Les employés d’une multinationale contre la fin du télétravail : leur pétition prend de l’ampleur
WPP, l’un des plus grands groupes de communication au monde, part en guerre contre le télétravail. Son patron Mark Read demande à ce que les employés reviennent 4 jours en présentiel. Le personnel affiche son profond désaccord via une pétition en ligne qui remporte un grand succès.
La décision d’Amazon de rapatrier l’ensemble de ses équipes administratives au bureau 5 jours semaine dès ce mois de janvier fait des émules. WPP, l’une des plus grandes entreprises de publicité au monde, a récemment mis en place une politique obligeant ses employés à revenir au bureau au moins quatre jours par semaine dès le mois d’avril rapporte Media Week. Cette directive provient du PDG Mark Read et concerne les 114.000 employés à travers le monde.
L’annonce a suscité une levée de boucliers de la part des employés de la multinationale britannique. Ils font savoir leur mécontentement par le biais d’une pétition sur Change.org qui a déjà récolté plus de 15.700 signatures à l’heure d’écrire ces lignes. Elle concerne aussi les 600 employés travaillant pour WPP en Belgique au sein de son nouveau campus inauguré à Bruxelles en novembre 2023 réunissant neuf de ses agences.
« Un pas en arrière dans le soutien du bien-être des employés »
La pétition en ligne sur Change.org stipule : « Dans un monde post-COVID où de nombreuses entreprises ont adopté des modes de travail flexibles, la décision de WPP semble être un pas en arrière dans le soutien au bien-être des employés et à l’équilibre travail-vie personnelle, en s’appuyant sur des données anecdotiques qui n’existent pas ou ont été mal interprétées. »
Des effets importants sur le mental
Ses auteurs poursuivent : « Les effets mentaux et sociaux sur les employés liés à des régimes de travail aussi rigides peuvent être considérables. Par conséquent, nous appelons Mark Read et les décideurs de WPP à reconsidérer cette directive et à adopter une politique qui respecte et priorise le bien-être et les préférences de ses employés. Il est temps de se diriger vers un avenir du travail qui soit flexible, conscient, inclusif et fondé sur des preuves. » La pétition est complétée d’articles de presse mettant en avant les bénéfices du télétravail et les risques d’une fuite des talents rebutés par une organisation rigide.
Plus de stress
Des employés ayant signé le texte témoignent : “Forcer les individus à revenir au bureau lorsque le reste de leur équipe est dans d’autres bureaux ou à distance ne fait rien pour la camaraderie ou la productivité. Au contraire, cela diminue le moral, crée du ressentiment et augmente le stress en empiétant sur notre vie personnelle.” Ou encore : “Ce changement signifie plus de coûts sans augmentation de salaire, ce qui affecte négativement l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Pour plus d’heures et plus de dépenses, il est irréaliste de continuer à travailler pour cette entreprise à long terme. C’est 2025, il est temps de s’adapter aux réalités actuelles.”
Un meilleur engagement
Mark Read, le PDG de WPP, a indiqué, de son côté, dans une note interne que cette décision découle d’un meilleur investissement de la part des employés, qu’ils ont observé grâce à une plus grande présence au bureau. Les avantages incluent également, selon le PDG, des scores améliorés dans les enquêtes clients et de meilleures performances financières. “Pour toutes ces raisons, passer plus de temps ensemble est important pour nous tous, et nous apportons un changement pour que cela se produise”, a déclaré Read, cité par Media Week.
Bonus et récompenses
Dans ce contexte, une autre tendance se démarque, des sociétés encouragent le retour au bureau a coup d’avantages, de bonus ou d’incitations. Elles cherchent à renforcer la collaboration et l’innovation en favorisant le retour en présentiel, certains en offrant des récompenses et d’autres en imposant des quotas de présence, assortis dans certains cas de sanctions.
Parmi ces sociétés, Dell impose désormais une distinction entre les travailleurs 100% à distance et les travailleurs hybrides. Ces derniers, qui peuvent alterner entre le bureau et le télétravail, devront effectuer au moins 39 journées en présentiel chaque trimestre. Les employés à distance devront être reclassés comme travailleurs hybrides s’ils souhaitent évoluer dans leur carrière, car l’entreprise considère que les échanges en personne sont essentiels pour l’innovation.
La plateforme britannique Perkbox récompense les employés qui préfèrent travailler au bureau plutôt qu’à domicile. Ceux-ci reçoivent des points de récompense, qu’ils peuvent échanger contre des avantages comme des abonnements à Netflix ou des réductions dans les supermarchés. La banque Citi exige que ses employés au Royaume-Uni soient présents au bureau 3 jours par semaine, sinon leur prime annuelle sera réduite. Des dispositifs de contrôle de présence ont également été mis en place, notamment des pointeuses et des suivis de données.
Renforcer la culture d’entreprise
Lloyds Banking Group a aussi récemment renforcé sa politique de présence au bureau pour ses employés seniors, en exigeant une présence minimale de deux jours par semaine selon le New York Times. Les absences à cette exigence pourraient entraîner une réduction des primes annuelles des employés concernés.
Chez Amazon, des ajustements sont toutefois prévus en Europe dont la politique de retour au bureau ne sera pas aussi drastique qu’aux Etats-Unis. Au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, les employés pourront par exemple continuer à travailler à domicile jusqu’à deux jours par semaine, et les employés britanniques pourront officiellement demander à modifier leur lieu de travail.