Reprise des magasins Galeria: le concept du grand magasin est-il encore viable ?

Sebastien Marien Stagiair Data News 

La société d’investissement américaine NRDC souhaite garder plus de 70 des 92 magasins allemands de la chaîne Galeria, dirigée par le belge Olivier Van den Bossche. Pas une évidence quand on sait que le concept du grand magasin est sous pression à cause des boutiques en ligne qui offrent une gamme plus large. Et qu’en est-il d’Inno et ses seize magasins en vente dans notre pays ?

Bonne nouvelle pour la chaîne de distribution allemande Galeria Karstadt Kaufhof, la société mère des magasins belges Inno. Mardi, un accord a été signé qui permet de garder ouverts 70 des 92 magasins. C’est plus que prévu. Les acquéreurs sont l’entrepreneur américain Richard Baker, via sa branche d’investissement NRDC, et l’entrepreneur allemand Bernd Beetz.

Olivier Van den Bossche

Une procédure d’insolvabilité pour la maison-mère d’Inno, Galeria Karstadt Kaufhof, avait été ouverte début du mois. Ce genre de procédure permet aux entreprises de se restructurer ou les aide à liquider leurs actifs de manière ordonnée. Elle veille également à ce que les créanciers soient traités équitablement. Il s’agit de la troisième procédure d’insolvabilité en trois ans et demi. La chaîne, dirigée par le Belge Olivier van den Bossche, faisait partie du groupe Signa de l’Autrichien René Benko, qui a été placé sous administration judiciaire.

L’accord avec les nouveaux acquéreurs américains et allemands n’est pas encore entré en vigueur. Ce ne sera le cas que lorsque le tribunal d’Essen et les créanciers auront approuvé le plan d’insolvabilité du curateur Denkhaus. Les créanciers se réuniront le 28 mai pour voter dans un centre de congrès à Essen.

Les magasins belges restent à vendre

Martine Baetslé, porte-parole des magasins Inno belges, confirme à Trends que l’acquisition de la société mère et la procédure d’insolvabilité sont indépendantes de la vente des seize magasins belges. “La vente des magasins reste d’actualité et nous vous tiendrons informé dès que nous en saurons plus”. Baetslé souligne également que les magasins belges suivent une trajectoire totalement indépendante de Galeria et qu’ils ont un EBITDA positif. Les seize magasins belges sont des grands magasins typiques et donc de vastes espaces commerciaux, vendus dans leur ensemble. Il y a une bonne raison à cela, explique l’experte en vente au détail Els Breugelmans (KU Leuven). “De cette manière, le groupe de magasins peut communiquer au niveau national. Une stratégie omnicanal de magasins physiques et de boutique en ligne a le plus de chances de réussir. Mais je trouve quand même Inno un tantinet trop positif, car il sera difficile de trouver un acteur qui souhaite reprendre les seize magasins. En tant qu’employé, je n’aurais pas le sommeil tranquille.”

Si la chaîne se fragmente et est par exemple vendu à la pièce, cela change complètement la situation, estime encore l’experte en vente au détail. “Cette vente d’Inno est beaucoup plus complexe que, par exemple, la privatisation de Delhaize, où chaque magasin a un propriétaire différent. Cette complexité réside dans les accords avec les partenaires, les marques de vêtements. Or pour un magasin indépendant, il est beaucoup plus difficile de conclure des contrats avec des partenaires.”

Grands magasins

Et même si Inno trouve un acquéreur en Belgique, la chaîne n’en restera pas moins confrontée à un grand défi, souligne l’experte. “Les grands magasins comme Inno avaient autrefois l’avantage de combiner différentes marques dans un seul grand espace de vente. Aujourd’hui, une offre encore plus large est disponible qu’à un seul clic de nous.” Selon Breugelmans, Inno est bien conscient de ce problème. “On remarque qu’un repositionnement a été opéré. L’accent a été mis sur la qualité et le service. Non seulement les marques, mais aussi le personnel sont au centre de cette stratégie qui vise à améliorer l’expérience client. Ce concept de magasin peut également être très bien combiné avec une boutique en ligne, où le magasin en ligne et le magasin physique se renforcent mutuellement. Il y a pas mal de choses qu’Inno peut faire pour encore améliorer l’expérience d’achat. Un de ses atouts est la superficie énorme des magasins. Cela crée nombre de possibilités. Je pense à des ateliers, au renforcement de la communauté et à la restauration.”

Blanchiment d’argent

Enfin on notera aussi que depuis le mois dernier, une enquête pour suspicion de blanchiment d’argent est en cours en Allemagne chez Signa, le groupe autrichien auquel appartient Galeria Karstadt Kaufhof. Le groupe Signa a, après une forte croissance, rencontré de graves problèmes en raison de l’augmentation des taux d’intérêt, des coûts de construction et des prix de l’énergie.

René Benko, propriétaire de Galeria et de Signa, a même réclamé sa propre insolvabilité un peu plus tôt ce mois-ci pour sa société privée. Les créanciers, mais aussi le fisc autrichien, sont à ses trousses. Et ce alors qu’il était considéré il y a quelques mois encore comme un multimilliardaire. L’été dernier, Forbes estimait ainsi la fortune de René Benko à environ 5,5 milliards d’euros. Fin novembre, elle avait fondu de plus de moitié.

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