Les usines européennes de batteries pour voitures électriques en péril ?

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

L’énergie chère pose un gros problème pour la mise en place des nombreuses usines de batteries programmée en Europe. Faudra-t-il continuer à importer les batteries pour équiper les voitures électriques?

Les autos électriques vendues actuellement sont souvent équipées de batteries asiatiques. Cela risque de durer, car les projets de construction de gigafactories (d’énormes usines de batteries) sont menacés en Europe. “Sauf si nous parvenons à réduire les prix de l’énergie en Allemagne et en Europe rapidement et durablement, les investissements dans la production énergétiquement intensive de nouvelles usines de cellules de batteries en Allemagne et en Europe seront pratiquement non viables” écrit Thomas Schäfer, patron de la marque Volkswagen, sur Linkedln.

A travers l’entreprise PowerCo, le groupe VW a 6 projets d’usines de batteries en Europe prévues d’ici 2030. Une joint-venture de plus de 3 milliards d’euros a été signée avec le groupe belge Umicore.

Des projets contrariés

Pour l’heure, ce sont surtout des producteurs asiatiques qui fournissent les constructeurs européens. Les leaders du secteur sont chinois. Pour limiter la dépendance à la Chine et à la Corée, les fabricants européens d’autos ont multiplié des projets de “gigagafactories.” L’Union européenne a même soutenu le projet d’un “Airbus des batteries”, dans le cadre du Green Deal pour accélérer la transition énergétique.

Un des plus grands projets européens, Northvolt, basé en Suède, pourrait changer ses plans. Il a démarré la production en Suède, mais envisage de renoncer à sa troisième usine, prévue en Allemagne, pour l’installer aux Etats-Unis.

Le rôle du protectionnisme américain

Cette perspective s’explique à la fois par le coût actuel de l’énergie et l’Inflation Reduction Act (IRA), les mesures américaines pour encourager la production locale. Selon le Financial Times, Northvolt pourrait bénéficier de 600 à 800 millions de dollars d’aide pour la construction d’une usine aux Etats-Unis, contre 155 millions d’euros en Allemagne.

L’équivalent de la consommation de Marseille

Les projets européens d’usines de batteries sont nombreux. Tous les grands constructeurs financent des usines, comme Stellantis et Mercedes, qui sont, avec Saft, actionnaires d’ACC, qui investit 7 milliards d’euros dans 3 usines, en France, en Allemagne et en Italie.

Notre confrère français les Echos a répercuté les inquiétudes d’ACC. “La fabrication de cellules de batteries est une industrie électro-intensive : la consommation en électricité d’une usine de ce type atteint l’équivalent d’une ville comme Marseille. Au prix actuel, l’énergie représenterait environ 20 % de nos coûts de production, alors que c’était plutôt 5 % dans notre business plan initial.” ACC pourrait donc modifier ses plans d’investissements. Par ailleurs Telsa, qui a ouvert une usine d’assemblage d’autos à Berlin, a reporté son projet d’y développer une gigafactory de batteries.

Le risque est donc bien réel de maintenir la dépendance de l’Europe dans les batteries produites hors de ses frontières, principalement en Chine, où des géants comme CATL et BYD représentent près de la moitié du marché mondial. Actuellement, il n’y a aucun Européen dans le top 10 des producteurs de batteries, car la construction d’usines ne fait que commencer sur le Vieux Continent.

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