Louis Ska (SOLAREC): “Se lamenter et ne rien faire, ce n’est pas une option”

"Grâce à nos fonds propres, nous sommes sans doute moins directement concernés que d'autres par le flou sur l'avenir énergétique ou fiscal du pays."
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

“On ne change pas de cap pendant la tempête.” Les incertitudes politiques et les coups du sort, ce n’est pas cela qui va pousser Louis Ska à revoir ses stratégies toutes les semaines

En pleine crise du Covid-19, le groupe Laiterie des Ardennes a investi 125 millions dans des projets de diversification pour construire une unité de production de mozzarella à Baudour et une autre dédiée à la commercialisation d’un beurre spécifique pour les viennoiseries à Libramont. Ces deux investissements visent à limiter l’exposition de l’entreprise (une coopérative qui réunit plus de 2.000 producteurs de lait) à la volatilité des prix du beurre et du lait en poudre. Ils ont créé une soixantaine d’emplois.

“On regarde bien sûr ce qui se prépare mais pas pour se lamenter et ne rien faire”, poursuit Louis Ska. En matière énergétique, par exemple, l’entreprise a installé des panneaux photovoltaïques et des unités de cogénération sur les deux sites et elle devrait maintenant construire une turbine gaz-vapeur à Libramont pour atteindre une quasi-autonomie en électricité. “Nous réfléchissons aussi à un projet de biotméthanisation, confie-t-il. Des experts nous assurent que, aux conditions actuelles, une telle unité pourrait être rentable en 15 ans. Mais 15 ans, en politique, je n’y crois pas. Personne ne va nous garantir la pérennité des aides sur une telle période. Il y a donc un risque. Mais de l’autre côté, il y a aussi une certitude: la tonne de CO2 nous coûtera de plus en plus cher. Or, une unité de biométhanisation nous permettrait d’éviter 20.000 tonnes sur les 44.000 émises par notre entreprise.”

La structure coopérative de la Laiterie des Ardennes s’avère un atout dans les temps très incertains que nous vivons aujourd’hui. “Nous sommes gérés comme les boîtes classiques, avec ce qu’il faut d’agilité et de lucidité, explique Louis Ska, qui a travaillé 10 ans pour une entreprise cotée avant de rejoindre la coopérative. Mais nous avons aussi d’autres outils. Nous avons ainsi pu renforcer nos fonds propres de 30 millions d’euros sur les trois dernières années. Grâce à cela, nous sommes sans doute moins directement concernés que d’autres par le flou sur l’avenir énergétique ou fiscal du pays.”

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