Carlos Tavares (Stellantis), l’impitoyable chasseur de coûts
Le PDG de Stellantis fait régulièrement parler de lui pour sa gestion low cost. Il ne compte pourtant pas s’arrêter là et s’attaque désormais à d’autres coûts.
Tout ce qui intéresse Carlos Tavares est d’augmenter la rentabilité et la valeur boursière de Stellantis. Seul compte le fait de tenir les objectifs annoncés aux marchés financiers. Et qu’importe si cela signifie tailler à la hache les coûts, mais aussi les effectifs. Il ne s’en cache d’ailleurs pas, l’impact sur l’emploi ne l’intéresse que peu explique le journal Le Monde dans une analyse.
Entre 2021 et 2023, les effectifs chez Stellantis ont diminué de 12 % en Europe et de 13 % aux États-Unis. En France, un accord vise à réduire de 1 300 postes supplémentaires d’ici août 2025. Des coupes qui inquiètent les syndicats et les salariés, notamment concernant la recherche et développement, mais pas seulement. Les analystes financiers signalent une fatigue croissante des équipes.
Une stratégie darwinienne
Pourtant Stellantis continue de défendre sa stratégie sans état d’âme, par une vision «darwinienne » des choses. Son patron considère que seuls les constructeurs les plus performants survivront. Il prévoit une concentration autour de cinq grands constructeurs mondiaux, dont Stellantis. Et pour y parvenir il voit deux axes : dégager une marge opérationnelle plus élevée que celle de ses concurrents et soigner ses actionnaires, pour faire monter sa valeur en Bourse, dit Le Monde.
Plus compétitif que les Chinois
C’est pourquoi seule compte l’optimisation des coûts, la performance. La rationalisation des bases technologiques et la réduction des coûts de production et d’achat sont au cœur de la stratégie. Tavares estime que Stellantis peut produire des véhicules électriques au même coût que les thermiques d’ici 2027 et veut être plus compétitif que ses rivaux chinois.
Ainsi les voitures de ses 14 marques seront conçues sur de mêmes bases technologiques (dénomées plates-formes) « multi-énergie » (hybride, hybride rechargeable ou tout-électrique). Tavares est aussi parti à la chasse aux coûts dans les usines en cherchant à réduire les prix d’assemblage et des pièces achetées aux équipementiers . Ce dernier poste représente 84 % du coût de la voiture et selon Tavares d’ici à 2028, 80 % des approvisionnements devront venir de pays à bas coût. De quoi économiser 132 milliards d’euros d’achats par an.
La seule limite est commerciale
Toujours selon Le Monde les efforts de Tavares payent : “Stellantis dépense en moyenne 905 millions d’euros pour développer un modèle là où ses principaux concurrents (Ford, Toyota, Volkswagen, BMW…) ont besoin de 2,6 milliards”.
La seule limite que Tavares reconnaît est commerciale. C’est donc uniquement sur ce point-là qu’il risque de flancher. Et c’est une possibilité puisqu’il existe des doutes sur la capacité de Stellantis à maintenir ses parts de marché et ses volumes de vente. Depuis la fusion, Stellantis a en effet perdu des parts de marché significatives aux États-Unis (de 12.6% à 8,5%) et en Europe (21,6% à 16,5%), malgré des marges plus élevées sur les modèles vendus.
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