Les scieries belges à la pointe de l’innovation

La structure bois du carport © Pairi Daiza

Scidus secoue depuis six ans la filière du bois belge par son approche robotique. L’entreprise ardennaise s’emploie à réduire en copeaux quelques postulats de la production industrielle. Pour une exploitation plus raisonnée et futée de nos futaies. Tout en élaguant les parts de marché du béton et de l’acier.

Secouer l’arbre

Romain Troquet sait ce qu’il veut. “Remettre sur le métier et repenser, grâce aux technologies modernes, le modèle de production du bois imposé par l’industrialisation”, résume le boss de Scidus. Avec une double motivation. Primo, “revenir à une exploitation plus raisonnée de la forêt et un usage plus local du bois”. Secundo, supplanter dans la construction le béton et l’acier, matériaux à plus lourd impact environnemental. “Plus on utilisera de bois dans la construction, plus son carbone restera emprisonné”, plaide Romain Troquet.

38.000 emplois

La filière bois belge emploie directement 38.000 personnes, dont 18.000 en Wallonie.

Des technos et des troncs

Pour réussir ce double défi, c’est en groupe familial que Scidus avance sur le sentier de la coupe. Le bureau d’études Mobic et la société de R&D robotique Imax-Pro ont fourbi à l’entreprise les armes 4.0 pour parvenir à ses fins. Comme refermer le règne du bois équarri formaté par des lustres de production industrielle. “Vive le retour au bois rond grâce à la robotique! lance Romain Troquet. Pour revenir au bon sens ancestral mais surtout à une production du bois pauvre en déchets. Dans une scierie classique, 50% de chaque tronc part en chutes!” Autre arme: la torréfaction du bois. “Nous thermotraitons notre bois local (hêtre, frêne, peuplier) en le chauffant à plus de 160° C. Ce processus améliore ses propriétés, le rend antifongique et anti-insecte et en fait un matériau durable pour bardages, terrasses, parquets, etc.”

Forêts en danger

Scidus est un des artisans d’une prise de conscience qui percole peu à peu au sein de la filière belge du bois forte de 2.600 entreprises. De plus en plus d’acteurs pointent la schizophrénie d’une Belgique exportatrice de quasi autant de bois (80% du bois de feuillus découpés dans nos forêts) qu’elle n’en importe en provenance d’Asie et des pays de l’Est. Terroir bradé pour quelques euros, absence de relève des jeunes dans le secteur du bois, production effrénée qui épuise les forêts, monoculture intensive d’épicéas…, nos forêts (notamment wallonnes) dépérissent, également gangrénées par le scolyte. L’urgence est à repenser l’exploitation, recentrée sur une utilisation plus locale de notre bois à prélever moins mais mieux, et la régénération de ce trésor vert ancestral en favorisant la résilience de nos forêts par la plantation de massifs composés d’essences d’arbres plus variées.

Les scieries belges à la pointe de l'innovation
© Scidus

De A à Z comme zélé

Scidus, entre autres, entend montrer l’exemple sur le terrain. A côté de la confection de ses maisons clé en main placées en un jour ou de villages de vacances, la société a à son actif des chantiers prestigieux. Telle la réalisation, pour le parc animalier Pairi Daiza, des structures de support en grumes et bardages usinés du plus grand carport au monde de panneaux solaires: 6.500 m3 de bois pour 62.750 panneaux sur 104.000 m2 ( photo). Tels aussi les 4.000 m2 de terrasse de Brucity, la cité administrative en construction au coeur de Bruxelles et le parquet de sa salle du Conseil… Plus modestement, Scidus a aussi façonné grâce à sa robotique des coques en bois pour jardin ou intérieur ( petite photo) quasi irréalisables à la main. A partir d’un assemblage de bois carrés, le robot modèle, découpe et crée une coquille à la courbe accueillante.

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