Les compagnies aériennes vont-elles devoir reporter leurs objectifs de réduction d’émissions de CO2 ?

Des avions à l'aéroport de Hong Kong. Image d'illustration. (Photo by Vernon Yuen/NurPhoto via Getty Images)

Avec les retards de livraison de nouveau avions moins énergivores, notamment de chez Boeing, Air New Zealand ne peut pas remplacer sa flotte aussi vite que prévu et supprime son objectif de réduction d’émissions de CO2, fixé pour 2030. Ces retards pourraient-ils impacter tout le secteur ? Et qu’en est-il en Belgique ?

Une annonce qui pourrait créer un précédent. La compagnie néo-zélandaise Air New Zealand annonce ce mardi supprimer son objectif de réduction des émissions de CO2, fixé pour 2030. “Après mûre réflexion, Air New Zealand supprime son objectif scientifique de réduction de l’intensité carbonique pour 2030 et se retire de l’initiative Science Based Targets. ” laisse-t-elle entendre. Cet objectif, fixé en 2022, était de réduire les émissions de près de 30%, comparé au niveau de 2019.

Ce qui est intéressant, ce sont les raisons qui la poussent à cette décision. Elle pointe vers des éléments qui sont “hors de son contrôle”, comme “la disponibilité de nouveaux avions, le caractère abordable et la disponibilité de carburants alternatifs pour avions” et les politiques de soutien. Elle note plus particulièrement que les retards au renouvellement de sa flotte (avec des avions qui consomment et polluent moins), qui se sont posés ces derniers mois et semaines, risquent de rendre l’objectif inatteignable ; les anciens avions devant voler plus longtemps que prévu. Ces retards sont dus à des soucis mondiaux de production et des chaines d’approvisionnement, détaille la compagnie.

Bien que l’objectif 2030 soit supprimé, Air New Zealand travaille sur une nouvelle date et un nouvel objectif de réduction des émissions à court terme. Il doit refléter les défis actuels quant à la disponibilité des avions et du carburant alternatif. Son objectif à long terme, le net zéro en 2050, reste inchangé.

Appel d’air ?

Cette décision peut interpeller, car 2030, c’est dans cinq ans et demi. Ces quelques retards de production ont donc un impact énorme. Et il faut se demander s’ils n’ont pas les mêmes répercussions chez d’autres compagnies aériennes, qui devront elles aussi revoir leurs objectifs climatiques fixés pour 2030. Surtout que de l’autre côté, la demande des voyageurs ne cesse de croître. La fréquentation des aéroports européens a dépassé les niveaux de 2019 (année de comparaison d’avant la crise sanitaire) sur le premier semestre, annonce l’association faîtière ACI ce mercredi.

En clair, Air New Zealand attend huit Boeing 787 Dreamliner et cinq Airbus A320neo, retrace CNN. C’est chez Boeing notamment qu’il y a des retards de production, au vu de ses multiples déboires de cette année. Le constructeur a récemment revu ses objectifs de livraison d’avions pour 2024 à la baisse, pointant vers des soucis persistants sur sa chaine d’approvisionnement.

Pas en Belgique

Du côté de Brussels Airlines, où la flotte est uniquement composée d’Airbus, on nous explique qu’il y a aussi eu des retards de livraison de la part du fournisseur. “Brussels Airlines vient de recevoir son 5ème Airbus A320neo le 10 juillet dernier, qui a été livré plus tôt que prévu. Le tout premier avion A320neo flambant-neuf a été livré en novembre 2022 (avec un retard de plusieurs mois)”, commente la compagnie. Cet avion consomme 20% de kérosène en moins que la génération d’avant et transporte plus de passagers, réduisant la consommation par passager de 30%.

A côté du renouvellement de la flotte, Brussels Airlines mise aussi sur le carburant alternatif (et la capacité des voyageurs à payer plus cher pour ce carburant) et une meilleure intermodalité (remplacer certains avions par des trains à grande vitesse qui relieraient Zaventem) pour réduire les émissions. “En complément de la réduction maximale des émissions, l’aviation – secteur difficile à décarboner – a besoin de recourir à la compensation. Outre les procédures de compensation classiques, le groupe Lufthansa (maison mère de Brussels Airlines) veut utiliser à l’avenir des possibilités technologiques innovantes pour filtrer le CO2 de l’air et le stocker sous terre”, ajoute la compagnie.

Il n’y a ainsi pas de révision des objectifs climatiques (50% de CO2 en moins en 2030, par rapport à 2019, et net zéro en 2050) en vue chez Brussels Airlines et Lufthansa. “Pour atteindre ses objectifs climatiques, le groupe Lufthansa mise sur l’interaction de tous ces leviers et mesures. S’il y a des retards dans un domaine, par exemple parce que les avions modernes arrivent plus tard que prévu, cela a pour conséquence que les objectifs doivent être atteints avec une autre combinaison”, laisse-t-on savoir.

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