Les Wallons sont à la pointe de certains secteurs
Contrairement aux clichés, les Wallons sont productifs, créent des entreprises et innovent tant et plus. Dans certains domaines, ils supportent même la comparaison avec le nord du pays. Des raisons d’espérer, même si les problèmes structurels restent criants. Tour d’horizon en neuf affirmations.
Biotech, transition verte, aéronautique, spatial, digitalisation, économie circulaire: la Wallonie a développé, avec le plan Marshall et les plans de relance successifs, des secteurs de pointe grâce à la collaboration entre les forces vives, entreprises et universités notamment. “Nous avons des secteurs qui font littéralement baver la Flandre”, résume Pierre-Frédéric Nyst. “Nous avons de nombreux leaders mondiaux, insiste Olivier de Wasseige. Nous disposons d’un écosystème important avec, notamment, la fiscalité sur les chercheurs à laquelle nous ne devons pas toucher parce que nous sommes une société de la connaissance, des centres de compétitivité, des universités…”
“On peut effectivement trouver et pointer soit des secteurs dans lesquels la Wallonie est performante, soit des entreprises qui sont à la pointe de l’innovation dans leur secteur, acquiesce David Van Den Abbeel. Mais nous sommes ici plutôt dans l’exemple et, à mon avis, moins dans la comparaison.”
Benoît Deper (CEO d’Aerospacelab): “Le ratio productivité/coût de nos ingénieurs est incroyable”
La Wallonie a livré des locomotives dans le monde entier à la glorieuse époque des Acec (Ateliers de constructions électriques de Charleroi). Pourquoi ne pourrait-elle pas livrer aujourd’hui des satellites? C’est un peu l’état d’esprit de Benoît Deper, ingénieur en robotique et fondateur d’Aerospacelab. “Les Acec, c’était les Gafa de l’époque, dit-il. Les conditions pour recréer de pareils champions n’ont pas fondamentalement changé: il faut des talents et nous en avons ; il faut investir massivement et les divers plans de relance nous en donnent les moyens.” Aerospacelab a lancé récemment la construction d’une usine à Charleroi d’où pourraient sortir quelque 500 satellites par an à partir de 2025-2026.
Aerospacelab emploie aujourd’hui 200 personnes et les effectifs devraient grimper jusqu’à 500 unités avec la nouvelle usine. “On a trop tendance à voir le côté négatif en Wallonie, poursuit Benoît Deper. On nous parle souvent du coût du travail. J’ai bossé aux Etats-Unis, aux Pays-Bas, en France et en Suisse, je peux vous assurer que nous avons en Belgique un ratio productivité-coût incroyable pour les profils d’ingénieurs. Nous avons un savoir-faire d’un excellent niveau dans les métiers techniques et d’ingénierie, avec des formations très accessibles. Dans les pays anglo-saxons, un minerval coûte facilement un ou deux ans de votre futur salaire.” Il mise par ailleurs sur l’alternance pour former ses futures équipes – “l’assemblage de satellites, il n’y a pas vraiment d’école qui vous y amène” – et espère ainsi réussir à créer une véritable culture d’entreprise, traversant toutes les catégories de personnel.
Le bémol viendrait, selon lui, d’une “certaine culture”. Benoît Deper a, par exemple, été frappé par les réactions virulentes de ces dernières semaines envers la start-up Cowboy. “C’est instructif d’un état d’esprit, dit-il. Quand une entreprise montre des signes de faiblesse, on lui tombe dessus. Cette mentalité tire tout le monde vers le bas. Comment voulez-vous créer une culture entrepreneuriale forte si vous n’acceptez pas une part de risque et d’échec?”
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