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Renault et Fiat-Chrysler se marient, mais à quel prix ?

Renault et Fiat-Chrysler ont décidé d’entamer des négociations pour se marier. Mais pourquoi ? Quel est l’intérêt d’une fusion entre ces deux groupes automobiles ? Et surtout quels en sont les dangers ?

Hier, lundi, l’information a été dominée par les élections européennes et, pour la Belgique, par les élections régionales et fédérales. En revanche, pour la Bourse, la seule chose qui comptait, c’est l’annonce d’un possible mariage entre Renault et Fiat-Chrysler. D’ailleurs, les actions des deux constructeurs automobiles ont gagné 2 milliards d’euros en une seule journée. C’était la manière sympathique de la Bourse de saluer ce rapprochement entre un constructeur italien et un constructeur français.

Pour le moment, il ne s’agit que d’une intention de mariage puisque le groupe Fiat-Chrysler a proposé à Renault une fusion entre égaux. Autrement dit, une fusion dans laquelle les Français et les Italiens auraient chacun 50% de la nouvelle entité. Renault a accepté de discuter avec les Italiens, ce qui est très bon signe sur l’issue finale de cette proposition.

En réalité, les deux constructeurs automobiles ont intérêt à se marier. D’abord, parce qu’il y a une complémentarité entre les deux : Renault pourra s’ouvrir au marché américain dans lequel il est quasi absent. Quant à Fiat-Chrysler, il pourra bénéficier du savoir de Renault en matière de voitures électriques car Renault est le leader mondial en la matière. Et puis, les deux constructeurs savent qu’à l’avenir il faudra consentir à des investissements colossaux. L’industrie automobile doit faire face à des réglementations en CO2 de plus en plus draconiennes, elle doit aussi investir dans la voiture électrique et en même temps se préparer à la voiture autonome… Des experts ont calculé que cette industrie automobile devra investir l’équivalent de 250 milliards d’euros d’ici à 2025. C’est énorme ! Pour y arriver, il faut donc être plus gros et provoquer des synergies. Renault tout seul construit 3,9 millions de voitures par an ; c’est trop peu par rapport à des mastodontes comme Volkswagen ou Toyota qui produisent chacun plus de 10 millions de voitures. Or, 10 millions, c’est un peu le chiffre magique dans le secteur. Donc, si le mariage entre égaux de Renault et Fiat-Chrysler marche, il donnera naissance à un groupe qui dépassera cette barre des 10 millions de voitures. Comme Renault est associé avec Nissan et Mitsubishi, si ces deux derniers jouent aussi le jeu, alors le groupe sera le premier constructeur mondial avec plus de 16 millions de voitures par an.

Mais évidemment, cela c’est le mariage idéal, le mariage rêvé. Mais est-ce que cela sera réellement le cas? Difficile à dire… D’abord, l’histoire des mariages automobiles montre qu’il y a autant d’échecs que de réussites. Ensuite, quand deux entreprises disent qu’elles veulent un mariage entre égaux, on sait bien qu’à l’arrivée, même si Renault et Fiat-Chrysler montent dans la même voiture, il y a toujours la place du mort dans ce genre de deal. Finalement, il faudra aussi rassurer les syndicats, car les 5 milliards d’euros de synergies et par an promis par Fiat-Chrysler à Renault risquent de se traduire par des pertes d’emplois même si aujourd’hui chacun jure qu’il n’y aura pas de fermetures d’usines. Mais chacun sait aussi que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent !

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