Edgar Grospiron, de champion olympique de ski à conférencier à succès

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Premier champion olympique de l’histoire du ski de bosses en 1992, le Français Edgar Grospiron utilise aujourd’hui son expérience de sportif de très haut niveau pour conseiller les entreprises dans des thèmes aussi porteurs que l’engagement, la performance, le sens et le management bienveillant.

Le ski acrobatique est devenu discipline olympique en 1992 (en tous cas la discipline de ski de bosses, les autres suivant plus tard). Organisés cette année-là en France, à Albertville, les JO d’hiver avaient consacré le champion du monde en titre de ski de bosses de l’époque: un certain Edgar Grospiron. En 1995, le Français mettait un terme à sa carrière sportive après trois titres de champion du monde et une nouvelle médaille olympique, en bronze celle-là, décrochée à Lillehammer en 1994.

Quasiment 30 ans plus tard, l’homme n’a rien perdu de son allure sportive et il n’est pas rare de le voir mimer des figures de ski de bosses sur une estrade ou une scène. Coach certifié, entrepreneur, consultant et business angel, Edgar Grospiron est aujourd’hui un conférencier professionnel très recherché en France. Il utilise sa carrière de sportif de très haut niveau, riche de réussites, d’échecs et de remises en question, pour conseiller les entreprises sur les sujets brûlants qui animent les ressources humaines. Champion olympique, l’homme inspire le respect.

Edgar Grospiron hier comme aujourd’hui “En fin de compte, je n’ai fait que changer de planches: des skis au bois des estrades ou des scènes.”
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“Quand on donne des conférences, on dispose d’une ou deux minutes pour convaincre l’auditoire de sa crédibilité, explique Edgar Grospiron. Je suis champion olympique et je viens parler de performance et de motivation. Je suis donc crédible. Les gens me connaissent et savent qui je suis et d’où je viens. D’ailleurs, en fin de compte, je n’ai fait que changer de planches: des skis au bois des estrades ou des scènes.

Et puis, le ski de bosses était un vrai spectacle. Or, une conférence que l’on désire attractive et marquante pour justifier que les gens se soient déplacés n’est pas si éloignée d’un one-man-show. Et j’ai toujours aimé sortir des sentiers battus. Pour un skieur, le ski de bosses était un sport atypique. Ma reconversion le fut tout autant. J’aurais aisément pu être entraîneur mais j’avais envie de quelque chose de différent, qui fasse sens et soit en phase avec mon désir de transmission.”

Des parallèles

Dans ses conférences, Edgar Grospiron se sert du sport comme prétexte pour faire passer des messages sur le leadership, la performance et la motivation. Il faut dire qu’il existe des parallèles évidents entre le sport et le monde de l’entreprise. L’un et l’autre sont une aventure qui tend vers des objectifs précis, qui nécessite de la performance et que l’on ne peut réussir seul.

Dans les deux cas, s’entourer et veiller à la complémentarité de l’équipe est essentiel. Quant au sportif/manager/leader, il doit inspirer et générer de la confiance dans ses capacités et ses choix. Voilà pourquoi les thèmes choisis par les entreprises tournent principalement autour du bien-être sur le lieu de travail.

“Les managers doivent veiller à ce que les équipes retournent chez elles le soir avec la satisfaction du travail accompli, confirme Edgar Grospiron. Si on rentre avec plus d’énergie que le matin, c’est le graal. Hélas, ce n’est pas comme cela tous les jours, sans quoi on ne parlerait plus de bien-être au travail. Il faut donc travailler sur les conditions qui permettent cela: la reconnaissance, la confiance, l’enthousiasme, l’autonomisation, etc. Dans les thèmes porteurs qu’on me demande, se trouvent souvent l’engagement, l’audace, la résilience, le dépassement de soi et le sens. Le télétravail, en France comme chez vous, a bousculé les codes. Au bureau, il faut mettre en place une approche ludique axée sur le plaisir de se voir, la cohésion d’équipe et la progression collective. Le vrai boulot, lui, s’abat désormais en télétravail. Mais cette démarche impacte les managers. Et nombreuses sont les entreprises qui cherchent à trouver du sens dans ce contexte, à s’adapter à un monde qui bouge, mais tout en restant performantes. Ce sens, c’est de permettre aux employés de se profiler dans quelque chose de plus grand qu’eux et qui corresponde à leurs valeurs. Sans ce sens, pas de motivation. J’ajouterais qu’une entreprise ne peut plus se permettre d’avoir des bullshit jobs. Cela dégrade sa marque employeur.”

