Clarisse Ramakers (Agoria): “Le plafond de verre, c’est un enjeu de société”

Clarisse Ramakers
Clarisse Ramakers . © JULIEN POHL-RED 22
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Peu de femmes occupent des fonctions exécutives dans les entreprises cotées. L’explication se trouve du côté de la société et de la parentalité plus que des entreprises, estime la directrice d’Agoria Wallonie.

L’entreprise sociale Jump a publié un classement des entreprises du Bel20, selon la place qu’occupent les femmes au sommet de ces sociétés. Conclusion? Les femmes sont plus représentées dans les conseils d’administration mais il n’y a pas eu d’effet d’entraînement dans les comités de direction. Qu’en pense la directrice d’Agoria Wallonie?

En 15 ans, on est passé de 8 à 39% de femmes dans les conseils d’administration des entreprises cotées. Qu’est-ce que cela change pour la vie des entreprises?

Nous amenons un autre angle de vue, ni meilleur ni moins bon que celui des hommes, mais différent. Tout comme des différences d’âge, de culture, d’expérience, voire de religion, peuvent apporter d’autres manières d’appréhender une question. Cette diversité génère des discussions et fait émerger des décisions qui seront souvent meilleures.

Il faut se garder des caricatures mais les femmes ont, je pense, une certaine faculté à faire émerger des consensus, à montrer de la souplesse. Un homme aura parfois plus tendance à aborder la discussion comme s’il allait au combat.

L’analyse de l’association Jump montre que si les femmes sont mieux représentées dans les CA, elles les président rarement (une seule présidente au Bel20) et sont peu présentes dans les comités exécutifs. D’où vient donc ce plafond de verre?

Je ne l’ai pas ressenti au sein des entreprises. J’ai toujours été très bien accueillie et sans devoir me fondre dans des carcans masculins. Pour moi, la vraie question, c’est celle de la parentalité. A un moment donné, il faut accepter de ne pas correspondre à l’image de “la maman exemplaire”. Je ne suis peut-être pas présente quand mes trois fils rentrent de l’école mais j’espère partager d’autres choses avec eux grâce à mon expérience professionnelle. On peut parfaitement être une femme accomplie, dans toutes les dimensions de sa vie, tout en ayant un boulot qui prend 80% de son temps. Mais il y a encore des stéréotypes à casser pour faire passer cela.

Quelles mesures pourraient être prises pour casser ces stéréotypes?

Nos vrais choix de carrière, nous les prenons entre 35 et 45 ans, un âge où il y a souvent de jeunes enfants à la maison. La société doit encore faire de gros efforts par rapport à la parentalité, aussi bien pour les pères que pour les mères. L’école se termine à 15h30, avez-vous envie de laisser votre petit bonhomme de quatre ans à la garderie jusque 18 h? Si vous n’avez pas un entourage disponible, c’est compliqué pour une dirigeante d’entreprise, comme c’est compliqué pour les indépendants ou les sportifs de haut niveau qui ont un boulot à côté.

Avec l’allongement des carrières, c’est de moins en moins évident de pouvoir compter sur les grands-parents. C’est tout un bouleversement de nos vies. Permettre à chacun et à chacune de pouvoir se réaliser professionnellement, c’est un véritable enjeu de société.

Lire plus de:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content