Pourquoi l’industrie des séries TV ne connaît pas la crise

Le Mipcom, le marché international des contenus audiovisuels, s’est achevé jeudi. Encore une fois, les séries télé cartonnent auprès des chaînes. Et pour cause, elles peuvent offrir une rentabilité maximale.

NCIS, Les experts et autres Mentalist ne connaissent pas la crise. “L’industrie des séries TV se porte à merveille et continue même son expansion, assure Didier Liardet, auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur l’histoire et l’évolution des séries. Elle engrange des centaines de millions d’euros de chiffre d’affaire.”

Le marché international des contenus audiovisuels et numériques Mipcom s’est achevé jeudi. Encore une fois, il confirme le succès des feuilletons. Voici les points-clés de leur réussite.

1. Les séries accaparent l’audience

Les séries sont le pilier de l’audience française, devant les films, la téléréalité ou même le foot. En 2010, près de 70 des 100 plus grosses audiences étaient des séries TV. Chaque épisode des Experts et du Mentalist rassemble environ entre 8 millions et 10 millions de téléspectateurs. “A peine un ou deux films, ou quelques rencontres sportives, atteignent cette audience sur une année complète, décrypte Didier Liardet. Alors que chaque épisode d’une série cartonne, chaque semaine !”

Du côté de la téléréalité, l’audience est également au rendez-vous mais le niveau est encore un cran en dessous de celui des séries. Les plus grosses affiches, comme L’amour est dans le pré et Koh-Lanta réunissent entre 6 millions et 7 millions de téléspectateurs.

Les feuilletons français ne sont pas en reste. Les épisodes de Joséphine ange gardien et Julie Lescaut attirent encore entre 6 millions et 7 millions de téléspectateurs. “Le problème est que les séries françaises peinent à se développer car les cases horaires sont trustées par les américaines”, constate Didier Liardet.

A travers le monde, le succès des séries n’est pas moindre non plus. Les américaines cartonnent toujours et s’exportent (65,3 millions de téléspectateurs de plus de 100 pays pour Les Experts). Les programmes nationaux ne s’en laissent pas forcément compter, cependant. En Turquie, la série locale As Time goes by fait un tabac avec 12 millions de téléspectateurs en moyenne et s’exporte “très bien”, selon Médiamétrie, tandis qu’en Chine, la série la plus regardée rassemble 108 millions de personnes !

2. Des rentrées publicitaires colossales pour les chaînes

La publicité est la principale recette des séries TV. Selon une étude du magasine Forbes, Mon oncle Charlie, 24 et V rapportaient chacune à leur chaîne américaine, en recettes publicitaires en 2009, environ 3 millions de dollars (plus de 2 millions d’euros) pour une demi-heure de diffusion. Sachant qu’une chaîne achète un épisode à succès entre 100.000 et 200.000 euros, la rentabilité est là.

Selon le site spécialisé Yata, Les Experts auraient rapporté plus de 1,2 milliard d’euros bruts de recettes à TF1 de 2005 à 2010. Et M6 aurait touché 530 millions grâce à NCIS. “Le secteur bénéficie d’une hausse des recettes publicitaires, il se porte très bien”, assure Laurine Garaude, directrice de la division télévision pour Reedmidem, société qui organise le Mipcom.

3. TV, DVD et produits dérivés : le trio gagnant pour les producteurs

Côté studios producteurs, la rentabilité n’est pas moindre. La confection d’un épisode coûte entre 1,5 million et 4 millions de dollars. Les séries sont ensuite vendues aux chaînes du monde entier. Les Experts se sont ainsi écoulés dans plus de 100 pays.

En plus de l’argent qui leur vient des chaînes, l’industrie des séries TV est nourrie par les énormes retombées des ventes de DVD et de produits dérivés. “Le marché des produits dérivés des séries cartonne aux Etats-Unis, notamment, indique Didier Liardet. Casquettes, figurines, T-shirts, guides… Chaque série a sa panoplie. Cela fonctionne toutefois moins bien en France. Les prix sont souvent trois fois plus élevés.”

Les recettes de ventes de DVD et Blu-ray de la “fiction hors-film” reculent toutefois de 3,4 % sur un an, mais restent à 262 millions d’euros en 2010, selon l’institut GfK.

4. Internet : ami ou ennemi ?

Si les téléchargements illégaux font perdre de l’argent au secteur, l’Internet est un outil commercial de taille. Plusieurs chaînes ont déjà mis en ligne un service de vidéo à la demande permettant de visionner une série en ligne moyennant un prix d’environ 1,99 euro pour un épisode de Dr House, par exemple. TF1 vient même de s’associer à Facebook pour diffuser les épisodes de ses séries américaines 24 heures après diffusion sur la chaîne, au même tarif… mais en monnaie Facebook.

De plus, les jeux et diverses applications en ligne font bondir la réputation des séries. Avant la diffusion de Dexter, les téléspectateurs peuvent par exemple, grâce à une application Facebook, se mettre dans la peau du héros. Et la recette a pris : le jeu rassemble déjà 10 millions de fans ! “Certaines séries, comme l’américaine Jericho, ont été stoppées sur la TV puis relancées, car elles ont eu un vif succès sur l’Internet”, se rappelle Didier Liardet.

“L’essor de l’Internet, des réseaux sociaux, des nouvelles technologies, l’arrivée de l’iPad, des tablettes, des smartphones et des chaînes numériques : tout cela n’est pas une menace, estime Laurine Garaude. Cela entraînera juste un changement du secteur des contenus audiovisuels. C’est l’enjeu majeur du Mipcom 2011. Les écrans se fragmentent et les modes de consommation changent. Le téléspectateur veut non seulement être maître de ce qu’il regarde, mais de quand et d’où il regarde.”

Se dirige-t-on vers une ère où les séries seront directement diffusées sur l’Internet, sans forcément passer par la télévision ? Laurine Garaude assure que l’hypothèse est plus que crédible : “Certaines réunions du salon en évoqueront la possibilité. Des pilotes ont déjà été lancé sur l’Internet avant la TV.”

Gaétan Supertino, L’Expansion.com

Les 4 futures séries stars

L’une des grandes tendances qui se sont dessinées lors du Mipcom 2011 aura été l’alliance entre le cinéma et la TV. Pour attirer financements et téléspectateurs, les séries font de plus en plus appel aux stars du cinéma. Les quatre productions les plus attendues de la rentrée aux Etats-Unis n’échappent pas à la règle.

Touch, qui relate l’histoire d’un père qui découvre que son fils autiste est doté de pouvoirs surnaturels, prochainement diffusé sur Fox, se jouera avec Kiefer Sutherland. La star de la série 24 s’est récemment fait un nom au cinéma avec Melancholia, de Lars Von Trier, présenté en mai au festival de Cannes.

Smash, de Steven Spielberg, est une série musicale dans laquelle on suivra les difficultés des protagonistes à monter une comédie musicale sur Marilyn Monroe à Broadway. Elle sera diffusée à partir de février sur la chaîne américaine NBC, avant d’arriver sur TF1 à l’automne suivant.

L’actrice américaine Ashley Judd incarnera, dans Missing, une ancienne espionne de la CIA qui tente de retrouver son fils de 18 ans disparu à Rome. La série sera diffusée sur ABC aux Etats-Unis. M6 serait déjà en bonne voie pour l’acquérir.

Dans Hell on Wheels, où le héros est un ancien soldat de la guerre de Sécession qui cherche à se venger d’autres soldats qui ont tué sa famille, on verra jouer l’actrice Dominique McElligott.

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