L’horloge tourne pour Thomas Cook au bord de la faillite

© Reuters

Le temps presse pour le voyagiste britannique Thomas Cook qui joue ses dernières cartes dimanche et tient un conseil d’administration décisif pour tenter d’échapper à une retentissante faillite et éviter une opération de rapatriement de 600.000 touristes.

Le pionnier des tour-opérateurs, en grande difficulté à cause de la concurrence acharnée des sites internet de voyage à bas prix et de la frilosité de touristes inquiets du Brexit notamment, doit trouver 200 millions de livres (227 millions d’euros) de financements supplémentaires pour éviter l’effondrement.

Selon une source proche du dossier, une réunion de crise du conseil d’administration avait démarré dimanche en fin d’après-midi à Londres après une autre ce matin qui rassemblait les créanciers ainsi que la direction et le Chinois Fosun. Ce dernier avait prévu de reprendre les activités de tour-opérateur de Thomas Cook.

Le patron du voyagiste, Peter Fankhauser, n’a fait aucun commentaire en sortant de la réunion avec les créanciers qui se tenait dans le cabinet d’avocats Latham & Watkins à Londres.

Lors de la publication des résultats du groupe en avril, il avait largement blâmé le Brexit qui avait plombé les comptes du voyagiste et entraîné une lourde perte, à cause notamment de clients reportant leurs vacances sans savoir où le vent allait tourner avec une sortie de l’Union européenne entourée de flou.

La chaîne Sky News indiquait dimanche que les dirigeants du tour operateur le plus vieux du monde ont demandé aux créanciers de revoir nettement à la baisse leur demande de trouver 200 millions de livres supplémentaires en plus de 900 millions qui avaient déjà été acceptés. D’après les banques du groupe, dont RBS, Barclays et Lloyds, le voyagiste ne survivrait qu’un an de plus environ sans les fonds supplémentaires.

L’affaire a pris un tournant volontiers politique d’autant que la banque RBS a elle-même été sauvée par le gouvernement à grands frais après la crise financière, et que 9.000 salariés britanniques du voyagiste voient leur emploi immédiatement menacé.

– Crise évitable –

“C’est un imbroglio qui aurait pu être évité. Les ministres doivent aller de l’avant et prendre leurs responsabilités pour venir en aide aux passagers et employés”, s’est indigné Brian Strutton, secrétaire général du syndicat de pilotes de British Airways Balpa.

Interrogé par Sky News sur une possible intervention gouvernementale, le secrétaire d’Etat à la Sécurité Brandon Lewis a jugé “inapproprié pour un secrétaire d’Etat de commenter la situation financière d’une entreprise privée”. Evoquant des “discussions au cours de la journée”, il a toutefois dit “espérer qu’elles aboutissent à une conclusion positive”.

Pour la députée travailliste Rebecca Long Bailey, responsable des questions liées aux entreprises au sein du parti d’opposition, le gouvernement doit envisager “de prendre une part du capital pour éviter cette crise”. Sinon, ce serait “une preuve supplémentaire de l’indifférence de ce gouvernement à l’égard des emplois et des entreprises britanniques”.

Thomas Cook compte près de 22.000 salariés à travers le monde et plus de 20 millions de clients par an.

Le syndicat TSSA, qui représente les salariés du tour-operateur, a pour sa part écrit samedi à la ministre conservatrice des Entreprises et de l’Industrie, Andrea Leadsom, pour l’exhorter à aider Thomas Cook: “Aucun gouvernement britannique sérieux n’entérinerait la perte de tant d’emplois”.

Sollicités par l’AFP, le département des Transports et Thomas Cook, ainsi que plusieurs créanciers du voyagiste dont la banque RBS se sont refusés à tout commentaire pour le moment.

Dans une déclaration officielle, un porte-parole de RBS a souligné que la banque avait déjà “fourni un soutien considérable à Thomas Cook pendant de nombreuses années”.

La possible faillite d’un des plus anciens voyagistes au monde serait un coup de tonnerre pour le tourisme européen. Thomas Cook devrait organiser immédiatement le rapatriement de 600.000 touristes à travers le monde, dont 150.000 Britanniques, ce qui en ferait le rapatriement de civils le plus important depuis la Seconde guerre mondiale dans le pays.

A la fois tour-opérateur et compagnie aérienne, Thomas Cook réalise environ 10 milliards de livres (11,32 milliards d’euros) de chiffre d’affaires annuel. Avant une possible annonce de faillite ou de sauvetage aux premières heures de lundi, le groupe tentait vaille que vaille de rassurer et continuait de Twitter que les vacances ou les vols se poursuivaient normalement.

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