Chris Peeters d’Elia à bpost : “C’est comme s’il passait de l’Europa League au championnat belge”
D’un point de vue professionnel, le passage de Chris Peeters du Groupe Elia à bpost n’est pas une promotion, explique Daan Killemaes, économiste en chef de Trends. « Si l’on compare ça à un transfert foot, c’est comme s’il passait de l’Europa League au championnat belge. Mais en termes de défi, c’est un travail fantastique”. Voici les coulisses d’un transfert de premier plan.
Chris Peeters devient le nouveau directeur général de bpost. Cet homme de 56 ans, originaire de Zonhoven, quittera donc le 30 octobre son poste au sein du groupe Elia, où il a été directeur général pendant huit ans. Trois questions à Daan Killemaes, économiste en chef de Trends, autour du transfert de la rentrée.
Que dire de ce transfert qui marque la rentrée ?
DAAN KILLEMAES. “C’est certainement une surprise. Sur le plan professionnel, il ne s’agit pas d’une promotion, car bpost est une entreprise en difficulté. Et ce alors que Peeters a fait un travail fantastique et a fait du Groupe Elia une grande entreprise. Par ailleurs le Groupe Elia a actuellement une capitalisation boursière de 7,5 milliards alors que celle de bpost s’élève à 950 millions d’euros. Si on compare ça au foot, c’est comme s’il passait de la Ligue Européenne au championnat belge.
“Au sein du Groupe Elia, le travail n’était pas terminé. Il joue un rôle central dans la transition énergétique et climatique. Les plans d’investissement sont énormes et plus ils sont autorisés à investir, plus ils peuvent faire de bénéfices. M. Peeters a bien travaillé avec toutes les parties prenantes et était la bonne personne pour gérer la poursuite de cette croissance. Je pense qu’il était particulièrement prêt à relever un nouveau défi”.
Chris Peeters a été élu Trends Manager of the Year néerlandophone l’année dernière. La présidente de bpost, Audrey Henard, et la ministre des Entreprises publiques, Petra De Sutter, le considèrent comme l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Quels sont, selon vous, ses atouts et ses défis au sein de l’entreprise publique qui évolue en eaux troubles ?
“Chris Peeters a également travaillé de manière intensive avec le gouvernement au sein du groupe Elia. En tant que monopoleur, il opère en Belgique et en Allemagne dans un cadre étroitement réglementé. Cette expérience est un atout. Mais chez bpost, il y a une limitation importante : le gouvernement en tant qu’actionnaire majoritaire, et notamment le PS, a des exigences élevées en matière d’emploi. Cela lie les mains de la direction. La question clé est de savoir s’il sera en mesure de faire de bpost une entreprise gérée efficacement. Au sein du Groupe Elia, Peeters disposait d’une grande marge de manœuvre et d’une grande liberté pour définir les lignes et mettre certains accents. Chez bpost, cette marge de manœuvre est plus réduite”.
Quelles sont les priorités de Chris Peeters ?
“Le grand défi consiste à transformer l’entreprise. Le marché domestique belge reste le plus rentable, bien que la baisse de 10 % par an du trafic postal pose un problème structurel. La croissance du marché des colis devrait compenser cette baisse, mais elle reste insuffisante. M. Peeters devra aussi alléger l’organisation et surtout la rendre plus efficace. Quitte à se heurter au gouvernement sur ce point.
“En outre, il y a bien sûr l’héritage des contrats frauduleux. Quel en sera le coût et que donnera l’avenir ? Cet aspect est étroitement lié à la perte de confiance des investisseurs. Les résultats n’ont pas été bons pendant des années. La situation se stabilise, mais pas suffisamment pour regagner la confiance.
“Troisièmement, il y a les activités nord-américaines. La filiale de commerce électronique Radial a été acquise à un prix trop élevé, mais c’était un pari sur l’avenir. Radial fournit également des services logistiques aux entreprises. Néanmoins la forte croissance que l’entreprise a connue ces dernières années est en train de stagner suite à une surcapacité sur le marché américain. Mais, d’un autre côté, on constate que les services de logistique se développent également en Europe avec la filiale Active Ants. Le potentiel de croissance dans ce secteur est important. Mais pour cela il faut réussir son passage d’une société de courrier à acteur logistique. Cela nous mène directement à la conclusion suivante : pour quelqu’un qui cherche un nouveau défi, c’est un travail fantastique.
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