Les industries européennes dépendantes à plus de 60% du gaz et de l’électricité

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La situation très tendue du marché de l’énergie risque d’impacter les industriels, fortement dépendants du gaz et de l’électricité.

La consommation d’énergie a rarement été aussi débattue qu’à l’heure actuelle. Les pénuries de gaz et d’électricité que pourraient connaître les pays européens inquiètent les dirigeants, mais aussi les industriels.

Dernièrement, c’est le groupe agroalimentaire français Cofigeo – propriétaire des marques William Saurin, Garbit ou encore Zapetti – qui doit fermer temporairement la moitié de ses huit sites en France. La raison ? La hausse “spectaculaire” des coûts de l’énergie, et principalement du gaz et de l’électricité nécessaires à la cuisson et à la stérilisation des plats et recettes cuisinés. Des coûts qui seront multipliés par dix dès le début de l’année, précise le groupe dans un communiqué.

Mais quel est exactement le degré de dépendance des industries européennes au gaz et à l’électricité. C’est la réponse qu’a souhaité apporter l’agence de statistiques européenne Eurostat dans une étude publiée cette semaine.

Le gaz et l’électricité, les deux piliers du mix énergétique

De manière globale, en 2020, le secteur industriel représentait 26% de la consommation finale d’énergie de l’Union européenne, ce qui en fait le troisième plus gros consommateur, après les transports et les foyers. Les experts d’Eurostat soulignent que l’utilisation de l’énergie “est essentielle dans le secteur de l’industrie, principalement pour les procédés industriels, mais aussi à des fins non liées aux procédés, comme le chauffage, le refroidissement ou l’éclairage des locaux“.

Les données pour l’année 2020 montrent que l’électricité et le gaz naturel représentaient chacun près des deux tiers de la consommation finale d’énergie dans le secteur industriel de l’UE, soit respectivement 33% et 32%. A eux deux, ils constituent donc plus de la moitié du mix énergétique du secteur.

Les énergies renouvelables et les biocarburants, ainsi que le pétrole et les produits pétroliers, représentaient 10% chacun, suivis par les combustibles fossiles solides et la chaleur dérivée, tous deux avec une part de 6% dans le mix énergétique du secteur. Le traitement des déchets non renouvelables – qui consiste à récupérer l’énergie produite lors du traitement des déchets sous forme de chaleur, d’électricité ou de carburant – représentait environ 2%.

La répartition par produit énergétique montre également la dépendance du secteur vis-à-vis des combustibles fossiles. Le gaz naturel, le pétrole et les produits pétroliers, les combustibles fossiles solides et les déchets non renouvelables combinés représentaient directement plus de la moitié de la consommation d’énergie finale du secteur en 2020. C’est pourquoi la Commission européenne appelle aujourd’hui à une transformation des processus industriels pour remplacer le gaz, le pétrole et le charbon par de l’électricité renouvelable et de l’hydrogène non fossile.

L’industrie chimique et pétrochimique, la plus énergivore

Quels secteurs consomment le plus, et donc à terme, risquent de rencontrer le plus de difficultés ? Et bien les plus gros consommateurs d’énergie en Europe en 2020 étaient l’industrie chimique et pétrochimique (2 121 pétajoules (PJ), soit 22% de la consommation finale totale d’énergie dans l’industrie); l’industrie des minéraux non métalliques, c’est-à-dire le ciment, les produits en béton, en argile ou encore la chaux (1 372 PJ, soit 14%); et l’industrie du papier, de la pâte à papier et de l’imprimerie (1 326 PJ, soit 14% aussi).

Le seul autre secteur consommant plus de 10% du total est celui auquel appartient le groupe Cofigeo, celui de l’alimentation, des boissons et du tabac (1 147 PJ, soit 12% de la consommation finale totale d’énergie dans l’industrie).

Enfin, Eurostat précise que l’industrie chimique et pétrochimique est fortement dépendante du gaz naturel. Et particulièrement la filière de fabrication des produits pharmaceutiques de base et de préparations pharmaceutiques, qui représente 41% de la consommation finale totale d’énergie de la filière. Une information qui résonne dans une période où l’épidémie de Covid reprend de plus belle.

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