L’IBPT ouvert à des accords entre opérateurs pour le déploiement de la fibre optique
L’Institut belge des postes et des télécommunications (IBPT) est ouvert à des accords de coopération entre opérateurs dans le cadre du déploiement des réseaux de fibre optique, a-t-il fait savoir dans un avis publié jeudi soir.
Le régulateur du secteur reconnait en effet qu’une duplication des infrastructures en la matière pourrait avoir des répercussions économiques “significatives”. Cela pourrait avoir un impact sur la couverture des zones peu peuplées.
Pour le moment, il existe deux infrastructures haut débit concurrentes en Belgique: un réseau national opéré par Proximus et un réseau dit ‘HFC’ géré par les câblo-opérateurs (Telenet au nord du pays, VOO au sud).
La duplication des infrastructures de fibre jusqu’aux habitations des utilisateurs (‘Fibre to the Home’ ou FTTH) peut cependant avoir des répercussions économiques significatives, reconnait l’IBPT. Selon les résultats préliminaires d’une étude que le régulateur a menée, le déploiement parallèle de deux réseaux FTTH (celui de Proximus d’un côté et celui de Wyre, une co-entreprise entre Telenet et Fluvius de l’autre, NDLR) a en effet un impact important sur la rentabilité des investissements, en particulier dans les zones moins densément peuplées.
Un cadre pour des discussions constructives entre concurrents
Proximus a, par exemple, chiffré à 9 milliards d’euros le déploiement de son réseau de fibre partout en Belgique. En mars dernier, lors d’une audition à la Chambre, son CEO Guillaume Boutin avait regretté ne pas pouvoir coopérer avec ses concurrents. “Si je leur parle aujourd’hui, il est question de formation d’un cartel, ce qui n’est pas autorisé“, avait-il déploré. Le Français avait donc demandé au régulateur un cadre permettant des discussions constructives entre concurrents.
Dès lors, et sans préjudice de l’application du droit de la concurrence, insiste l’Institut, l’IBPT est prêt à étudier, en collaboration avec les régulateurs média (CSA, VRM et Medienrat), tout accord ou projet d’accord que les opérateurs envisageraient de conclure. Et ce indépendamment des zones géographiques concernées, c’est-à-dire limitées ou non aux zones moins densément peuplées du territoire.
Les régulateurs seront, dans ce cadre, particulièrement attentifs à ce que de tels accords soient conçus d’une manière telle qu’ils garantissent une concurrence effective et durable au bénéfice des utilisateurs finaux, préviennent-ils. Ainsi, toute infrastructure déployée en coopération devra être, et rester durablement, ouverte à tous les opérateurs et pas uniquement aux parties à la coopération, souligne l’IBPT.
Orange Belgique a réagi vendredi avec satisfaction à cette annonce mais note que la décision arrive “un peu tard”. Proximus “reconstruit un monopole de fait sur l’infrastructure dans les zones denses (et louables), ce qui limite la possibilité d’une concurrence effective dans ces zones”, pointe la filiale belge de l’opérateur français.
Pour Proximus et son CEO, la décision de l’IBPT “ouvre la voie à des discussions entre les différents opérateurs sur la manière d’apporter plus efficacement la fibre à l’ensemble de la Belgique. C’est crucial pour notre société et la compétitivité de notre économie”.