L’industrie technologique a perdu 10% d’activité et 21.000 emplois depuis 2008

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L’industrie technologique prévoit pour 2015 une baisse de son chiffre d’affaires de 1,5%, a annoncé jeudi lors d’une conférence de presse Agoria, la fédération du secteur.

Depuis 2008, une centaine de restructurations et fermetures ont été enregistrées. L’activité a reculé de 10% et 21.000 emplois sont passés à la trappe. L’industrie technologique a conclu 2014 sur une croissance de 0,5%, malgré un effondrement de 4% par rapport à l’année précédente au quatrième trimestre qu’Agoria impute pour la moitié aux grèves qui ont touché la Belgique. “Le coût en production des actions sociales pour notre industrie s’élève à 400 millions d’euros”, a souligné le CEO de la fédération, Marc Lambotte.

La fermeture de Ford Genk, la baisse des exportations – principalement vers les BRIC – et la baisse des prix des matériaux dans le non-ferreux ont également impacté négativement le résultat de l’industrie technologique belge au dernier trimestre de 2014.

Sur l’année entière, quelque 8.000 emplois sont passés à la trappe dans le secteur, principalement à cause de la fermeture de Ford Genk et de son impact sur les sous-traitants. De nouvelles restructurations ayant déjà été annoncées, Agoria prévoit la perte de 1.500 emplois supplémentaires en 2015.

Le résultat attendu pour cette année, soit une baisse du chiffre d’affaires de 1,5%, est lui aussi plombé par la cessation d’activité du constructeur automobile américain dans le Limbourg. Sans en tenir compte, le secteur enregistrerait une croissance de 1%, selon Agoria.

L’industrie technologique n’a jamais retrouvé son niveau d’avant la crise apparue en 2008, déplore la fédération. “C’est du jamais vu. Après les crises précédentes, nous avions renoué avec la croissance en l’espace de deux ans”, souligne Marc Lambotte. “Les investisseurs regardent notre pays d’un oeil critique, de nombreuses décisions aux retombées négatives ayant été prises au cours des dernières années.”

Les avantages de localisation qui caractérisaient la Belgique ne font plus le poids face aux désavantages, insiste le CEO d’Agoria. “Nous pouvons encore vanter notre politique en matière de recherche et développement, infrastructure et connaissances linguistiques, mais la mobilité, la flexibilité, le socio-politique et la disponibilité de main-d’oeuvre ne sont plus des atouts. Sans parler du handicap salarial, un des premiers éléments dont tiennent compte les investisseurs.”

La Belgique a été le fusible utilisé par les multinationales pour maintenir leur compétitivité, tandis que les autres pays ont rattrapé leur retard, résume Marc Lambotte.

Certains facteurs incitent néanmoins à un optimisme relatif, selon Agoria. Les exportations vers l’Allemagne, l’Europe de l’Est et les Etats-Unis se sont mieux portées en 2014, tandis que celles vers les PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne) ont le vent en poupe, se réjouit la fédération.

“Dans la défense et l’aérospatiale, les technologies de l’information et de la communication, et de la construction mécanique, une poursuite de la croissance et de nouveaux engagements sont prévus. L’année 2015 pourrait être celle de l’inversion de tendance. Grâce aux mesures gouvernementales, l’industrie technologique espère renouer avec la croissance en 2016.”

“La désindustrialisation n’est pas une fatalité”, assène M. Lambotte, constatant que des pays voisins parviennent encore à attirer des investisseurs.

La fédération estime que les premières mesures prises par le gouvernement, notamment pour résorber progressivement le handicap salarial, vont dans le bon sens. Elle appelle désormais l’exécutif à “passer à l’action” via un plan en plusieurs phases. “Une première étape a été décidée, d’autres sont nécessaires rapidement, car le temps perdu se traduit par la perte d’emplois”, conclut le CEO d’Agoria.

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