Les PME belges misent de plus en plus sur les talents étrangers

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Face aux pénuries de main-d’œuvre, surtout dans l’industrie et la construction, une PME sur deux envisage aujourd’hui d’engager des profils étrangers. Pour un tiers d’entre elles, la nationalité du candidat n’a plus d’importance.

Selon la dernière étude menée par SD Worx auprès de 557 PME, environ une entreprise sur deux envisage aujourd’hui d’engager des profils étrangers pour pallier la pénurie de main-d’œuvre. Pour un tiers d’entre elles (33 %), la nationalité du candidat importe peu. Seules les compétences comptent.

Le constat est particulièrement aigu dans les secteurs de l’industrie et de la construction. « Dans ces deux secteurs, 62 % des postes vacants concernent des métiers en pénurie », souligne SD Worx. Résultat : dans 41 % des entreprises, les d’emploi restent ouvertes pendant de longs mois, sans aucun candidat en vue.

Dans ce contexte, les PME explorent toutes les pistes. Les flexi-jobs (18 %), les étudiants (15 %) et les travailleurs étrangers (13 %) composent le top 3 des solutions pour les profils d’ouvriers spécialisés, détaille l’étude de SD Worx. À l’inverse, les profils d’employés sont plutôt pourvus via des freelances (18 %), des stagiaires (15 %) ou des étudiants (13 %), avec un recours moindre à la main-d’œuvre étrangère (6 %).

Langue et simplicité administrative comme critères de choix

Les employeurs belges qui font appel à des talents étrangers privilégient nettement les ressortissants de pays voisins. Georges Verleyen, directeur PME Wallonie-Bruxelles chez SD Worx, l’explique : « On observe une préférence marquée pour les candidats venus de France, des Pays-Bas ou de Pologne. La proximité culturelle et linguistique joue un rôle, mais c’est surtout la facilité administrative qui pèse. » Le recours à un travailleur français ou néerlandais n’impose en effet aucune démarche spécifique, contrairement à un profil hors UE. « Pour un employeur, recruter un Français est tout aussi simple que de recruter un Belge », précise Valérie ‘t Serstevens, spécialiste de l’emploi international chez SD Worx.

Sortir des frontières européennes reste rare mais possible, surtout pour certains profils hautement qualifiés. La procédure est plus lourde : « L’obtention d’un permis de travail unique peut prendre plusieurs mois. Et le travailleur doit être accompagné dans toutes ses démarches administratives, de l’inscription à la commune à l’affiliation à une mutualité », explique Valérie ‘t Serstevens. Une fois cette étape franchie, le travailleur est considéré comme un salarié ordinaire. Mais l’entreprise doit s’assurer du respect strict des conditions du permis : fonction précise, salaire minimum, etc.

Une PME sur deux encore frileuse

Malgré tout, 52 % des PME belges n’envisagent toujours pas de faire appel à la main-d’œuvre étrangère. Certaines évoquent les contraintes administratives ou culturelles, d’autres privilégient encore des solutions locales,  parfois faute d’alternatives viables à l’international. Mais les mentalités évoluent. « Le critère de nationalité devient secondaire dès que la pénurie se fait sentir », souligne Georges Verleyen. « Le véritable enjeu aujourd’hui, c’est de trouver les compétences, peu importe leur origine », résume-t-il.

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