“Tout le monde échoue un jour. Moi aussi, dans ma carrière, j’ai échoué. On peut soit en faire un drame, soit en tirer de précieux enseignements…”

On en revient dès lors à la notion très prégnante de nos jours, et encore plus chez les jeunes, de l’impact sociétal d’un employeur et de la nécessité d’avoir une raison d’être forte qui emporte l’adhésion. “C’est tout à fait cela. Il faut pouvoir admettre qu’une raison d’être ne peut pas correspondre à tout le monde. Elle dépend aussi du contexte. Je ne vais pas vous apprendre que le monde qui nous entoure est très éruptif en ce moment, singulièrement en France. Je suis skieur? Je pollue et dégrade la montagne! Je travaille dans l’aéronautique ou l’aviation? Je devrais avoir honte de participer au dérèglement du climat! A l’inverse, la filière nucléaire, longtemps décriée, est de nouveau hype. A côté de ce contexte volatil, des entreprises ont du mal à attirer car elles souffrent d’une image dégradée qui n’est pas conforme à la réalité. Et ce en raison, entre autres, du miroir déformant des réseaux sociaux.”

Un pas en avant

Dans ses conférences, dans ce contexte de bien-être, terreau de la motivation et de la performance, Edgar Grospiron insiste sur la nécessité d’un management bienveillant. “La bienveillance, c’est un vrai sujet. Selon moi, elle ne doit pas se faire au détriment de l’exigence de la performance. Tout est une question – fine, je l’admets – de curseur. Il faut se montrer exigeant sur le fond mais bienveillant sur la forme. Il faut être souple, par exemple sur la manière d’arriver aux objectifs, et cela passe entre autres par de l’autonomisation et de la responsabilisation. Etre exigeant sur les points forts des collaborateurs, mais bienveillant sur leurs points faibles. Faire grandir les premiers va aussi permettre de compléter les seconds. Etre exigeant sur la capitalisation d’expérience, mais bienveillant sur les échecs. Car tout le monde échoue un jour. Moi aussi, dans ma carrière, j’ai échoué. On peut soit en faire un drame, soit en tirer de précieux enseignements…

Edgar Grospiron revient aussi sur l’avènement des soft skills et dresse un parallèle saisissant entre les émotions d’un sportif qui lui font perdre les pédales ou le paralysent lors d’une compétition importante, et celles d’un manager coincé entre son équipe et la pression de la direction pour obtenir des résultats.

“Je suis bien conscient que dans les entreprises, tous les managers ne sont pas au même niveau sur le plan des soft skills. Comme il y a des profs qui vous font aimer ou détester les maths, il y a des managers qui vous font aller au travail avec plaisir ou avec des pieds de plomb. Une conférence réussie n’est pas celle qui aligne tout le monde mais qui, sur un sujet donné, permet à tout le monde d’avoir fait un pas en avant dans la bonne direction. De nos jours, ces soft skills sont d’autant plus importantes que la pression des résultats et des budgets est devenue très forte, en raison du contexte économique compliqué. Un manager doit gérer ses émotions face à cette pression comme un sportif ne doit pas perdre ses moyens lors d’une compétition importante. Le manager doit importer la pression et exporter de la confiance. Il doit servir de tampon et aider ses équipes à réguler leurs propres émotions. A les exprimer, aussi, pour comprendre d’où elles viennent. Dire de ne pas s’inquiéter et que ça va aller ne sert à rien. Cela n’enlève pas les doutes ni inspire de la confiance.”

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