“L’Europe doit regagner en compétitivité pour se mettre aux standards mondiaux”

Lakshmi Mittal, CEO d'ArcelorMittal © REUTERS

Pour Lakshmi Mittal, l’Europe ne sera vraiment restaurée que si des réformes structurelles sont mises en oeuvre.

L’économie mondiale repart en ordre dispersé. La crise est-elle terminée ?

La crise a commencé il y a six ans maintenant. Elle a frappé tout le monde, mais n’a pas affecté tout le monde de la même manière. Aujourd’hui, ses traces sont encore visibles. La situation reste toutefois encore variable selon les régions. Les Etats-Unis par exemple ont retrouvé le chemin d’une forte croissance. Mais, en Europe et dans les pays émergents, la situation est plus contrastée. Globalement, je suis prudemment optimiste sur la poursuite de la reprise.

Concernant l’Europe justement, quel regard portez-vous sur la situation économique ?

L’Europe est un ensemble de 28 pays difficile à considérer comme une unité homogène. Pris dans sa globalité, on y trouve des signes encourageants. La demande d’acier par exemple y est en croissance de 3 % cette année. C’est un très bon indicateur. Maintenant, certains pays se portent mieux que d’autres, en Europe du Nord surtout. La France notamment doit toujours régler un certain nombre de questions pour améliorer sa compétitivité. Les changements récents de politique économique sont encourageants de ce point de vue. Mais la France n’est pas la seule. De manière générale, l’Europe doit regagner en compétitivité pour se mettre au niveau de standards mondiaux.

La crise a-t-elle changé quelque chose à la compétitivité relative des différentes régions du monde ?

Ça ne fait aucun doute. Si je regarde les pays développés par exemple, il est clair que les Etats-Unis ont fait d’énormes progrès ces dernières années. Les prix de l’énergie ont baissé, le coût du crédit a chuté et la flexibilité du marché du travail y est toujours aussi grande. A l’inverse, en Europe, la compétitivité reste un problème à régler. L’énergie y reste chère, le marché du travail est encore très réglementé et la demande demeure faible. Résultat, l’écart de compétitivité entre les deux côtés de l’Atlantique s’est creusé. Cela pourrait poser davantage de problèmes quand le nouveau traité de libre-échange avec les Etats-Unis sera discuté. Si l’Union européenne ne se prépare pas, ses entreprises pourraient souffrir de cet accord, mais il y aura cependant des bénéfices pour les deux parties.

Il faut absolument engager une réflexion sur la place que nous voulons accorder à l’industrie dans l’économie européenne. L’Europe a été bien plus agressive en termes de politique pour lutter contre le changement climatique et il n’y a pas d’uniformité avec les pays qui importent en Europe. Ce n’est pas une critique, mais toutes les parties prenantes doivent jouer leur rôle.

Il faut bien sûr lutter contre le réchauffement climatique et réduire les émissions de C02, mais la situation actuelle ne nous permet pas d’avoir des conditions équitables au niveau mondial.

Du coup, l’industrie européenne a un handicap dans la compétition mondiale.

Retrouvez l’interview complète de Lakshmi Mittal, CEO d’ArcelorMittal, dans le magazine Trends-Tendances de cette semaine.

David Barroux et François Vidal (Les Echos)

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