Que se passe-t-il chez Decathlon?
Les syndicats CNE et Setca ont déposé une plainte au pénal contre Decathlon auprès de l’Auditorat du travail de Malines. Ils veulent dénoncer « les méthodes » de la chaîne de magasins de sport et « l’absence de toute concertation sociale ». La plainte vise aussi trois membres de la direction à titre personnel, la CEO, le DRH et un manager.
Le climat social se détériore chez Decathlon. Les syndicats ont engagé des poursuites judiciaires à l’encontre de la société, ainsi que de ses trois principaux dirigeants, avance La Libre et De Standaard. Cette action a été déposée ce lundi matin auprès du parquet du tribunal du travail de Malines. Les syndicats accusent Decathlon de multiples infractions sociales et judiciaires, et soulignent le rejet par l’entreprise du modèle belge de dialogue social.
La plainte des syndicats cible Decathlon Belgium NV, Louise Chekroun (PDG de Decathlon Belgium), le directeur des ressources humaines Romuald Saenen et Frederik Doto (président du comité d’entreprise), selon les informations du Standaard. Ils sont accusés d’entraver les organes d’entreprise, de violer les conventions collectives de travail et de ne pas respecter la loi Renault.
Mépris pour le dialogue social
Decathlon se présente comme une “entreprise libérée” capable de se gérer en toute indépendance, privilégiant une communication individuelle directe et minimisant l’importance des comités d’entreprise légalement requis.
Matthieu Marin, secrétaire syndical du BBTK/Setca, déclare dans De Standaard : “Bien que Decathlon emploie des milliers de travailleurs, les réunions des comités d’entreprise sont rarement prolongées au-delà de 15 minutes. Les rencontres se tiennent également via des plateformes numériques telles que Teams ou Zoom, avec la caméra des employeurs apparemment éteinte.” Erika Lambert, secrétaire du syndicat chrétien ACV Puls, ajoute : “Les personnes qui posent des questions critiques sont soudainement exclues de ces sessions numériques.”
Les syndicats critiquent depuis longtemps le mépris de Decathlon pour le dialogue social. Malgré les interventions de l’inspection sociale, des réunions de conciliation infructueuses avec le SPF Emploi et même des grèves ayant entraîné la fermeture de l’entrepôt logistique de Willebroek pendant cinq jours cette année, aucune solution n’a été trouvée.
“Ni les interventions de l’inspection sociale ni les tentatives de conciliation n’ont abouti. Le SPF Emploi n’a même pas été informé de l’absence des représentants de l’employeur. En réponse aux grèves, Decathlon a intenté des actions unilatérales devant les tribunaux, imposé des amendes et mandaté des huissiers”, explique Matthieu Marin dans le quotidien flamand.
Des peines de prison?
Concernant le transfert des activités de commerce électronique à Tilburg, les syndicats reprochent également à Decathlon de négliger les questions des représentants des employés. Ils s’inquiètent de l’avenir des employés à Willebroek, soulignant l’absence de respect de Decathlon pour la loi Renault.
L’entreprise et ses dirigeants encourent non seulement des amendes, mais aussi des peines de prison, selon Joris De Wortelaer, avocat spécialisé en droit du travail chez Bloom, interrogé par De Standaard. Cette situation, en lien avec des entraves au dialogue social depuis 2017, pourrait conduire à de telles sanctions.
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