“Il n’y a pas assez de possibilités pour les commerçants d’accéder au cash”
Avec la disparition progressive des distributeurs et des agences de banques, les commerçants ont de moins en moins de possibilités de retirer ou de déposer des liquidités. Les associations entrepreneuriales s’inquiètent. Quelles sont les solutions ?
Unizo, organisation flamande et bruxelloise représentant les commerçants, et BZB-Fedafin, organisation qui défend les intermédiaires en services bancaires et d’investissement, d’assurances et de crédit tirent la sonnette d’alarme : les entreprises n’ont pas assez de possibilités pour déposer ou retirer des liquidités en Belgique. Alors que le cash reste un moyen de paiement important dans notre pays.
Chiffres à l’appui, les deux organisations témoignent de la disparition des distributeurs et des guichets de banque. En 2015, il y en avait 8.727. En 2021, il n’y en avait plus que 5.407, selon la Febelfin. L’année dernière, il y en avait à 3.224 endroits (5.199 machines au total), selon la Banque de Belgique. Pour les guichets de banque, leur nombre a baissé de 80% en 30 ans, de près de 18.000 à 3.243 en 2023.
Elles indiquent aussi que les distributeurs Batopin (“Bancontact Cash”), une initiative des quatre grandes banques, et Jofico, initiative des petites banques, ne vont pas assez loin. L’accord conclu avec le gouvernement prévoit qu’il y ait au moins un distributeur par commune, et au moins un dans un rayon de deux kilomètres en ville et un par rayon de cinq kilomètres en zone rurale.
Vital pour les entreprises
“Le gouvernement a exigé de tous les entrepreneurs qu’ils acceptent les espèces depuis cette année, mais l’infrastructure de soutien fait toujours défaut. Il s’agit d’un pas en arrière dont les entrepreneurs et les clients font les frais”, explique le président d’Unizo, Danny Van Asche. “Les entrepreneurs ont besoin de ces distributeurs pour déposer de l’argent et obtenir de la monnaie, d’autant plus que le nombre d’agences bancaires diminue. Malgré les accords conclus par Febelfin avec le gouvernement fédéral pour passer à 4.000 distributeurs automatiques de billets, la pénurie persiste dans les petits noyaux commerciaux. Dans les communes fusionnées, les guichets automatiques ont disparu et il n’y en aura pas de nouveaux.”
“De plus, la majorité des distributeurs ne permettent actuellement que le retrait de billets de 20 ou 50 euros, et non de 5 ou 10 euros. Cela crée une difficulté supplémentaire pour les commerçants d’avoir suffisamment de monnaie dans leurs caisses. Enfin, il ne sera pas possible de déposer de l’argent sur tous les distributeurs”, continue-t-il. “Nous recevons également beaucoup de plaintes concernant le fait que cette opération ne peut pas être effectuée facilement et en toute sécurité dans de nombreux endroits. Auparavant, vous pouviez déposer de l’argent auprès d’un employé de banque qui le comptait et le versait sur votre compte ; aujourd’hui, vous devez trouver un distributeur automatique de billets à proximité pour pouvoir déposer de l’argent.”
Solutions ?
Unizo appelle donc à enrayer le phénomène de disparition, à prévoir des distributeurs plus qualitatifs, avec la possibilité de retirer des petites coupures et une infrastructure sûre. L’association des commerçants lance aussi l’idée de pouvoir installer un distributeur dans les magasins. Ce qui n’est aujourd’hui plus permis par la loi belge, mais existe dans d’autres pays. Les commerçants peuvent ainsi placer leurs liquidités dans cette machine, au lieu de les garder dans un coffre et devoir faire de la route pour aller les déposer, et le client peut les retirer s’il veut payer en cash. Cela ne changerait rien en termes de sécurité.
BZB-Fedafin propose encore une autre partie de solution : donner plus d’indépendance aux gestionnaires indépendants d’agences. “Les propriétaires d’agences indépendantes se voient de plus en plus souvent imposer des conditions par le siège ou sont contraints de fermer des agences locales et de déménager dans un lieu plus grand. C’est pourquoi il devrait y avoir un protocole avec un plan de dispersion et dans lequel une plus grande liberté de décision pour l’agent bancaire indépendant concernant l’expansion de sa succursale est assurée.”
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