Désengagement, congé maladie, télétravail : la parade des travailleurs belges pour préserver leur santé mentale

La santé mentale des Belges s’est détériorée en 2023. Aujourd’hui, 1 Belge sur 5 a de sérieuses difficultés à s’en sortir. Un chiffre alarmant qui s’explique par un sentiment d’insécurité accru généré notamment par l’essor de l’IA dans le milieu professionnel. C’est ce qui ressort du dernier rapport international Mind Health d’AXA.

L’indice de santé mentale de notre pays se détériore, selon le rapport international Mind Health d’AXA (2024). La moitié des Belges (49 %) déclarent avoir des difficultés d’ordre psychologique. 1 sur 5 éprouve de sérieuses difficultés à faire face à la situation. La dégradation de la santé mentale de la population active belge est liée à la sphère personnelle (35 %), à la sphère professionnelle (22 %) ou à une combinaison des deux (24 %). « Il n’est pas étonnant qu’en période d’incertitude, les gens éprouvent davantage de difficultés d’ordre psychologique », souligne Lode Godderis, professeur au centre milieu et santé de la KU Leuven citée par AXA. Les conséquences de la pandémie, le futur géopolitique incertain, mais aussi l’impact de l’IA sur notre travail ​sont des facteurs qui contribuent à un sentiment général d’incertitude et de peur. »

Les conséquences de la pandémie, le futur géopolitique incertain, mais aussi l’impact de l’IA sur notre travail ​ sont des facteurs qui contribuent à un sentiment général d’incertitude et de peur. 

Lode Godderis, professeur au centre milieu et santé de la KU Leuven

Des niveaux alarmants sur le lieu de travail

Les difficultés rencontrées sur le lieu de travail atteignent des niveaux alarmants. Selon le rapport, environ 1 travailleur belge sur 10 indique avoir souffert d’un burn-out au cours de l’année passée. Un peu plus d’un quart des travailleurs belges (26 %) déclarent avoir ​pris un congé de maladie en raison de troubles d’ordre psychologiques.

Ces multiples problèmes de santé mentale liés au travail ne sont pas sans conséquence. Ainsi, 3 personnes sur 4 déclarent souffrir de fatigue, de troubles du sommeil, de stress, de perte d’intérêt et de confiance, ou encore de troubles alimentaires. Pour lutter contre ce mal-être, 60% des travailleurs interrogés envisagent des actions. En premier lieu, ces troubles provoquent un désengagement prononcé de la part des travailleurs touchés. Ces derniers se disent moins impliqués dans leurs tâches quotidiennes, en prestant moins d’heures et en endossant moins de responsabilités. Un comportement aussi connu sous le terme de « quiet quitting » (ou démission silencieuse), cette pratique qui consiste à effectuer son travail au strict minimum, sans fournir d’heures ni d’efforts supplémentaires, au lieu de quitter son emploi. Pour certains employés, il s’agit plutôt d’une nécessité afin de se ménager et d’éviter le burn-out.

D’autres options sont envisagées, comme prendre un congé maladie, entamer une formation pour changer de job ou faire appel à la mobilité interne. Le télétravail est aussi plébiscité pour éviter de se rendre au bureau. Une minorité pense à changer de travail ou même à prendre une année sabbatique.

Les Belges font plus souvent appel à un conseiller professionnel

Par rapport aux autres pays européens, les travailleurs belges sont légèrement plus enclins à consulter un professionnel (52 % contre 46 % en moyenne européenne). Cette tendance est particulièrement prononcée chez les travailleurs souffrant d’épuisement professionnel : 73 % des Belges consultent dans ce cas un professionnel de la santé, contre 51 % en moyenne européenne. Le seuil à franchir pour évoquer des difficultés d’ordre psychologique dans l’environnement de travail semble plus élevé. Seule la moitié des travailleurs belges font toutefois confiance à l’encadrement possible dans leur environnement professionnel et hésitent à en parler de leur mal-être à leur hiérarchie. AXA Belgium estime que cette confiance serait plus élevée si les travailleurs étaient mieux informés des initiatives existantes. Après un burn-out, seulement la moitié de la population était satisfaite de la manière dont leur entreprise a réagi.  

Lode Godderis (IDEWE) souligne les effets positifs des contacts interpersonnels au travail. « Soyons conscients de ce que chacun peut faire pour l’autre. Demandez régulièrement comment ça va. Mais posez-vous aussi la question suivante : comment se passe la collaboration ? Pourquoi la charge de travail est-elle (trop) élevée ? Quelles sont les solutions possibles ? … Parler des difficultés constitue le premier pas vers l’amélioration du bien-être mental au travail. »

Une demi-journée de congé par mois

La prévention et la protection constituent une deuxième étape, avance Karel Coudré, Director Life & Health chez AXA Belgium. Et ce, de diverses manières. « Cela inclut des formations en gestion du personnel pour les managers, mais aussi l’extension de la politique médicale aux soins de santé mentale », explique l’expert. De leur côté, les attentes des employés sont multiples et diverses. Certains évoquent l’idée de mettre en place une « journée de soins de santé mentale », soit une demi-journée de congé une fois par mois pour prendre soin de son mental.

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