Nvidia pulvérise les attentes: une hausse de 265% du chiffre d’affaires

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Les attentes étaient élevées et à raison. Le groupe de puces électroniques Nvidia a de nouveau battu des records. Le leader mondial des semi-conducteurs utilisés pour l’intelligence artificielle (IA), a en effet vu son chiffre d’affaires augmenter de 265% par rapport à l’année précédente pour atteindre 22 milliards de dollars entre novembre à janvier.

Inconnu du grand public il y a encore un an, le groupe de Santa Clara (Californie) fabrique des cartes graphiques, des processeurs appelés “GPU”, initialement conçus pour les besoins des jeux vidéo. Leur puissance de calcul, nécessaire au traitement de quantités massives de données, les a rendus indispensables aux développeurs de modèles d’IA générative (OpenAI, Meta, Google…) Cette technologie, qui permet de produire du texte, des images et d’autres données sur simple requête en langage courant, suscite un engouement hors norme depuis le lancement réussi de ChatGPT par OpenAI fin 2022.

De novembre à janvier, Nvidia a réalisé 22 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 12,3 milliards de bénéfice net, des résultats largement supérieurs à ses prévisions et aux attentes du marché. Le géant des puces a dégagé 12,3 milliards de dollars de bénéfice net, soit 769% de plus qu’il y a un an à la même période. Ces résultats sont largement supérieurs à ses prévisions et aux attentes du marché. Selon son patron Jensen Huang, l’entreprise profite pleinement de la forte demande d’ordinateurs plus rapides et d’applications d’IA. “La demande augmente globalement dans toutes sortes d’entreprises, de secteurs et de pays”, a-t-il expliqué dans un commentaire sur les chiffres. L’activité des centres de traitement des données, en particulier, a connu une augmentation substantielle de son chiffre d’affaires. Ce secteur est d’ailleurs devenu le principal client du groupe, avec un chiffre d’affaires trimestriel qui a quadruplé en un an à 18,4 milliards de dollars. Les 22,1 milliards de recettes trimestrielles sont 22% plus élevés que celles engrangées durant les trois mois précédents. Les marchés financiers attendaient depuis plusieurs jours les résultats trimestriels de Nvidia, avec des attentes élevées.

Les investisseurs ont semblé impressionnés, puisque les actions de Nvidia ont fortement augmenté, de 7%, dans les échanges après Bourse à Wall Street mercredi. Le géant des puces prévoit une nouvelle croissance de son chiffre d’affaires pour le trimestre en cours. Il devrait s’établir à 24 milliards de dollars, estime-t-il ainsi. Cette croissance par rapport aux trois mois précédents sera probablement un peu plus faible qu’elle ne l’est actuellement. Les prévisions sont toutefois nettement meilleures que ce que les analystes pensaient généralement possible.

A multiplié ses profits par six

En tout, sur l’ensemble de son exercice annuel qui s’est terminé à la fin janvier, le groupe de Santa Clara (Californie) a réalisé près de 61 milliards de dollars de revenus et a multiplié par six ses profits, à près de 30 milliards, d’après un communiqué de résultats publié mercredi. Nvidia, cofondée par Jensen Huang en 1993, était à l’origine un fournisseur de cartes graphiques destinées principalement aux jeux vidéo. Mais l’entreprise a connu une croissance fulgurante durant l’année écoulée après que l’on eut constaté que ses puces étaient parfaitement adaptées aux applications d’intelligence artificielle générative, qui requièrent une puissance de calcul élevée. Depuis lors, le géant technologique est également devenu l’une des sociétés boursières les plus valorisées au monde, dont les autres mastodontes que sont Amazon, Meta (maison-mère de Facebook), Microsoft et Google sont désormais les principaux clients. Ensemble, ces quatre acteurs majeurs représentent près de 40% du chiffre d’affaires car ils investissent actuellement massivement dans l’IA.

Maître incontesté

Nvidia a donc conclu en grande pompe l’année qui l’a consacré comme faiseur de rois de l’intelligence artificielle (IA), avec des revenus et profits record, portés par la forte demande pour les composants électroniques dont il est le maître incontesté. “Nvidia a permis l’émergence d’un nouvelle ère informatique, celle de l’IA générative, où les logiciels peuvent apprendre, comprendre et générer toutes sortes d’informations: du langage humain, des structures biologiques ou encore des univers en 3D”, s’est félicité Jensen Huang, fondateur de Nvidia, lors d’une conférence destinée aux analystes.

La révolution IA

“Nvidia reste le seul acteur capable de produire les GPU qui alimentent la révolution de l’IA”, a rappelé Dan Ives, analyste de Wedbush, mercredi. “La révolution de l’IA a commencé avec Nvidia et, selon nous, la fête de l’IA ne fait que commencer”. L’année 2023 a selon lui marqué “le début de la plus grande transformation technologique depuis les premiers jours de l’internet en 1995”.

Les cartes graphiques de Nvidia – comme son GPU vedette, le H100, qui vaut plusieurs dizaines de milliers de dollars pièce – alimentent les serveurs dans les centres de traitement de données spécialisés dans l’IA. Ce secteur est devenu le principal client du groupe.

Les composants de Nvidia sont essentiels à l’entraînement des modèles de langage avec des montagnes de données, et servent aussi à leur application pratique, ou “inférence”, quand un utilisateur formule une requête et que le modèle répond avec la suite logique de mots/pixels/sons/code la plus probable. “Quasiment chaque fois que vous interagissez avec ChatGPT, chaque fois que vous utilisez Midjourney (générateur d’images), chaque fois que vous générez ces incroyables vidéos avec Sora (dernier-né d’OpenAI) ou Runway, Nvidia fait de l’inférence”, a souligné Jensen Huang. “La part de l’inférence dans notre activité a connu une croissance considérable, de l’ordre de 40%”.

Ombre chinoise

La demande pour ses composants est telle que la société doit arbitrer entre ses clients, souvent concurrents. “Nous faisons de notre mieux pour allouer équitablement et éviter d’allouer inutilement” quand un centre de données n’est pas encore prêt, a expliqué le dirigeant américano-taïwanais. Il a aussi évoqué “l’IA souverain”, c’est-à-dire la volonté de nombreux pays de ne pas dépendre de modèles d’IA américains.

“Ils veulent transformer eux-mêmes leurs données, qui leur appartiennent – leur langue, leur histoire, leur culture – pour créer leur propre intelligence numérique”, a-t-il détaillé, pariant sur le développement d'”infrastructures d’IA souveraines” ailleurs qu’aux Etats-Unis, mais toujours avec des puces Nvidia. Seule ombre au tableau pour le groupe: les restrictions à l’exportation vers la Chine imposées par le gouvernement américain. “Nous avons dû marquer une pause sur ce marché, pour reconfigurer nos produits afin qu’ils ne puissent absolument pas être piratés”, a reconnu l’ingénieur. “Nos affaires en ont pâti, mais après le trimestre en cours nous espérons bien pouvoir y retourner”.

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