans les grandes entreprises, ce chiffre atteint même 9 sur 10 (89 %). Dans les petites et grandes entreprises, il faut entre deux et six mois pour recruter un candidat adéquat. Les entreprises de taille moyenne sont celles qui réussissent le mieux à attirer les talents. Chez elles, pourvoir un poste vacant prend entre 20 jours et deux mois.
Dans ce contexte de marché du travail tendu, les entreprises recherchent davantage de stabilité de leurs effectifs. Conséquence : le recours aux contrats à durée indéterminée augmente considérablement. Le nombre de contrats à durée indéterminée a augmenté de 7% en 2022 par rapport à l’année précédente. Pas moins de 8 entreprises sur 10 (81 %) prévoient désormais cette approche pour attirer de nouveaux talents en 2023.
Un autre résultat qui frappe dans le rapport de Claeys & Engels a trait à l’absentéisme. Depuis novembre 2022, les travailleurs ne sont plus tenus de présenter un certificat médical en cas d’absence d’un jour. L’absentéisme n’a cependant pas augmenté constatent près de 8 entreprises sur 10 (78%). Près de la moitié des entreprises interrogées n’a cependant pas communiqué à ses travailleurs cet assouplissement de la loi.
Des mesures d’économie contre l’indexation et la crise énergétique
Enfin, il est intéressant de noter que trois quarts des entreprises belges (72%) prennent proactivement des mesures pour réduire leurs dépenses et assurer leur rentabilité. Elles le font suite à une augmentation des coûts liés à l’indexation des salaires et dans un contexte de crise énergétique. En Belgique, les entreprises considèrent diverses options, notamment un gel temporaire des embauches (36%), des licenciements/réorganisations (28%) et des formes de rémunération alternative non soumises à l’indexation obligatoire (26%).
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“Elles agissent ainsi pour continuer à opérer dans un climat économique difficile“, déclare Olivier Wouters, Managing Partner de Claeys & Engels. “Ces mesures de réduction des coûts témoignent de la résilience et de l’ingéniosité d’entreprises en quête d’équilibre et de stabilité en période d’incertitude.”
Autre fait marquant de l’étude également : 1 entreprise sur 10 est allée au-delà de l’indexation en proposant à ses employés des mesures de soutien face à la hausse des prix de l’énergie, et ce malgré le coût supplémentaire (12%) que ces mesures ont engendrées pour l’employeur.
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