MoveUp: quel bilan pour l’accélération hainuyère?

Les start-up sélectionnées étaient réunies fin avril, à Mons, pour dresser le bilan de cette édition consacrée à l'e-santé. © PG

A l’aube du lancement d’une nouvelle édition du programme mis en place par Digital Attraxion, retour sur cinq années d’existence d’un concept original associant jeunes pousses et grandes entreprises.

On ne compte plus les initiatives de soutien, d’incubation ou d’accélération ni les organismes de financement wallons qui ont été créés pour soutenir les start-up à orientation numérique. Par exemple, le programme MoveUp lancé par Digital Attraxion, l’accélérateur digital de Sambrinvest, Wapinvest et IMBC, dont la cinquième édition s’est achevée récemment. L’occasion de faire le bilan d’un outil généralement peu connu du grand public.

Dans l’écosystème, MoveUp se distingue pourtant de la plupart des autres initiatives. D’abord parce que chaque année, ce programme d’accélération se concentre sur une thématique bien spécifique, comme l’e-santé, l’intelligence artificielle (IA), l’industrie 4.0 ou encore la mobilité. Mais aussi parce qu’il fait le pont entre les jeunes pousses et les grandes entreprises, les corporates de différents secteurs.

Mise en contact, accélération et prêt

Concrètement, MoveUp sélectionne chaque année quelques start-up qui, dans les domaines choisis, disposent au minimum d’un prototype et veulent le confronter au marché. Elles disposent d’un soutien de six mois, de 100.000 euros sous forme de prêt convertible et d’une mise en contact avec des grandes entreprises ou dans le cas de la thématique e-santé, des hôpitaux, par exemple. “Pour les grandes entreprises, précise Emilie Fockedey, directrice du programme MoveUp, cela doit leur permettre de développer des innovations de manière plus rapide sur des sujets qu’elles n’ont pas le temps d’explorer et pour lesquelles elles ne veulent pas nécessairement consacrer du temps et de ressources.” Les jeunes pousses, de leur côté, ont directement la possibilité de travailler avec des entreprises dans leur coeur de cible mais pas forcément toujours très accessibles ou ouvertes à ce type de collaboration.

En cinq ans, “221 dossiers ont été présentés en Comité de sélection (soit ± 12% des dossiers analysés), 166 dossiers ont été acceptés et 127 ont été “mis en force” pour un montant de 11,4 millions”, évoque Digital Attraxion. Mais pour quel résultat à l’arrivée?

“On connaît quand même assez peu de grosses scale-up sorties de ce programme, même cinq ans après, regrette ce spécialiste des start-up et de l’investissement, bien au fait de l’écosystème wallon. Par ailleurs, on peut s’étonner que certaines jeunes pousses reprises dans le programme soient déjà assez anciennes et aient même plusieurs levées de fonds, parfois loin d’être anecdotiques, à leur actif. Est-ce à dire qu’elles sont à la traîne et ne devraient donc pas figurer parmi la sélection?”

Emilie Fockedey, directrice du programme MoveUp
Emilie Fockedey, directrice du programme MoveUp© PG
De nombreux éléments très positifs et assez différents sont déjà sortis de ce programme.” – Emilie Fockedey, directrice du programme MoveUp

La jeune directrice du programme balaie néanmoins cette critique: “ces start-up plus anciennes ont soit développé un device medical, ce qui implique du temps avant de parvenir à s’imposer, soit elles veulent tester des business models différents”. Qu’un programme d’accélération accompagne ces start-up un peu plus “âgées” ferait donc sens.

L’intérêt des investisseurs

Pour Emilie Fockedey, MoveUp est de toute façon une réussite. “De nombreux éléments très positifs et assez différents sont déjà sortis de ce programme, insiste-t-elle. Quand on parle de collaboration entre start-up et corporate, plusieurs scénarios sont disponibles. Mais dans beaucoup de cas, la collaboration continue. On a même vu une entreprise comme Rossel intégrer carrément Kotplanet, l’an passé, ce qui confirme la valeur ajoutée d’une start-up pour un grand groupe. Par ailleurs, même l’arrêt de la collaboration entre une start-up et une entreprise – scénario en apparence négatif – peut se révéler très intéressant. Parce qu’il a permis par exemple de se rendre compte qu’un tel produit n’était pas applicable. Pour la start-up, cela pousse au changement de business model. Et pour l’entreprise, cela permet de tirer un constat identique sans avoir dû mettre des équipes sur le coup. Des deux côtés, c’est un gain de temps.”

On n’a pas obtenu beaucoup de détails ni de chiffres précis sur les retours de MoveUp. Mais “la moitié des start-up du programme ont, ensuite, levé des fonds pour plus de 10 millions d’euros, précise Emilie Fockedey. Ce qui correspond à un effet de levier de 3 euros par euro investi par Digital Attraxion”. Des chiffres qu’il convient toutefois de relativiser puisque, dans la liste des start-up en question, une jeune pousse de télémédecine comme MoveUp (qui porte le même nom que le programme mais c’est un hasard) a déjà levé 3,65 millions d’euros à elle seule en 2021.

Echec de l’approche internationale

Au démarrage du programme MoveUp, Digital Attraxion nourrissait l’espoir d’attirer des start-up étrangères, en vue de développer un écosystème sur certaines thématiques, d’attirer de l’innovation indisponible en Belgique et, pourquoi pas, de l’emploi. Au total, huit d’entre elles ont intégré le programme et ont bénéficié de l’approche et des fonds. L’une d’elle est même venue s’installer en Région wallonne avant de… redéménager. L’approche internationale n’a donc visiblement pas obtenu de véritable succès. A tel point qu’aujourd’hui, les responsables de MoveUp ont décidé de recentrer le programme sur les start-up belges, et même essentiellement wallonnes. C’est en ce sens qu’ils envisagent la prochaine édition dont l’appel à projet démarrera à l’automne et se concentrera, une nouvelle fois, sur la thématique de l’e-santé.

166 dossiers

ont été acceptés par le comité de sélection Digital Attraxion, sur un espace de cinq ans.

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